ParaMag - n°344 - Janvier 2016 - 54

HISTORIQUE

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L'idée est un peu saugrenue,
mais pourquoi pas ? Et les journalistes
marchent dans la combine. Niles en profite
pour leur confier qu'il s'agit aussi d'un
entraînement pour son futur saut à
l'Empire State Building de New York.
Puis il escalade avec difficulté le grillage
de protection, installe sa corde de 5
mètres, et se laisse descendre sous la
balustrade. Pendu dans le vide,
il déploie son parachute ventral
et attend qu'il se gonfle un peu en se
déportant de côté. C'est seulement à ce
moment-là que Niles pourra lâcher la
corde et tomber à côté de la voilure.

Photo ci-contre :
Le 14 février 1950, jour de la Saint-Valentin,
Robert Niles descend le long d'une corde de
5 mètres accrochée au Suicide Bridge de
Pasadena, pour un saut en parachute de
150 pieds (45 mètres) dédié aux amoureux
qui s'y sont suicidés !
Archives Francis Heilmann

Mais rien n'y fait, la toile pend mollement
sous lui, il n'y a pas un souffle de vent.
La situation devient critique, Niles tente
de secouer le parachute en tirant sur les
suspentes avec les pieds, et s'épuise sans
résultat durant une dizaine de minutes.
Sentant qu'il ne va pas pouvoir tenir la
corde plus longtemps, il crie qu'il fatigue,
et demande de l'aide. Ses amis se
précipitent, mais trop tard. Niles vient de
lâcher prise et s'écrase en hurlant sur
les rochers en contrebas.
Avec une telle technique de saut sans
retour possible et dépendant uniquement
de la bonne volonté du vent, ce qui était
à craindre est arrivé. Une fois la corde
lâchée, Niles accroche en chute le bord
de la coupole, et tombe emmêlé dans son
parachute en torche jusqu'au sol.
Blessures internes, fractures de la colonne
vertébrale, du bassin, d'un poignet
et de la jambe gauche, Niles est très
sérieusement blessé mais miraculeusement vivant. Son casque de football
américain lui a épargné une fracture
du crâne qui aurait été fatale.

Photo ci-dessus :
Après avoir ouvert son conteneur ventral et laissé
descendre le parachute, Robert Niles se retient
d'une main à la corde et essaie désespérément de
gonfler son parachute alors qu'il n'y a pas de vent.
Seul l'extracteur se balance à peine ouvert.
Archives Francis Heilmann

Sans vent, la technique moderne du Roll
Over aurait-elle sauvé Niles à Pasadena ?
Non, parce que le pont choisi était trop
bas. Avec une voilure ronde pendue
à l'envers, des suspentes de 6 mètres,
et le fait que la voile descend de quelques
mètres lors du salto avant du parachutiste
en chute libre, la coupole se trouve encore
dégonflée et en position inversée
à la mise en tension des suspentes,
tandis que parachutiste est encore
en chute sur le dos et à moins de quinze
mètres du sol !
Niles aurait impacté le sol bien avant que
sa voile classique n'ait eu le temps de se
retourner et s'ouvrir correctement.

Janvier16:344
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Dans les années 30, la française Edith
Clark et Paul Peuillot établissent les
records de saut à basse hauteur à 17,50
mètres, à partir d'une plateforme installée
au Cirque d'Hiver puis au Palais des
Sports, à Paris. Mais ces records ont été
réussis avec des parachutes Blanquier
spécialement conçus pour s'ouvrir en
8 mètres seulement, se déployant dans
le bon sens et dotés d'un suspentage
ultra-court.

Photo ci-dessus :
Niles s'épuise et appelle à l'aide, alors que son
parachute pend mollement sous lui.
Ses amis se précipitent pour l'aider...
Archives Francis Heilmann
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