ParaMag - n°324 - Mai 2014 - 23

Les éducatifs d'enseignement de la
procédure de secours demandent
une grande attention et du temps.
Dernièrement, j'ai assisté à une scène qui,
à elle seule, était un condensé des dérives
dont nous sommes parfois témoins
et qui résume un peu la situation.
Lors d'une formation au premier saut,
un groupe d'une dizaine d'élèves équipés
de leur parachute était disposé en cercle
autour de leur moniteur.
Celui-ci, après avoir donné préalablement
quelques explications sur la gestuelle de
la procédure de secours, a regardé ses
élèves simuler tour à tour les actions sur
les poignées, apportant ça et là quelques
commentaires ou/et corrections.
Dix minutes plus tard (quinze tout au
plus), le cours était terminé...

Je me suis bien sûr senti dans l'obligation
de faire quelques remarques à celui-ci
qui a semblé surpris (ou feint de l'être)
que je lui «conseille» de «compléter»
sa précédente intervention avant
le premier saut de ses élèves.
Conclusion : comment peut-on imaginer
un seul instant que dans ces conditions,
les élèves soient suffisamment armés
pour restituer correctement cette action
en situation réelle ?
Même s'il s'agit là d'une anecdote
où figure un condensé de ce qu'il ne faut
pas faire, je ne suis malheureusement pas
le seul à constater épisodiquement ce
type de dérives lors de l'enseignement
de la procédure de secours. Quelles sont
les raisons qui peuvent conduire à cela ?
Elles sont sans aucun doute multiples.
Enseigner correctement la procédure
de secours demande du temps.
Dans le meilleur des cas, si l'on ne

SÉCURITÉ

Sur le plan
pédagogique

rencontre pas de problème particulier
avec les élèves et en partant du principe
que l'on enseigne la procédure en deux
périodes, le temps minimum à consacrer
à chaque élève est en moyenne de dix
minutes parfois quinze (une première
période au sol, élèves équipés simulant
les gestes afin de régler les problèmes
éventuels de coordination motrice suivi
d'une deuxième période dans un harnais
suspendu où les élèves effectueront au
moins deux fois correctement la procédure).
Pour un groupe de huit élèves cela fait
une heure vingt (voire plus). Cela demande
beaucoup d'attention et représente aussi
beaucoup de travail parfois perçu par
certains moniteurs comme répétitif,
pour ne pas dire rébarbatif.

Photo ci-contre : Une voile libérée redescend vers
le sol. Entre ces deux images, la façon dont est
effectuée la procédure est déterminante pour
revenir sain et sauf sur terre.
Photo Andrey Veseloz

Dans le contexte actuel, les moniteurs
sont souvent pressés d'emmener leurs
élèves en vol car tout le monde le sait :
le temps c'est de l'argent. Alliez cela à un
manque de conscience professionnelle
pour certains d'entre eux et vous obtenez
une formation bâclée où il n'y a pas ou
peu d'apprentissage. Cela se vérifie aussi
parfois dans d'autres parties de la formation au premier saut ou pour la conduite
des progressions.
D'autre part, même si dans la majorité des
cas l'enseignement de la procédure de
secours lors de la formation au premier
saut est bien faite, cela ne suffit pas pour
assurer une pérennité de cet apprentissage. Il est impératif d'effectuer régulièrement des exercices. Il n'y a apprentissage
que lorsque les acquis perdurent
dans le temps.

Constatations :
■ Le temps consacré par le moniteur à
l'enseignement de cette procédure n'a pas
excédé une à deux minutes par élève ;
■ à aucun moment les élèves n'ont eu la
possibilité de tirer réellement les poignées ;
■ le moniteur, pourtant «expérimenté»,
n'a pas détecté plusieurs élèves qui
réalisaient de mauvais gestes (mauvaise
préhension des poignées, pas de dévelcrotage ou de simulation de dévelcrotage
de la poignée de libération, manque de
tonicité et d'amplitude dans les actions,
précipitation entre les actions de libération
et d'ouverture du secours, mauvaise
préhension de la poignée de secours, etc.).

NON

OUI

Mai14:324
paramag.fr

Photos ci-contre : La poignée de libération doit être
saisie fermement et correctement à deux mains,
l'une venant recouvrir l'autre en renfort (photo de
droite) et non pas l'une au-dessus
de l'autre (photo de gauche). Photos Yves Devauraz

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