ParaMag - n°335 - Avril 2015 - 49

secu_335_Couv 30/03/2015 15:44 Page 2

En examinant la vidéo en détail,
on constate que le matériel et les
techniques d'apprentissage utilisées en
Australie sont différentes de celles
préconisées par la FFP.
Tout d'abord le parachute est équipé
d'une poignée en métal pour déclencher
la voilure principale. C'est cette poignée
que l'instructeur va mettre en œuvre à
l'issue du sauvetage, ouvrant donc le parachute principal. La poignée de couleur
orange est bien visible sur les images,
elle est située à droite du harnais.
Cet équipement est doté d'un système
particulier de couplage libérationsecours, il s'agit de la poignée jaune
située à gauche du harnais.
Autre différence importante, sur ce
centre australien les parachutes école
sont équipés de deux déclencheurs de
sécurité : un sur le conteneur principal
et un autre dans le conteneur de secours.
Le déclencheur principal est bien visible
sur les images, puisqu'il est installé à
l'extérieur du conteneur, sur le côté
droit. Le déclencheur de secours est de
type AAD, comme en Europe.
Selon le moniteur australien, il ne s'agit
pas d'un sauvetage, le parachute étant
équipé d'une double sécurité, mais il se
devait d'intervenir "humainement" du
mieux possible.
L'élève s'est donc retrouvé ouvert sous
sa voile principale, il a repris conscience
avant l'atterrissage et il s'est posé en
sécurité sur la zone de saut. Il a ensuite
expliqué qu'il se savait épileptique,
mais qu'il n'avait pas subi de crise
depuis 4 ans, sans donner plus de
détails sur la façon dont il avait pu
obtenir un certificat médical.

Yves-Marie Guillaud, président du centre
de Lyon-Corbas au moment où est
survenu l'accident, juriste de métier
(avocat au barreau de Lyon) et rédacteur
bénévole pour ParaMag (rubrique
Iconoclaste) explique :
"Un jeune élève PAC s'est grièvement
blessé à l'atterrissage lors de son
premier saut effectué en octobre 2012
à Lyon-Corbas. Il s'est posé sur la
rocade A46, située à l'est du terrain.
Arrivé perpendiculairement aux voies
de circulation, il a rebondi sur le toit
d'un camion puis a impacté une voiture
circulant en sens inverse.
Le jeune parachutiste de 29 ans a été
grièvement blessé, ses jours ont été mis
en danger, mais il s'est rétabli sans
séquelles. Les occupants de la voiture
ont été légèrement blessés.

L'accident est assez incompréhensible
dans la mesure où les conditions était
parfaites : ciel dégagé, vent faible,
seul élève en vol, les exercices en chute
s'étaient déroulés parfaitement et la
première partie de la phase sous voile
également. Guidée à la radio par le
directeur technique au sol, la descente
sous voile vers le terrain (vaste de 90
hectares) avait bien débuté, jusqu'à
ce que l'élève opère une manœuvre
incompréhensible qui l'a amené sur
l'autoroute. L'hypothèse d'un malaise
a été rapidement envisagée,
mais l'enquête menée s'intéresse
principalement au déroulement du
saut et aux circonstances de l'accident.
Il s'agit de déterminer si une faute
ou un manquement est décelable
dans les conditions d'encadrement.
Tel n'a pas été le cas pour cet accident."
Du récit fait par l'accidenté, il ressort
que ce dernier se souvient de son saut
jusqu'au moment qui a suivi l'ouverture
de la voile, puis juste avant l'impact.

2013 : Accident
à Gap-Tallard

Survenu le 12 juin 2013, cet accident
mortel n'est apparu qu'en 2014
dans les statistiques fédérales car la
victime est décédée 8 mois plus tard.
Il s'agissait d'un élève PAC dont la partie
chute du saut s'était déroulée normale-

L'élève a répondu normalement aux
sollicitations jusqu'à 300 mètres,
puis il n'y a plus réagi et il s'est éloigné
de la zone de posé par un léger virage,
avec une accélération du mouvement.
Il n'y a pas eu de freinage au moment
du posé, mais l'impact observé n'a pas
été très violent. Le directeur de séance
s'est rendu sur place, accompagné d'un
autre pratiquant parachutiste, médecin
urgentiste de profession.
L'élève pesait 92 kilos pour 1m85,
malgré son fort gabarit, il n'avait pas de
fracture. Mais il était inconscient
et donnait des signes qui n'ont pas
échappé au médecin : les yeux révulsés,
les mains refermées et les poignets
retournés. Il a été évacué dans le coma
et souffrait également d'hémorragies
internes. Il est décédé de ses blessures
et complications médicales,
le 4 février 2014.
Ces deux exemples d'accident montrent
qu'en parachutisme un simple malaise
peut avoir des conséquences plus ou
moins graves, voir mortelles. ParaMag
s'est donc rapproché de la commission
médicale de la FFP pour approfondir la
question.

+ LIENS WEB
La vidéo du jeune parachutiste australien qui
perd connaissance en chute libre et qui est
rattrapé par son moniteur : un buzz de plus
de 15 millions de vues sur YouTube !
https://youtu.be/55QUQHm2B5A
L'article de l'Express avec la réponse
de la DTN
http://www.lexpress.fr/actualite/sport/video-unparachutiste-perd-connaissance-en-france-iln-aurait-pas-pu-sauter_1657055.html
Une autre réponse de la DTN sur i télé
https://youtu.be/mfwBsp7cfAw
L'interview (en anglais) du parachutiste australien et de son moniteur, sur ABC, un média
australien
http://www.abc.net.au/news/2015-03-02/
skydiver-saved-after-passing-out-duringdive/6273694

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Avril15:335
paramag.fr

C'est bien là tout le fond du problème :
comment évaluer le risque potentiel de
malaise en vol ? En consultant les statistiques d'accidentologie en France, on
constate que le risque est bien là : plusieurs accidents graves ou mortels sont

2012 :
Accident à Corbas

ment. La descente sous voile était assistée d'un guidage radio par un moniteur.

SÉCURITÉ

Jean-Michel Poulet explique que ce
genre d'incident est très rare, qu'en
France les antécédents médicaux de
Christopher Jones ne lui auraient pas
permis d'obtenir un certificat de noncontre-indication, que le moniteur a fait
des erreurs et que le risque de blessure
est faible, même en cas de perte de
connaissance jusqu'à l'atterrissage.

survenus durant ces dernières années.
Les circonstances font que ces accidents passent plus ou moins inaperçus,
en tous les cas beaucoup plus que cette
vidéo du parachutiste australien. Nous
présentons deux exemples ci-dessous.

Interrogée par les journalistes "grand
public", la direction technique de la FFP
se veut rassurante en commentant ces
images, et c'est bien normal. Statistiques
et détails techniques à l'appui,

http://www.lexpress.fr/actualite/sport/video-un-parachutiste-perd-connaissance-en-france-il-n-aurait-pas-pu-sauter_1657055.html http://www.abc.net.au/news/2015-03-02/skydiver-saved-after-passing-out-duringdive/6273694

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