ParaMag - n°347 - Avril 2016 - 19

Il en va de même du reproche fait d'une
trop grande complexité des brevets et du
cursus de formation qui est vécu comme
un handicap et donc un frein à l'expansion des entreprises dans un environnement mondialisé. C'est oublier un peu
vite que cette réglementation de plus en
plus complexe n'est pas la volonté
délibérée d'on ne sait qui de complexifier la pratique. Elle répond à chaque
fois à une nécessite de «légiférer» dès
qu'un accident mortel se produit.
La FFP n'est, en cela, que le reflet de
toute une société dont la tendance
générale est à la judiciarisation dans
le cadre d'un État providence.
Et la fédération ne peut que répondre
aux demandes de son ministère de
tutelle qui, lui, n'est pas mondialisé.
Que la fédération joue le principe de
précaution plutôt que l'attitude dilatoire
contrevient peut-être aux intérêts commerciaux de tel ou tel, mais justement
n'est-t-elle pas dans son rôle ?

"Des brevets
«maison»,
pourront-ils
être des copies
conforme
des brevets
fédéraux ?"
Enfin concernant des brevets «maison»,
pourront-ils être des copies conforme
des brevets fédéraux ? Car le sujet est
bien plus qu'un simple problème de
grammaire avec l'adjectif qualificatif de
«fédéral» accolé ou non au substantif de
«brevet», ou de graphisme sur le carnet
de saut. Et cela se terminerait sans
doute devant un juge. Il faudra peut-être
trouver autre chose et en différencier le
contenu (Suspente de bronze, d'argent,
d'or..., Para1, Para2, Para3...).
Ou copier le système transatlantique.
Mais avec quelles obligations vis-à-vis
du modèle ?

Et puis la conclusion de Maître Y-M.
Guillaud (article Iconoclaste de février
2016) est limpide : «Ce n'est qu'en cas
d'accident grave que la crédibilité de ces
brevets sera vérifiée par l'autorité
judiciaire. On ne pariera pas à ce sujet.»
Et si cela devait se produire, on peut
même rajouter «Bon courage !!»
La question est donc : la FFP doit-elle
remettre en cause ses principes fondateurs pour garder à tout prix en son sein
les éléments qui veulent la quitter,
ou qui font pression en ce sens ? Et puis
surtout la FFP devrait-elle prendre peur
devant le phénomène ? Pour un certain
nombre la réponse est clairement non.

VIE FÉDÉRALE

Mais il est nécessaire que tous prennent
bien conscience qu'il n'y a pas de
passe- droit. Il n'y a pas, en effet,
d'un côté les super «pro» super-compétents et de l'autre des bénévoles
ringards ; ou à l'inverse, des «pro» sans
scrupules mus par le seul appât du gain
et de l'autre des bénévoles généreux et
désintéressés. Et il serait inconséquent
d'imaginer, ou pire, d'espérer une
«guerre» entre les deux populations.
Le devoir des dirigeants de la fédération
est de traiter tous les parachutistes à la
même enseigne, pour autant que leur
spécificité réciproque le permette :
un bel exercice d'équilibriste...

On peut toujours penser, en matière de
brevets, qu'«on» aurait pu mieux faire.
Mais qui est ce «on» ? Les cadres de
la DTN, agents de l'État pour la quasitotalité, qui sont les ouvriers de ces
règlements, ne sont pas plus bêtes que
la moyenne et plutôt plus expérimentés
que la moyenne. Et ils savent mieux que
quiconque les exigences du Ministère
de la Ville de la Jeunesse et des Sports.
Bien sûr ils répondent à une demande
des élus. Mais même s'il est permis de
le regretter, ils savent bien que cette
demande n'est pas infondée.

Le bureau directeur, dans un souci de
conciliation, a cependant accepté le
GEPP comme interlocuteur.
À l'évidence cela ne suffit pas.

Comme le notait l'iconoclaste dans sa
réflexion sur l'école hors FFP, le parachutisme a connu deux époques
distinctes. La FFP et ses dirigeants se
sont affranchis des habitudes nées des
origines militaires de ce sport, mais il y a
eu un autre changement majeur qui a
accompagné «les combinaisons à fleurs
et les pieds nus de la bande des Lyonnais»,
mais qui n'était pas qu'un changement
d'état d'esprit. C'est l'apparition du saut
en tandem qui a permis d'amener au
parachutisme une «clientèle one shot»
avec une plus-value certaine en
termes financiers.
Savoir si la fédération a géré de manière
pertinente le sujet n'est ici pas le propos.
Mais ne nous voilons pas la face :
c'est cette pratique qui a permis la
naissance d'écoles sous la forme
d'entreprises commerciales qui, sans
cela, n'auraient jamais été rentables sauf
à pratiquer des prix exorbitants pour le
pratiquant «classique». Et qui a permis
aussi à nombre d'associations d'acheter
une turbine et d'offrir des sauts montés
jusqu'à 4000m, en deçà de leur coût

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Avril16:347
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