ParaMag - n°357 - Février 2017 - 46

"Le brevet A n'est que la première
marche d'un escalier dont le débutant
ne soupçonnait même pas l'existence."
Le jeune Nathan Pottie s'apprête
à passer la porte de l'avion,
durant un saut à Lille-Bondues (59).
Photo Antoine Alacusos

sèques du saut, viennent donc s'ajouter
des risques extrinsèques.

DOSSIER

La PAC constitue à bien des égards le
socle à partir duquel s'enracinent les fondamentaux techniques et d'où émerge le
choix d'une pratique en connaissance de
conséquences. N'est-ce pas là que l'on
décide de devenir parachutiste...? ou
pas ! C'est peut-être à ce moment que
tout peut se jouer.
L'être humain s'habitue à tout, même à
l'incroyable, à l'impensable. Alors que la
simple idée de sauter d'un avion en vol
paraissait être une pure folie avant que
l'on s'y essaye, quelques dizaines de
sauts plus tard cela devient quasiment
une simple formalité.
Mais à force de tromper la mort, la victoire finit par perdre de son éclat. Et si
l'on n'a pas d'autres perspectives, le
désir se met en berne et l'on peut s'arrêter de pratiquer...faute d'enjeu.
Pour ceux qui arrivent à mettre en cage
le lion de la peur, vient une autre prise
de conscience qui peut élargir leur vision
du parachutisme. Après avoir rêvé de
voler sans leurs moniteurs, les «PAC
men» découvrent rapidement qu'il est
plus enrichissant de voler à plusieurs
plutôt que de sauter seul. Par là même,
ils prennent conscience que le parachutisme, c'est bien plus que
«sauter d'un avion».

Février17:357
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Le brevet A n'est alors plus une finalité
et devient le point de départ de l'aventure. Ce qui devait être une expérience
ponctuelle se transforme en pratique
régulière.

De nouveaux enjeux
Lorsque le parachutiste découvre que le
brevet A n'est que la première marche
d'un escalier dont il ne soupçonnait

même pas l'existence, il entre de plainpied dans la pratique sportive. Il peut
alors choisir de se former à une ou plusieurs spécialités par le passage des brevets fédéraux.

"C'est durant
la PAC que
l'on décide
de devenir
parachutiste...
ou pas !"
C'est aussi dans cette perspective que le
saut en parachute change de nature.
Pour le sautant, il n'est plus seulement
un acte qui se suffit à lui-même, mais il
devient le support d'actions extrinsèques.
Cela veut dire que lorsque l'on passe des
brevets de spécialités, l'apprentissage ne
se limite plus à savoir sauter en sécurité
(technique intrinsèque), mais il comporte
des techniques supplémentaires de
chute libre ou de vol sous voile (figures,
PA, etc.).
Les risques qui sont liés au saut s'en
trouvent alors modifiés dans leur importance comme dans leur probabilité. Réaliser des figures en chute libre ou en vol,
qui plus est en grand nombre, atterrir en
survitesse, etc., augmente le facteur de
risque d'accident. Aux risques intrin-

Ce changement a de multiples conséquences sur le plan psychologique.
La pratique sportive du parachutisme
réactualise les enjeux psychologiques du
sautant. Vous l'aurez compris, la relation
que le parachutiste entretien avec sa
pratique se situe sur deux niveaux.
Le conscient et l'inconscient. C'est une
caractéristique commune à tous les êtres
humains. Nous entretenons avec le
monde extérieur, avec les personnes
et les objets qui le composent
une relation double.
Au niveau conscient, le saut en parachute ne se limite plus à l'acte lui-même,
mais il s'enrichit de nouveaux enjeux, de
nouveaux objectifs dont l'atteinte se fait à
l'issue de nombreux apprentissages.
C'est ainsi que le «sautant» (celui qui fait
acte de sauter) devient un parachutiste
sportif : relativeur, freeflyer, freestyler,
etc.
C'est parce que la relation que les pratiquants entretiennent avec leur pratique
évolue que peut se maintenir le désir de
faire cet incroyable sport.
Dans notre inconscient, la prise de
risques supplémentaires vient réactualiser «la bataille contre la mort». Il faut
pourtant être vigilant. Imaginer que les
enjeux sportifs vont pleinement satisfaire
le désir inconscient de se mettre en danger serait une erreur. Car ce serait sousestimer l'influence de l'inconscient sur
nos actes et nos choix. Entrons un peu
dans le détail de cette caractéristique
mortelle.
La mise en danger répétitive (saut après
saut) nous permet de reposer la question
originelle de cet écrit. Je la réactualiserais ainsi : «Pourquoi pratique-t-on une
activité présentant par nature un risque
de mort... si l'on ne veut pas mourir ?».
Parce que l'on aime le parachutisme
pour ce qu'il nous apporte ? Certes !
C'est un fait admis, les bienfaits de ce
sport ne sont plus à démontrer (8).
Mais que se joue-t-il pour nous au niveau
de l'inconscient ? Sauter d'un avion

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