ParaMag - n°357 - Février 2017 - 49

DOSSIER

Mike Robinson et Dave Major viennent
de s'élancer du Mushroom,
rocher mythique en forme de
champignon, dans la face nord
de l'Eiger, en Suisse.
Photo Thomas Ulrich
Red Bull Illume 2007

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"Les B.A.S.E. jumpers dérangent parce
qu'ils bousculent une vision
conventionnelle de la pratique.
En s'affranchissant du cadre institutionnel, ils ne respectent que les
règles qu'ils se sont eux-mêmes
fixées."

Bien qu'ils sautent du haut d'un pont ou
d'un immeuble, cela n'a pourtant rien
à voir avec un suicide sciemment raté.
Les B.A.S.E. jumpers non plus ne
veulent pas embrasser la mort, juste s'en
approcher de beaucoup plus près.
La distance qui nous séparait d'elle
autrefois se comptait en dizaines de
mètres. L'arrivée du wingsuit-base a
changé la donne. Désormais elle peut se
compter en centimètres. Cette recherche
du «toujours plus près» finit mathématiquement par trouver sa limite si le
pratiquant n'y met pas un terme avant
de commettre l'irréparable.

Faire le choix d'une pratique plus risquée, c'est faire courir plus de risques à
nos proches. C'est cela que chaque mort
qui s'annonce nous rappelle, que l'on
soit parachutiste et (ou) B.A.S.E. jumper.
Quelles que soient les conditions dans
lesquels ils se produisent, les décès
nous rappellent notre choix premier,
notre engagement à durée indéterminée,
celui qui nous fait remonter dans
l'avion...à chaque fois. Dans le parachutisme, on ne se tue pas seulement en
se posant en survitesse.

Posons-nous la question : celui qu'hier
nous regardions peut-être avec admiration lors de «flares» magistraux,
comment le regardons-nous dès lors
qu'il s'est tué en pratiquant un parachutisme hors-norme ? Accepter le choix de
l'autre n'est pas facile, surtout quand il
est différent du nôtre.

C'est aussi dans la nature même du
B.A.S.E. jump que prend racine le
clivage d'avec le parachutisme.
En matière de relation à la mort,
les B.A.S.E. jumpers ont une place
particulière. Ils en sont les puristes.
Ils poussent à son paroxysme la symbolique de la mise en scène de mort.

Les motards, aussi...
Voilà presque une devise qui collerait
à merveille avec ce que peuvent vivre
certains pilotes de moto. Là encore,
il ne s'agit pas de n'importe quelle
pratique. Au sein même des courses
motocyclistes existe une course horsnorme : le Tourist Trophy.
C'est sur l'île de Man que se déroule
cette course dont le circuit de 60 km est
essentiellement constitué de routes de
campagne et de petits villages. Un tracé
totalement inadapté à la course par son
infrastructure, mais sur lequel les pilotes
atteignent une vitesse de moyenne de
200 km/h et des vitesses de pointe
allant jusqu'à 331 km/h.

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Février17:357
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Freud (6) à ce sujet nous dit: «À l'égard
du mort lui-même, nous nous comportons d'une façon très singulière : nous
nous abstenons de toute critique à son
endroit, nous lui pardonnons ses injustices (...), et nous trouvons naturel que,
dans l'oraison funèbre qu'on prononce
sur sa tombe et dans l'inscription qu'on
fait graver sur son monument funéraire,
on ne fasse ressortir que ses qualités.
Le respect du mort, respect dont celui-ci
n'a cependant plus nul besoin, nous
apparait comme supérieur à la vérité».

La raison consciente annoncée pour
justifier une telle quête est la sensation
de vitesse accrue. Plus on est proche
du sol, plus l'on se rend compte de sa
vitesse. La raison inconsciente est tout
autre. Plus on est proche du sol,
plus le risque est important,
plus l'on met sa vie en danger.
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ParaMag - n°357 - Février 2017

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