ParaMag - n°317 - Octobre 2013 - 56

Le vent est souvent turbulent dans les
reliefs : avec les surfaces actuelles des
combinaisons, on ressent ces turbulences
en vol, comme en avion ou en parapente.
Tant qu'on est loin du relief,
ce n'est pas grave, mais à proximité,
c'est très dangereux.
Aurais-tu un exemple précis
à nous citer ?
Oui, j'étais présent au Brévent lorsqu’un
de ces accidents mortels s'est
produit. Il faut savoir qu'au Brévent,
le vol n'est pas techniquement difficile
puisqu'on y estime la finesse globale à 1.4
pour descendre jusqu'à Chamonix.
Le départ est technique, mais ensuite le
vol vers la vallée est assez tranquille.
Le malheureux qui s'est tué vers 18 h
ce soir-là en était à son 4ème saut
de la journée et il a annoncé clairement
son intention d'aller engager la pente
en "radada", pour "clôturer
cette bonne journée".
Facteur numéro 1 : l'accessibilité d'un tel
vol par le téléphérique pousse certains
à se mettre en danger. Facteur n°2,
ce soir-là : l'aérologie. Il y avait une brise
de vallée, ce courant descendant est
notamment redouté des parapentistes.
En vol de proximité, avec les combinaisons actuelles, il faut tenir compte de
cette brise qui vient appuyer sur le dos !
Ce n'est peut-être pas la seule explication

"Je veux croire
qu'une prise
de conscience
va se faire."

Les jeux vidéos sur le thème du proximity flight ont du succès.
Certains sont très sophistiqués et affichent un graphisme très réaliste.
Mais dans la vraie vie de BASE jumper, il n'y a pas de seconde chance...

parfois à moins de 5 mètres du sol,
sans aucun dégagement possible
et pendant des durées assez longues.
Aussi incroyable que cela puisse paraître,
cette nouvelle pratique est en train de
devenir la norme ! Déjà pour les experts,
c'est une pratique à très haut risque,
avec une marge de manœuvre
EXTRÊMEMENT faible, alors pour des
pratiquants de niveau plus classique,
le danger est énorme.
Tout ça est connu, ça semble évident...
Qu'est-ce qui pousse les pratiquants
à se mettre en danger de la sorte ?
Il est bien difficile d'être affirmatif
sur les motivations possibles au cas
par cas. On peut évoquer l'effet Gopro,
YouTube et même les quelques jeux
vidéos diffusés sur ce thème.
Cette déferlante d'images peut donner
une illusion de facilité ou banaliser le
danger. Lorsqu’on analyse le nombre
de vidéos disponibles sur Internet et le
nombre de fois où elles sont visionnées,
il semble évident qu'il y a aussi un
phénomène de mode. Ce qui précède
peut expliquer les accidents
mortels chez les moins confirmés.

de cet accident, mais c'est certainement
un facteur aggravant, avec la fatigue
et l'excitation du dernier saut.

Octobre13:317
paramag.fr

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Pour les experts, l'arrivée d'un certain
professionnalisme et des sponsors,
avec de l'argent à gagner, etc., provoque
une course à l'image, une compétition
induite et certainement un effet "pousse
au crime".

Le proximity flying – ou vol de proximité revient aussi souvent dans ces
statistiques... Qu'en penses-tu ?
Au début de cette pratique en vol de
proximité, on gardait du dégagement
latéral en volant le long des falaises.
Depuis quelques années, le vol de
proximité se pratique le long des pentes,

Indéniablement, il y a aussi l'évolution des
wingsuits : certains grillent les étapes et
passent directement au modèle supérieur
en sautant de falaise et en continuant de
s'engager dans des trajectoires techniques. "Retourner" sauter d'avion n'est
pourtant pas une tare et ça aurait évité à
certains de finir par terre.

Que faut-il faire ?
Réglementer, interdire...?
Mon Dieu, non. Ce n'est pas dans l'esprit
du paralpinisme. De toute façon une interdiction serait impossible à faire respecter.
Nous avons dans les Alpes des centaines
de spots. On imagine mal un gendarme
en haut et au pied de chaque montagne.
La formation...?
Il n'existe pas aujourd'hui de formation
officielle. Cela viendra peut être (certainement ?) un jour. Au sein de l'association
de paralpinisme, nous avons plutôt choisi
d'informer ! Depuis le début de cette
vague d'accidents en 2011, l'association
a agi avec vigueur. Par exemple,
sur le site Internet, on peut trouver
des documents précis :
■ les pré-requis avant de commencer
le paralpinisme
■ la progression type du débutant
■ réflexion sur les risques liés
au paralpinisme en wingsuit.
Parmi les victimes d'accidents mortels,
si tout le monde avait étudié et surtout
appliqué ces conseils de bon sens donnés
par des gens à l'expérience incontestable,
la plupart ne seraient pas morts.
Dans certain cas, il n'y a même pas eu
d'action poignée !
Face à une accidentologie aussi grave,
penses-tu qu'informer est vraiment
suffisant ?
Non, et l'idée de réaliser cet article est
vraiment venue pour tirer, une fois de
plus, la sonnette d'alarme à deux mains !
Le but est juste de sauver des vies...
Je voudrais sensibiliser les jeunes
parachutistes (au sens de l'ancienneté
de la pratique) pour qu'ils réalisent que le
paralpinisme n'est pas forcément le
prolongement obligatoire du saut d'avion.

www.becoming.at

BASE JUMP

>

sauter même par vent fort. Je fais partie
des "vieux ringards" qui estiment qu'on ne
doit pas sauter au-dessus d'une certaine
limite de vent. Pourquoi ?
http://www.becoming.at http://www.paramag.fr
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