ParaMag - n°347 - Avril 2016 - 20

VIE FÉDÉRALE

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réel. Toute la pratique en a été profondément modifiée. Et la gestion des écoles
associatives de parachutisme également.
C'est donc probablement un souci
prégnant de rentabilité, associé,
il est vrai, à un hédonisme générationnel,
qui a conduit à une pratique de plus en
plus orientée vers l'activité loisirs et de
moins en moins vers l'activité sportive
et la compétition, devenue marginalisée.
Cela se traduit non seulement par un
volume de compétiteurs très faible dans
les disciplines les plus récentes
(disciplines artistiques, pilotage sous
voile, mais aussi par une population de
plus en plus âgée dans les disciplines
plus historiques (PA/voltige, vol relatif
et voile contact). Même les juges sont
désormais à la peine.
Ce souci de rentabilité n'est bien sûr pas
le seul ressort. Il en existe d'autres qu'il
serait un peu long de développer ici.
Mais il n'est pas le moindre et le résultat
est là : on finit par ne plus raisonner
qu'en nombre de sauts et non en
nombre de champions de France ou
de champions du monde rapporté au
nombre de pratiquants.
Imaginerait-on un club de natation de la
FFN raisonner en terme de longueurs de
bassins effectuée au moment de faire
son bilan annuel ?? Bien sûr que non !
Il parlera nombre de participants
et résultats en compétition.
Le nombre de sauts est un critère
d'appréciation, mais ni le seul, ni le plus
important d'un point de vue sportif.
Pourtant, rappelons-le et clamons-le haut
et fort : seuls les brevets et la licence de
la FFP permettront jamais à des parachutistes de pratiquer la compétition
au niveau national ou international.
Il est opportun de le rappeler à tous ceux
à qui échappe cet aspect des choses.
Peut-être que certains imagineront pouvoir
compter sur la complaisance d'autres
structures affiliées à la FFP pour attribuer
des brevets fédéraux par équivalence s'il
se trouve des compétiteurs en herbe chez
leurs clients ou adhérents. Mais quel
intérêt leurs amis, mais néanmoins
concurrents, auraient-ils à procéder ainsi
si l'affaire est effectivement plus rentable
pour les hors FFP que pour les affiliés ?

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Et même y aura-t-il un intérêt pour eux à
orienter leurs pratiquants vers des amis
affiliés à la FFP, puisque c'est là un
moyen de garder une clientèle devenue
captive ? Est-on certain enfin que les
pratiquants resteront dans ces structures
une fois qu'ils auront pris conscience de
ce handicap ? La recherche de la
rentabilité à tout prix atteint peut-être
là ses limites.

Si ubérisation il y a, il ne peut en revanche
pas y avoir d'ubérisation de la compétition.
Et ce quelque soit le sport. C'est tout le
sens de la délégation de l'État.
Et rappelons-le bien : la vocation première d'une fédération délégataire est
d'organiser la pratique du sport pour
organiser les compétitions, délivrer des
titres, sélectionner et entraîner les
équipes de France.
Le dernier colloque technique avait montré
combien le travail de la fédération était
très orienté sur des considérations de
droit social, droit fiscal, droit pénal autour
des responsabilités de chacun dans le
domaine de l'enseignement, de la pratique
et de l'accidentologie. Montre en main,
la compétition n'avait été traitée en plénière
que 10 minutes dans la cadre des filières
haut niveau, (indépendamment du
rassemblement spécifique des juges).
C'est dire combien, dans un souci,
certes paternaliste, de faciliter le travail
des affiliés, la FFP s'éloigne de son rôle
premier pour finalement se voir reprocher d'en faire trop. Au demeurant que
ne dirait-t-on pas si elle ne le faisait
pas ? On imagine déjà le mécontentement et les reproches sur l'inaction
des cadres fédéraux.
Une fédération sportive n'est pas un
syndicat professionnel, mais l'enfer
est pavé de bonnes intentions.
Alors effectivement n'est-il pas temps de
recentrer le travail de la fédération sur le
«cœur de métier» à savoir le sport, donc
la compétition, qui est l'objet de la délégation de l'État dont elle dispose ?
N'a-t-elle pas intérêt à faire évoluer son
système de formation un peu plus en ce
sens ? Quitte à abandonner à leur sort
les OBL ou les associations qui, ignorant
totalement la pratique des disciplines de
compétition, choisiraient de quitter la
FFP et deviendraient alors de simples
exploitants aérien sous voilure souple ?
La question est posée.
Et la réponse n'est pas spontanée, loin
s'en faut. Mais soyons clairs : la gestion
d'une fédération est toujours un compromis. Entre «Ce qui est moderne est
forcément mieux que ce qu'on faisait

Note de la rédaction :

avant !» et «On a toujours fait comme
ça ! Pourquoi changer ?» il y a certainement un juste milieu.
De toutes les façons, les évolutions de la
fédération ne pourront jamais se faire
que dans le cadre du code du sport.
Sa marge de manœuvre est donc étroite.
Sauf à imaginer que la FFP quitte son
statut de fédération sportive (mais pour
choisir quelle forme ?). En cela il n'est
pas inutile de conseiller à tous les dirigeants de structures parachutistes de se
replonger de temps en temps dans la
lecture de ce code, et particulièrement
des articles L 131-14 à L 131-21.
À n'en pas douter, le cas de Péronne
sera observé de près par tout le monde :
par ceux qui attendent de voir si «ça
marche» pour leur emboîter le pas,
comme par ceux qui, convaincus de leur
échec, attendent de voir à quel moment
ils vont en payer le prix.
Mais pour tous ceux qui ressentent l'affiliation à la FFP comme un insupportable
carcan, il vaut mieux effectivement qu'ils
la quittent. Ils pourront ainsi faire ce
qu'ils voudront.
Ou plus exactement ce qu'ils devront et
ce qu'ils pourront... Car penser qu'on va
pouvoir faire «open bar» une fois disparue
l'ombre d'une fédération réputée omnipotente serait une erreur. Et si d'aucun
le pensent, ils finiront bien assez vite par
s'en rendre compte.
En revanche, ils éprouveront sans doute
rapidement le besoin de se regrouper
entre eux pour coordonner leurs activités, trouver des correspondances à leurs
brevets, être représentatifs et crédibles
vis-à-vis des pouvoirs publics, etc.
Bref de créer, en quelque sorte,
leur propre fédération, non sportive.
Mais les mêmes causes produisant les
mêmes effets, ils seront assez vite confrontés aux mêmes problématiques, et cela
dans des conditions bien moins faciles.
Certains, rien qu'à cette idée, ricanent
déjà tout en songeant au vieux proverbe
chinois : «Le sage montrait la lune,
et l'idiot, lui, regardait le doigt.»
(Confucius). Ont-ils vraiment tort ? ■

Ce texte a été envoyé à la rédaction de ParaMag le 1er mars pour parution dans cette
édition d'avril. En conclusion, il évoque la création d'une deuxième fédération,
non sportive. Quelques jours plus tard, exactement le jeudi 10 mars, le GEPP se
réunissait à Paris et migrait en FEPP, fédération des exploitants professionnels
du parachutisme (voir brève en pages para-infos, en début de magazine).
En accord avec l'auteur, nous publions la conclusion telle qu'elle a été rédigée
à l'origine, sans avoir besoin de l'harmoniser avec l'actualité, étant donné
que cette conclusion était en quelque sorte «prémonitoire».
http://www.paramag.fr
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