ParaMag - n°316 - Septembre 2013 - 5

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Série noire
en wingsuit

Courrier
de lecteur
La «psychose de la
sangle de poitrine»
J’aimerais apporter un point de vue
sur l’article "La sangle de poitrine !"
paru dans le ParaMag de juillet
et surtout appuyer sa conclusion.
J’ai moi-même par deux fois sauté
sans sangle de poitrine, et quoi qu’on
dise sur la rareté de cet oubli,
je ne pense pas être la seule à qui ce
soit arrivé, et sans qu’il y ait eu de
conséquences, bien que le tabou
et la honte d’un tel manquement nous
empêche d’en parler.
Néanmoins, mes expériences m’y ayant
fait réfléchir, je suis régulièrement
choquée par les discussions sur ce sujet
et abasourdie que la «psychose de la
sangle de poitrine» puisse mettre
en danger un parachutiste comme
décrit dans l’article.
En effet, une fois que le parachutiste
se rend compte que sa sangle n’est pas
attachée, c’est bien là normalement que
le danger devrait être passé, et ce n’est
plus le moment de se mettre en danger !
Le danger vient du fait que le harnais
pourrait glisser le long du bras et donc
s’ôter pendant les exercices en chute,
la dérive ou l’ouverture.
A partir du moment où l'on garde les
bras levés (les coudes au-dessus des
épaules), que ce soit en chute ou
pendant l’ouverture, par quel miracle
le harnais pourrait-il glisser, choc ou pas
choc ? Il n’y a qu’à faire l’essai au sol,
le harnais ne peut pas remonter le long
des bras levés, c’est totalement impossible.

Tout ça pour dire que la sangle de
poitrine EST indispensable et son
absence PEUT entraîner la mort si on
ne s’en rend pas compte, mais une fois
qu’on s’en est rendu compte,
la psychose qui propage que «sans sangle
de poitrine on meurt presque à tous les
coups» me semble au contraire bien
dangereuse pour prendre la bonne
décision ! Le positionnement de la
sangle de poitrine est crucial,
mais faut-il pour autant maintenir une
psychose au dépend des quelquesuns qui commettront la faute et vont
paniquer en faisant n’importe quoi...?
Ne peut-on pas y réfléchir et communiquer de manière plus tempérée,
comme on le fait pour d’autres incidents
comme les évolutions sous les 2 voiles
ouvertes ?
Bien cordialement
Stéphanie.

Réponse de
la rédaction
Votre courrier corrobore avec d'autres
réactions de terrain ou postées sur
paramag.fr après que nous ayons
partagé cette "fameuse" vidéo.
Nous avons donc décidé de le publier ici
afin de tenter de prolonger le débat
et de provoquer la réflexion souhaitée.
Il sera également publié sur notre site
paramag.fr et notre page Facebook,
dans le même but. À vos commentaires !

05
Septembre13:316
paramag.fr

Même pendant le geste d’ouverture,
le bras gauche étant levé puis le bras
droit aussi, il est impossible au harnais
de s’ôter, un des 2 bras étant toujours
au-dessus de l’épaule, voire les 2.

Donc pour sauver sa peau lorsque l’on
s’aperçoit que sa sangle de poitrine est
détachée, il faut surtout garder les bras
au-dessus des épaules !
La dérive est bien sûr interdite,
et essayer d’attacher sa sangle n'est pas
forcément la meilleure option,
puisque cela oblige à avoir les coudes
baissés. Pendant l’ouverture, on garde
les bras en l’air, ou les mains aux
épaules, coudes relevés, et même en
Drakkar je n’ai jamais expérimenté
de choc qui ne le permette pas.

Cet été, cinq accidents mortels sont
survenus lors de vols de proximité en
wingsuit dans les Alpes, dont trois en
seulement une semaine. Cette activité
est frappée par une série noire, et elle
ne concerne pas que le BASE jump,
puisqu'un des accidents est survenu
durant un saut d'hélicoptère.
Et elle ne concerne pas que des
débutants imprudents, puisque parmi
les victimes se trouve Mark Sutton,
un parachutiste et BASE jumper
expérimenté qui avait notamment filmé
Gary Connery lors de sa cascade
d'atterrissage en wingsuit dans une
piste de cartons en mai 2012.
Quelques mois plus tard il était la
doublure du James Bond parachutiste,
lors de la cérémonie d'ouverture
des JO de Londres. Cette série noire ne
fait malheureusement que confirmer
l'augmentation du nombre d'accidents
observés ces dernières années.
Tandis que les médias "grand public"
s'intéressent au sujet, avec souvent des
titres accrocheurs tels que "Wingsuit,
le sport sans pitié" ou "Le sport mortel",
c'est en toute logique que les pratiquants
experts s'interrogent eux-mêmes ou
tentent de répondre du mieux qu'ils
peuvent aux journalistes. Ce fut le cas
de Fred Fugen (team Soul Flyers) qui
est intervenu en direct sur FR3 Alpes
le 19 août. "Non je ne suis pas un fou",
a-t-il répondu, "ça fait 14 ans que je
saute en BASE jump, 18 ans que je
fais du parachutisme et je ne me suis
jamais fait mal." Face aux questions
du journaliste, l'ensemble de son
intervention fut exemplaire et la vidéo
est visible ici : http://alpes.france3.fr/
2013/08/20/base-jump-en-wingsuitun-sport-praticable-en-toute-secutiteselon-fred-fugen-304501.html
RTS, (Radio Télévision Suisse), s'est
penché longuement sur le sujet du
BASE jump à Lauterbrunnen dans son
émission du 29 août intitulée "Le tourisme du frisson mortel". Elle comporte
des interventions très pertinentes de
pratiquants experts comme Géraldine
Fasnacht, Dan Vicary et Douggs Mc
Douggal. Les 26 mn de l'émission
sont visibles ici en intégralité :
http://www.rts.ch/emissions/tempspresent/societe-moeurs/5072518-letourisme-du-frisson-mortel.html
La chaîne a également ouvert un forum
"BASE jump" et lancé un sondage
"Faut-il interdire le BASE jump en
Suisse ?". En France, depuis l'année
dernière, l'association de paralpinisme
avait déjà commencé a appelé à la
prudence sur la pratique générale des
sauts de falaise. Et elle a même décidé
de lancer une campagne de prévention
dans ParaMag, que nos lecteurs ont pu
voir dans notre édition de mai
et encore ce mois-ci en page 10.
http://alpes.france3.fr/2013/08/20/base-jump-en-wingsuit-un-sport-praticable-en-toute-secutite-selon-fred-fugen-304501.html http://www.rts.ch/emissions/temps-present/societe-moeurs/5072518-le-tourisme-du-frisson-mortel.html http://www.paramag.fr http://www.paramag.fr http://www.paramag.fr
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