ParaMag - n°325 - Juin 2014 - 56

HISTORIQUE

avion en plein vol, un exercice périlleux
très à la mode avant-guerre. De plus il
totalise 350 sauts en parachute depuis
1932. Parachutiste émérite et cascadeur
vedette du Hell Divers' Flying Circus, en
tournée partout en Amérique de 1935 à
1937, il commença le "bat-wing flying"
d'abord comme un loisir, puis en fit
ensuite un business rentable. Durant sa
carrière, il réussit 108 sauts avec ses
ailes, dans des douzaines de meetings
aériens, foires et expositions.
Une centaine de sauts, cela peut
paraître peu de nos jours,
mais à l'époque c'est considérable.
Le Hell Divers' Flying Circus fut une de
ces petites compagnies de "barnstormers" fauchés qui allaient de ville en
ville avec un avion miteux, un pilote,
et surtout deux ou trois parachutistes
prêts à se tuer pour une poignée de
dollars... et pour la plus grande joie du
public. Magnifiés au cinéma dans le film
culte "The Gypsy Moths", le quotidien de
leurs aventures réelles semble plus
proche et émouvant en relisant "Pylône"
de Steinbeck, une perle de la littérature
aéronautique.

Des ailes comme
Clem Sohn
Donc dès 1935, Manus Morgan commence à sauter avec ses propres ailes,
inspirées de celles de Clem Sohn. Des
ailes blanches à trois nervures rayonnant
de ses aisselles, des perches munies de
poignées faisant office de bord d'attaque
sous ses bras, et un triangle de toile
entre les jambes. Un système tout à fait
classique à base de toile d'avion.
Morgan essaya juste d'améliorer le
concept de Clem Sohn en portant
l'envergure de ses ailes à 8 1/2 pieds,
et en utilisant des tubes d'acier
pour les perches et nervures.

Juin14:325
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Alors que les ailes de Sohn étaient attachées à sa combinaison de saut, celles
de Morgan étaient fixées sur une structure suspendue sur sa poitrine. Ce qui
fait qu'en vol il ressemblait plus à un papillon qu'à une chauve-souris, avec les
ailes inclinées vers le haut au-dessus de
son dos. Manus Morgan, qui semblait
toujours se méfier de l'eau, portait un
gilet de sauvetage sommaire, mais efficace : une simple vessie gonflable placée sur la poitrine qu'il pouvait gonfler
en soufflant dedans. Et curieusement
l'ensemble de l'équipement reçu le tampon d'approbation du Bureau de l'Air du
Département du Commerce Américain.
Avec ses ailes ouvertes, Morgan plane
vers le sol à une vitesse de 60 miles par
heure, et plonge à 120 miles par heure,

Photos ci-dessus
Atterrissage à genoux dans le vent pour Manus
Morgan en 1937, il a replié ses ailes le long de
son parachute Irvin, pour l'arrivée au sol.
En vrai professionnel, juste après son atterrissage,
Manus Morgan se relève rapidement et présente
ses ailes aux photographes.
Archives Francis Heilmann

ailes fermées. Il ouvre et referme ses
ailes à volonté, et manœuvre ses pantalons palmés pour se guider en vol.
Rapidement Manus Morgan sait voler
en cercle comme un planeur, faire un
looping, une vrille, voler sur le dos
et atterrir là où il le choisit. Au fil des
sauts, il apprend à voler mieux,
il est même capable de réduire
sa vitesse de 60 à 35 mph.

Un parachutiste
pourtant prudent
Beaucoup plus prudent que ses contemporains, Morgan ouvre haut son parachute. Avec une ouverture à 1400 pieds
(427 mètres) pour un largage à 10 000
pieds (3048 mètres), cela lui donnait 90
secondes de vol plané, confirmés officiellement par le Los Angeles Times. Ce
qui n'empêcha pas "The Human Glider",

Bibliographie 1935
Sciences et voyages - Septembre
The Junior Argus - Juin 1938
Popular Mechanics -Septembre 1939
The Spokane Daily Chronicle
Novembre 1940
The Milwaukee Sentinel - Janvier 1941

comme il aimait aussi se faire appeler,
d'avoir quelques occasions d'échapper
de justesse à une mort certaine.
Au meeting aérien de Willows en Californie,
il chuta durant 7 000 pieds (2 133 mètres)
sur le dos avant de pouvoir reprendre le
contrôle de ses ailes et les utiliser correctement pour planer. Déjà en 1935,
pendant une cascade effectuée lors de
la convention de l'American Legion à
Brainerd, Minnesota, il rentra dans une
vrille terrifiante et dut se battre durant
4 000 pieds (1 220 mètres) pour en sortir.
Puis il commença à chuter sur le dos,
position rendant impossible l'ouverture
du parachute sans qu'il s'emmêle avec
les ailes. Heureusement il se retourna
juste à temps pour planer un peu,
et enfin ouvrir sa voile en sécurité.
Le plus dramatique et le plus improbable
lui arriva près d'Ogden dans l'Utah,
à la foire du comté local.

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