ParaMag - n°311 - Avril 2013 - 46

REX

Malgré cette configuration inconfortable, je parviens
à trouver le sky tie. J’ai des gants et mon glisseur est vraiment
bien prisonnier. J’ai besoin des deux mains et d’un certain
temps pour décoller les aimants. Je sais parfaitement que je
perds sérieusement de l’altitude. Je parviens enfin à dégager
mon glisseur et je repars en chute. »

C’est la totale !
« Je vois le sol. Je suis bas. J’amène la main sur ma poignée
de réserve. Mais, ma barrette de poitrine étant largement
desserrée, mon harnais ne fait plus corps avec moi au niveau
des plastrons, et ma poignée de réserve est introuvable.
Pour ce saut, c’est vraiment la totale ! Je prends ma barrette
de poitrine et je la tire vers la droite afin de ramener ma poignée de secours en zone accessible. De la main gauche, je tire
la poignée, ma réserve s’ouvre parfaitement… Ouf !
Je me pose sur le terrain, sans problème. De retour au hangar,
je constate que mon ouvreur automatique avait déclenché,
assurément au moment où j’actionnais la poignée de secours.
Le loop de fermeture de mon conteneur de secours est
sectionné. Les informations enregistrées dans la mémoire de
l’appareil indiquent 195 mètres pour le début de la phase
d’ouverture de la voile de secours, et 104 mètres pour
l’ouverture stabilisée, c’est-à-dire l’altitude à laquelle l’inertie
de la vitesse de la chute est complètement absorbée. »

L’incident le plus grave
« Cet enchaînement d’incidents aurait pu avoir des
conséquences très graves. La collision sous voile est due
à une confusion. Pour une fois, nous étions 3 au lieu de 5.
Notre vigilance a du se relâcher un peu lors de ce saut
pourtant moins compliqué qu’à 5.
Jérôme était plus haut que tout le monde. Il engage donc une
série de 360 pour se faire descendre et sans penser que
quelqu’un était juste sous lui. On sait que les collisions sous
voile sont toujours dues à un manque de contrôle visuel.
Ce premier incident de la série montre une fois de plus qu’il
faut toujours s’assurer que personne n’est dans les parages
avant d’engager une manœuvre radicale, même si,
sans regarder, on pense que l’espace est dégagé.
Quant à la poignée de secours difficile à trouver à cause de la
barrette de poitrine desserrée, ceux qui procèdent ainsi doivent
savoir que ça peut arriver, et c’est donc une possibilité
d’incident qu’il faut avoir à l’esprit.
Mais pour ce qui est du bloqueur de glisseur, l’incident m’a
quelque peu refroidi. Les conséquences auraient pu être très
graves si je n’étais pas parvenu à dégager mon glisseur.
Je descendais vite, même en étant ainsi pendu sous voile.
Mon ouvreur automatique aurait certainement déclenché
l’ouverture de ma voile de secours. Et comme j’étais en très
mauvaise configuration sous ma voile principale qui tournait
et qui ne volait plus, ma voile de secours n’aurait pas eu toutes
les chances de s’ouvrir correctement, sans un fort risque
d’emmêlage. Aujourd’hui, il se trouve que je n’utilise
plus de bloqueur de glisseur car je n’ai plus de voile
rapide tri-cellulaire. »
Avril13:311
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Mise en garde
En 2006, le bloqueur de glisseur avait fait réagir la commission
en charge de la sécurité au sein de la fédération française de
parachutisme. A l’époque, le système était différent, avec une

Photos illustrant une simulation de l’incident raconté dans cet article.
Après la libération, les élévateurs sont désolidarisés du harnais, mais le pilote
reste pendu sous sa voile par l’intermédiaire du glisseur qui reste emprisonné
dans le bloqueur de glisseur. Dans ce cas de figure, trois éléments peuvent
nuire au «décollage» des aimants après la libération :
1) L’élasticité du bracelet qui entoure le haut du rabat cache-aiguille du
conteneur réserve pourrait absorber une partie de la traction
exercée sur le bloqueur de glisseur.
2) Si la voile est partiellement en pression, la traction sur le bloqueur de glisseur
est moins importante et les aimants se désolidariseront plus difficilement.
3) Si le pilote est «satellisé» sur le dos sous une voile dégonflée et qui tourne,
le glisseur peut être en friction au niveau des épaules, du cou ou de la tête.
Cette friction atténuera la traction sur le bloqueur de glisseur au détriment
d’un déverrouillage rapide du système.

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