ParaMag - n°345 - Février 2016 - 42

BASE JUMP

de twists ou de line over car le cône
de suspentes est pratiquement deux fois
plus grand que sur un parachute.
Le parachute est plus «ramassé»,
moins sensible aux conditions
aérologiques et à l'environnement
du terrain.
C'était tout de même très marginal
comme pratique. Comment s'est-elle
développée ?
La vidéo Acro BASE 2003 a été un gros
succès dans le monde du parapente,
et on y voit du du roll-over de falaise
et de montgolfière. C'était la première fois
qu'on montrait ce genre d'images en
vidéo et ça a vraiment boosté le roll-over.
Mais la pratique est à la croisée
du BASE et du parapente.
Suite à la vidéo, il y a eu de la demande
chez les parapentistes. Ceux qui n'étaient
pas BASE jumpers voulaient d'abord
s'entraîner de ballon, se croyant plus en
sécurité. Mais il y a tout de même un
risque car le ballon doit être parfaitement
stationnaire, et surtout à l'horizontale.
Il faut vraiment que le pilote assure,
car il a une grande responsabilité.
J'ai fait mes premiers largages parapente et
roll-over de ballon avec les célèbres pilotes
Roger Fugier et Jo Roulet. Roger est celui
qui a largué Franck Picard avec son
deltaplane pendu sous sa montgolfière.
Il m'avait confirmé à l'époque que j'étais le
premier à faire ça depuis une montgolfière.
Finalement, je pense que la falaise est
moins impressionnante, car c'est un bon
repère par rapport à la montgolfière où on a
l'impression d'être perdu dans l'immensité !
Peut-on vraiment voir un rapprochement
entre le roll-over et la méthode de l'américain Robert Niles, dans les années 50,
qui sautait en laissant pendre son
parachute hémisphérique ouvert sous lui ?
Sur un plan technique, il est clair que le
roll-over comporte deux différences essentielles avec la méthode de Robert Niles :
un roll-over ne peut se faire que par vent
nul, contrairement à l'autre méthode qui
exige un vent suffisamment fort pour gonfler la voile hémisphérique. Robert Niles l'a
appris à ses dépens, démontrant que ce
qui est vraiment similaire, en revanche,
c'est le risque d'accrochage et d'emmêlage
dans la voile, avec le phénomène d'enveloppement qu'il a subi en 1950 !
D'autre part le roll over n'est pas une technique qui permet de sauter particulièrement bas. L'ouverture est très rapide,
mais il y a un tout de même un phénomène
d'abaissement puisque le corps et la voile
chutent pendant un certain temps,
avant la mise en pression.

Février16:345
paramag.fr

Le danger, c'est que certains pensent pouvoir sauter très bas avec cette méthode,
parce qu'ils ont une petite voile, parachute
ou mini-voile, mais c'est faux.
Il y a un facteur perte de hauteur qui est
proportionnel à la taille de la voile : logiquement l'abaissement minimum est de deux

fois la longueur des suspentes.
Avec une voile possédant un cône de suspentage de 9 mètres, par exemple, il y aura
déjà un abaissement minimum de 18 mètres, plus la perte de hauteur pendant la
chute.
Dans certains cas, il m'est arrivé de temporiser la voile avec le glisseur en haut (voir
photo décomposée de Laurent Bouvet).
L'idée était de faire fuser l'ouverture pour
chuter un peu car avec le glisseur bas,
c'est quasi immédiat.
Toujours en rapprochement avec la méthode de l'américain Robert Niles, est-ce
que tu penses que le roll-over aurait fonctionné avec une voile hémisphérique ?
Je pense que oui, mais à condition qu'il y
ait suffisamment de hauteur. Robert Niles
sautait trop bas pour que ça puisse fonctionner en roll-over.
Je suis persuadé que cette technique est
valable avec de nombreux type de voiles,
que ce soient des parachutes, des minivoiles et la plupart des parapentes,
en dehors des modèles de compétition.
Ensuite, il ne faut pas oublier que ça demande une bonne expérience de la voile
utilisée, que ce soit pour l'ouverture ou
pour gérer la phase de mise en vol durant
laquelle il faudra piloter car la voile peut
avoir des réactions extrêmes. Par exemple,
un BASE jumper a plutôt intérêt à prendre
sa voile habituelle et vice versa avec
un parapentiste.
Cet article n'a pas vocation à être un
manuel du roll-over, mais peux-tu nous
décrire la technique de saut ?
Ça paraît facile, mais ça demande une
grosse préparation. C'est assez simple,
ce qui ne veut pas dire que ce n'est pas
dangereux.

la question à Fred Fugen, en bon Soul
Flyer, il répondrait : «Ça sert à kiffer ! »
Et toi tu réponds quoi ? Tu totalises
combien de roll-over ?
J'ai fait environ 30 roll-over dans diverses
configurations. C'est vraiment le trip de
faire un salto de falaise ou de pont,
de goûter à une sensation différente de
celle d'un départ de BASE, que ce soit
extracteur rangé ou à la main. C'est un peu
comme un saut de nuit, tu ne fais pas ça
tout le temps, mais de temps en temps,
c'est tripant. Et puis il n'y a pas à plier...
J'utilise parfois une autre méthode de
saut, où il n'y a pas à plier !
De quelle méthode s'agit-il ?
C'est une méthode que j'utilise avec des
mini-voiles et lorsque je ne peux pas faire
autrement, que je me retrouve sur un spot
où il n'y a pas de place pour étendre toute
la voile. La préparation est assez simple
et elle peut se faire sur une zone dégagée
du départ. Il s'agit de ranger la voile en
«bouchon» : elle est étalée par terre,
prête à prendre l'air, comme pour un décollage en parapente. Je ramène la voile vers
moi en lovant les suspentes, comme on
love une corde. Je me retrouve alors avec
tout le paquet de tissu et de suspentes,
que je tiens avec un bras. C'est une
méthode inspirée du pliage sommaire des
parapentes et des mini-voiles, les pilotes
l'utilisent pour ranger rapidement leur voile
après l'atterrissage avant de la mettre dans
un sac. Ensuite la voile est prête à être
directement étalée et mise en pression
pour le décollage suivant.
Pour sauter, je garde la voile à la main
et je pars directement avec.
C'est une méthode similaire à celle qu'utilisent certains BASE jumpers (N.d.l.r. : voir
double page suivante «Les sauts dépliés»),
mais ceci est une autre histoire... ■

Pour la mise en place de la voile, chacun a
sa méthode, il faut qu'elle soit prête à
prendre l'air et que les suspentes soient
bien «peignées».
Pour le départ, c'est un mouvement de
gymnaste, et s'il est mal exécuté, parfois
ça passe tout près de la catastrophe.
Il faut faire un looping avant au-dessus de
la voile, surtout sans se précipiter car il faut
donner une bonne impulsion et regarder
juste vers le bas, à 45°. Et la rotation se fait
d'elle-même, il ne faut pas trop chercher à
la provoquer. L'erreur est de ne pas donner
assez d'impulsion et de privilégier le mouvement de rotation. Le corps se retrouve
tête en bas à la verticale de la voile, il n'y a
plus de vitesse horizontale et le risque de
tomber dans la voile est grand. Il n'y a pas
d'accident mortel connu mais quelques
grosses frayeurs.
Depuis une falaise, il faut tout de même
qu'il y ait un minimum de dévers ?
Oui, mais ça passe aussi sur certaines
verticales, avec une bonne impulsion.
Le roll-over, ça sert à quoi... ? Si on posait

BONUS INTERNET

Vue embarquée d'un roll-over depuis un pont,
par Guy de Rochefort.

Avertissement
Cet article n'est pas une méthode pour
débuter en roll-over ! N'essayez pas ça
tout seul à la maison...

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