ParaMag - n°337 - Juin 2015 - 54

FLASH-BACK

Par Bruno Passe

L'ALTISON,
UNE INVENTION FRANÇAISE
Il y a bien longtemps que les avertisseurs sonores sont apparus sur le marché parachutiste
international. Le premier modèle est sans doute "l'Altison" (un nom génial qui laissera son empreinte !) fabriqué en France par Socrat et commercialisé par Parachutes de France, en 1976.
D'autres modèles ont ensuite été créés, au fil des améliorations technologiques,
et le chemin a été long avant d'en arriver aux petites merveilles miniatures actuelles,
dont certaines proposent un vaste choix d'alarmes, en chute et sous voile,
et de gestion d'informations.

En 1998, autant dire à la fin du siècle
dernier, le regretté Guy Sauvage racontait
ainsi dans ParaMag la naissance de
l'Altison, le premier altimètre sonore
apparu sur le marché parachutiste.

La naissance
du concept
"Dans les seventies, le vol relatif était en
pleine explosion, et la recherche de la
performance a induit le renforcement
de la notion de sécurité. On a commencé
par fixer un alti sur le devant du casque
d'un équipier au moins, bien en vue de
celui qui était chargé du signal
de séparation.
Et puis comme les grandes idées ont
toujours plusieurs lieux de naissance,
vers 1975, l'idée d'un avertisseur sonore
a germé dans l'air du Temps, et en particulier dans la cervelle toujours bouillonnante
de Charly Baum, leader d'Icarius,
l'équipe de France de vol relatif.
Icarius n'était pas seulement une grande
équipe, mais aussi une association dont
Bernard Colas était le président, et dont la
vocation statutaire était la promotion du vol
relatif. Cette démarche rentrait donc bien
dans les cordes du club. L'idée a été
déposée entre les mains de Jean Ratat,
un «vieux» parachutiste, qui travaillait alors
à la Socrat, une firme hautement spécialisée dans l'avionique sophistiquée
(sous-traitant de Dassault), donc... chère.
Un proto est alors né, et il fonctionnait très
bien. C'était un cube métallique de 8 cm
de côté, assez lourd, que Charly a testé
durant toute une saison, fixé à sa ceinture
ventrale (oui, on avait parfois une ceinture
ventrale à l'époque! ). Et puis il a fallu
fabriquer. La société Parachutes de
France, qui n'avait alors que deux ou trois
ans d'existence, s'était dès le début intéressée à l'élaboration du produit.

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J'étais présent lorsque Dominique Marcu
a dit aux gens de la Socrat que le produit
ne devait pas coûter plus de 500 francs à
la vente. Ils ont failli tomber de leur chaise !
Mais finalement, grâce au travail de Ratat,
le produit est sorti et je l'ai appelé

Avant l'invention de l'altison, les relativeurs avaient développé certaines techniques pour lutter
contre la perte de notion du temps et de la hauteur. Patrick Pommier, de l'équipe Gybis,
a ainsi fixé un altimètre sur le devant de son casque, bien en vue de ses coéquipiers.

«Altison». Il avait une précision correcte,
celle d'un alti de moyenne gamme,
mais son encombrement était gênant,
surtout celui du vibreur, assez épais,
et impossible à loger sous un casque cuir.
Il fallait le coudre à l'extérieur.
Et puis il fallait connecter le câble du
vibreur à celui de l'unité centrale logée
sous la combinaison, tout cela était
un peu compliqué.
Pour contourner le problème, certains,
dont Charly, fixaient carrément l'unité
centrale à l'extérieur de leur chapka.
L'idée française a fait son chemin,
et dans la foulée la firme américaine SSE
(Steve Snyder Entreprise, maison-mère de
Para-Flite) a enfanté le Paralert, plus commode d'emploi. Mais l'Altison a été
le premier et il a connu un certain succès.
Je me rappelle d'un coup de téléphone de
Léo Dickinson qui voulait en acheter deux,
le premier pour lui, le second pour le pilote

Guy Sauvage porte un Altison équipé "façon" Charly,
avec l'unité centrale fixée à l'extérieur de la chapka.
Photo Michel Pissotte

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