ParaMag - n°357 - Février 2017 - 5

Et c'est ainsi qu'au début des années
90, une première tête de mort géante
a été peinte sur le toit d'un hangar
de parachutisme... C'était bien sûr
à Corbas, et s'il n'y a eu que le "Blue
Skies" d'inscrit sous la tête de mort,
c'est peut-être parce que les Lyonnais
sont des gens cools, où c'est peut-être
parce qu'ils n'ont pas eu le temps de
peindre le "Black Death"...
Car ce tag géant était l'expression
d'une révolte qui grondait à LyonCorbas, à une époque où le monde
associatif et le monde professionnel
se télescopaient (déjà !). Quelques
"Lyonnais" de pure souche ont alors
décidé de peindre cette grande tête
de mort sur le toit du hangar. Elle était
à la fois le symbole de cette révolte
et celui de leur attachement à un
nouveau parachutisme.
Les coupables furent démasqués
et contraints d'effacer leur forfait.
Et si aujourd'hui vous pouvez toujours
voir cette tête de morte géante sur le
toit du hangar (tout simplement avec
Internet en zoomant sous Google Earth
ou tout autre logiciel du même genre),
c'est qu'il y a quelques années,
les dirigeants de Lyon-Corbas ont décidé
de la faire réapparaître. La tête de mort
est devenue le symbole officieux de
l'E.P.L.C., l'école de parachutisme
Lyon-Corbas : on la retrouve en grand
sur le toit du hangar, mais aussi sur la
voiture de piste, sur l'enseigne lumineuse du bar-restaurant, sur les drisses
de pliage, etc.

La mort devient alors un totem,
car la représenter, lui donner une
forme, une apparence, permet aussi de
se représenter mentalement le danger.
Comme l'explique Stéphane Blanc ce
mois-ci dans son article "La pulsion de
mort, le totem d'Icare", il existe bien
un rapport entre le facteur de risque
et le sentiment d'intensité de la vie.
Un rapport quantitatif dont la croissance est limitée par la mort ellemême. Le paradoxe de l'adage
«Blue Skies - Back Death», c'est que
"plus le risque est grand, plus la vie
est célébrée, glorifiée".
Tout comme l'ont fait les générations
précédentes, les générations actuelles
doivent regarder en face la question du
rapport à la pratique de notre sport et,
plus profondément, celui du rapport
à la mort.

Photo de haut en bas
Début des années 90, une première tête de mort
géante est peinte sur le toit du hangar
parachutiste, à Corbas.
Photo archives ParaMag
La tête de mort, telle qu'elle est visible
actuellement, sur le toit du hangar parachutiste,
à Corbas.
Photo Google Earth

Elles doivent le faire sereinement
et c'est pour les éclairer que nous
avons décidé de publier l'article
de Stéphane Blanc.
Et pouvoir ainsi profiter, tout aussi
sereinement, et en toute connaissance
de cause, de l'intensité du parachutisme. Car, comme le dit un autre
adage : «Seuls les parachutistes
savent pourquoi les oiseaux chantent».
Bonne saison 2017, et prudence
à tous les étages ! ■

05
Février17:357
paramag.fr

À Lyon-Corbas, le B.S.B.D. a encore de
beaux jours devant lui ! Mais il n'y a
pas qu'à Lyon que les têtes de mort
fleurissent. Plus au nord, l'esprit Judas
est né à Lille-Bondues en 2008 au

sein d'une bande de copains réunis
autour de la passion du "skydive".
Principe : ne pas se prendre au sérieux
et profiter de chaque instant, dans le
ciel comme à la ville. Champions du
monde ou débutants, peu importe d'où
viennent les membres, peu importe
leur niveau, le partage et l'entraide au
sein du groupe profitent à tous et à
chacun. La "skygod attitude" est
proscrite chez les Judas ! Pour réunir
les membres croissants sur toutes les
drop-zones du monde, le mouvement
s'est identifié en Judas IFOS (International Fraternal Order of Skydivers).
L'insigne Judas, visiblement inspiré du
B.S.B.D., est une tête de mort stylisée.
On le retrouve sous forme d'autocollants,
de broderies sur les combinaisons
et les sacs, de t-shirts, etc.
Ce n'est pas par cynisme que ces têtes
de mort sont prises comme symbole
par des parachutistes. Et ce n'est
évidemment pas par hasard. Rappeler
que le parachutisme est potentiellement mortel, c'est aussi fait pour
préserver la vie.

ÉDITO

de la partie ! Il n'y avait pas de fausse
pudeur ni de langue de bois chez les
Lyonnais, le «Blue Sky - Black Death»
leur convenait parfaitement.

Photo ci-contre
La voiture de piste à Lyon-Corbas est très explicite :
inscription "BSBD" sur le hayon latéral, logo "tête
de mort" sur le capot et véritable tête de mort
au-dessus du parechoc !
Photo Yves-Marie Guillaud

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