ParaMag - n°308 - Janvier 2013 - 49

de gagner, mais sachant qu'en plus nous allions devoir affronter les Russes et les Chinois qui sont de sérieux concurrents en championnats du monde. Finalement ce sont les Slovènes qui sont en tête, ils sont parvenus à remonter dans le classement après un début difficile. Les féminines ont tenu leur place par rapport aux objectifs fixés (NDLR : voir article "PA voltige au féminin" dans ParaMag n°306 de novembre 2012) et Déborah est allée jusqu'en finale individuelle. Malheureusement ses résultats à Dubaï ne reflètent pas son niveau sur l'ensemble de la saison où elle dominait le classement féminin de la coupe du monde. Sa contre-performance lors du 2ème saut (6 cm) lui coûte cher. Ensuite elle n'a pas lâché et elle réussit une remarquable remontée en réalisant des scores parfaits aux manches suivantes, mais ce ne fut pas suffisant. Déborah se classe quatrième au combiné, elle manque donc de peu le podium. En individuel, Ronan Henaff est tout de même parvenu à tirer son épingle du jeu au combiné... Il était le dernier Français à pouvoir accrocher une médaille et il a réussi ! Comme Déborah, il s'est battu jusqu'au bout pour accéder au podium du combiné. Il est arrivé en finale avec une certaine marge pour gagner ce combiné, mais il a marqué 3 cm sur ce dernier saut. Il accède à la deuxième marche du podium combiné individuel, il est donc vice-champion du monde dans cette discipline. C'est une médaille de plus pour la France, mais il a tout de même eu un petit pincement au cœur en faisant les calculs et en réalisant qu'il venait de passer à 1 cm de l'or ! En ce qui te concerne, la PA démarrait plutôt bien... Oui, l'équipe sortait d'un stage à Avignon où j'étais vraiment prêt, sur 20 sauts je n'avais marqué que du "binaire". Ce que j'appelle du binaire, c'est lorsque la marque ne sort pas du 0 ou du 1 cm. Je suis arrivé sur ce Mondial en sachant que ce serait ma dernière grosse compétition internationale. J'étais vraiment en confiance, je me sentais serein, à un point tel que je n'avais jamais ressenti. Car j'ai plutôt tendance à me mettre la pression et à inhiber mes capacités en début de compète. Là j'avais envie d'en profiter pleinement, d'en prendre plein les yeux et de me faire plaisir une dernière fois. J'étais dans un excellent état d'esprit et mes résultats ont démarré dans la lignée de ceux de Pujaut, à 2 cm après 4 manches et sans avoir marqué plus de 1 cm par saut.

Parfois ça marche et les juges changent d'avis. Il est aussi possible de déposer un protest, une réclamation par écrit, et c'est ce qui a été fait en accord avec l'entraîneur. Le problème c'est que le protest doit faire référence à un point du règlement, mais il n'y a aucun point du règlement concernant une défaillance du matériel. Les juges font confiance à l'électronique, et s'il y a une défaillance, les compétiteurs n'ont aucun recours. Il n'y a pas de vidéo, rien pour se défendre. Sans surprise, le protest français a été refusé. Que s'est-il passé ensuite ? Tu marques 16 cm à la manche suivante... Je voudrais être très clair là-dessus ! À aucun moment ne m'est venue l'idée de faire une contre-performance pour exprimer ma révolte. Au contraire, je n'avais qu'une seule envie, c'était de faire un carreau ou une bonne perf. D'une part, par respect pour mes co-équipiers, car il restait encore le classement de la PA d'équipe et je voulais vraiment continuer de donner le meilleur de moi-même pour mes coéquipiers français. Deuxièment ça m'aurait permis d'aller regarder la juge droit dans les yeux, bien lui faire comprendre que je ne faisais pas de faute de pied et continuer à aligner des belles perfs. Malheureusement ça ne s'est pas passé comme ça. Derrière je marque 16 cm car j'arrive par le dessus, je ne suis pas bien placé, là je le reconnais. Dans la tête, je n'étais certainement plus dans les meilleures dispositions... Reprendre la PA après ça, c'était vraiment difficile car j'ai eu le sentiment qu'on m'avait volé quelque chose. Je termine tout de même par 2 carreaux apportés au total de l'équipe. Ma révolte, j'aurais préféré l'exprimer en alignant des carreaux. D'autant que mon classement individuel comptait encore pour le combiné par nation. En voltige, tu descends en dessous de 6 secondes à partir de la 3ème manche et tu deviens pratiquement intouchable. Certains y ont vu aussi un rapport avec ce qui s'était passé en PA, qu'en est-il ? Sur les 2 premières manches, j'ai eu un peu de mal à me mettre dedans car cela faisait 15 jours que l'on n'avait pas sauté en voltige. J'ai souvent besoin de 2 ou 3 sauts avant la compétition pour me remettre dedans et là ça n'a pas été possible, il n'y a pas eu de saut d'entraînement en voltige sur le site du Mondial. Il me manquait un peu de sensations, je suis sorti un peu grand et j'ai tourné moins vite. Ce n'est qu'à partir de la 3ème manche que je suis revenu au top.

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Pour "Philou", la médaille d'or sera celle de la voltige. Photo Phoebus Communication pour la FFP

C'est à la cinquième manche que ça a basculé avec un score de 14 cm... Que s'est-il passé ? Le saut s'est bien déroulé, dans des conditions où je ne pouvais pas me planter, le vent venant de la mer sur la zone plage, en laminaire, 2 à 3 m/s pas plus. Je revois encore l'image au ralenti : je me sens bien, comme dans le harnais élastique de simulation, en position idéale. Ça se pose doucement et je sens bien le talon qui s'enfonce dans la palette, bien au centre, le saut parfait. Je suis encore assis sur la cible, lorsque je lève la tête et que je vois l'afficheur marquer 14 cm. Je fais tout de suite un signe de la main pour signifier mon désaccord. La juge en face de moi a certainement tout vu puisqu'elle elle était parfaitement placée pour voir ma pose de pied. Elle met 2 ou 3 secondes à réagir, elle semble tout aussi surprise que moi de voir un tel score sur l'écran. Je suis sorti de la cible pour laisser mes coéquipiers se poser, mais en faisant de grands signes. Étant donné la réaction de la juge, j'étais persuadé qu'elle allait m'accorder un ressaut. Mais elle s'est concertée avec les 2 autres juges qui ont annoncé "pied à plat" et elle s'est ralliée à la majorité. Je peux jurer sur ce que j'ai de plus cher au monde que mon pied était parfaitement placé, pas à plat comme les 2 juges l'ont déclaré. En tant que compétiteur, il y a des fois où tu peux douter, mais là je suis absolument certain que c'était bon. Quel recours avais-tu dans cette situation ? Il y a la manière forte qui consiste à protester ouvertement sur place.

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