ParaMag - N°361 - Juin 2017 - 53

"Les contraintes
psychologiques sont
restées les mêmes."
Dès la coupe du monde à Gap,
la décision fut prise d'installer une
deuxième caméra sur le casque des
vidéomen des équipes de France.
Patrick de Gayardon, qui était à cette
époque dans le 8 France et qui possédait
lui aussi une caméra, m'avait prêté la
sienne. Nous nous sommes lancés dans
un bricolage de dernière minute et nous
avons fait les derniers réglages presque
sans entraînement.
À Eloy, les vidéomen ont vécu une sorte
de baptême du feu en championnat du
monde. Et les organisateurs nous maintenaient toujours le boîtier de transmission
direct HF sur le ventre !
Pour la sortie, malgré le raté de Caen
quelques semaines plus tôt au championnat de France et mes mauvais
souvenirs dans le 8 France, je suis resté
sur ma position de «vrai» flotteur.
J'avais donc les 2 caméras à gérer plus
la transmission du direct. J'ai acheté une
grosse télécommande connectée à une
lumière verte et rouge que j'avais collée
sur le casque, pour garder le contrôle
en visuel.

Toutes ces vidéos, ça reste du loisir,
ce n'est pas structuré, mais ce qui est
sympa c'est de pouvoir partager les
images et de revivre le saut immédiatement. C'est d'une simplicité et d'une
qualité vraiment agréable,
c'est extraordinaire !

Arthur a fêté ses 23 ans, je n'ai toujours
pas épousé Élisabeth, sa maman, mais
notre couple est toujours aussi solide.
J'avais bouclé la boucle à Maubeuge, et
c'est à Maubeuge que c'est reparti pour
un tour, j'y vois encore un signe !

Prologue

Comme le montrent les photos qui
illustrent cet article, c'est sans casque
que Pilou a repris la chute, malgré la
fraîcheur du mois de mars dans le nord
de la France. Qui sait, si vous le croisez
un jour à Cahors, Orléans, Maubeuge
ou ailleurs, peut-être aura-t-il décidé
d'installer une de ces mini-caméras sur
la tête ! n

D'année en année, j'ai connu la progression de la vidéo chute à l'entraînement,
puis cette transition qui a monté la
pression du vidéoman à 100%
avec le jugement compétition reposant
sur ses épaules.
Pour les vidéomen de compétition
actuels, même si le matériel a évolué, même s'ils entrent et se forment
directement avec cette pression à gérer
à 100%, je pense que les contraintes
psychologiques sont restées les mêmes.
1994, c'est à Maubeuge que tu fais
ton «dernier» saut, et ta reprise 23
ans plus tard se fait aussi à Maubeuge,
faut-il y voir un parallèle ?
Ça s'est fait par hasard, comme on dit
«les planètes se sont alignées»...
Je gère la salle de sport du ministère de
l'intérieur, place Beauvau, et un jour j'ai
vu un jeune para arriver en me demandant l'autorisation de poser une affiche
pour l'APPN (Association Parachutiste de
la Police Nationale). Nous avons discuté
para et il m'a demandé pourquoi je ne
ressautais pas. Je ne m'étais jamais
vraiment posé la question.
C'est vrai que la démarche serait facile
grâce à la structure APPN et je serais
accompagné de mes collègues,

Jean-Marc Champilou,
en quelques mots

Né le 2 janvier 1959
1er saut août 1979 (service militaire ; commando de l'air)
1er saut civil 1981 (UCPA,
Bergerac)
Équipe de France de Vol Relatif
à 8, 1987
Équipe de France de Vol Relatif
à 4 de 1988 à 1993
5000 sauts dont 4500 en vidéo
chute
Fonctionnaire de police,
responsable des salles de sport
du Ministère de l'Intérieur,
Place Beauvau, Paris.

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Juin17:361
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Est-ce qu'il y avait un système
de libération sur ton casque ?
Oui, j'avais installé un système de
libération sur mon casque intégral de
moto modifié en casque de prises de
vues. Il y avait deux boutons à presser
de chaque côté du casque et je les avais
ensuite reliés par une drisse pour en faire
un système de débrayage rapide.
À ce sujet, j'ai une anecdote que je

Que penses-tu de l'évolution de la vidéo
durant ces 20 dernières années ?
À Maubeuge, le mois dernier, j'ai été
surpris par la miniaturisation de cette
technologie et à quel point elle est utilisée. Pour faire le parallèle avec la vidéo
de mon époque, la mise en œuvre était
beaucoup plus lourde pour un résultat
moindre. On regardait nos images sur
des écrans cathodiques, avec les couleurs qui bavaient et parfois l'image qui
tremblait. Il n'y a rien à regretter, même
si ça reste des souvenirs formidables.

L'élément déclencheur a effectivement
été la commémoration de novembre,
avec la FISF pour le trophée «Gloire du
sport». J'ai revu la plupart de mes
anciens coéquipiers, j'ai fait connaissance
de la présidente de la FFP.
Et c'est à ce moment-là où
je me suis dit : «j'y retourne».

Photo Ministère de l'intérieur/Y.Malenfer

Les règles étaient strictes, en cas de
problème technique ou de défaillance du
vidéoman, c'est toute l'équipe qui était
pénalisée. Il faut savoir qu'à l'époque,
les batteries n'étaient pas très fiables
et parfois elles se déchargeaient très
rapidement.

C'était la quatrième victoire consécutive
de l'équipe, la troisième et la dernière
pour moi, il était hors de question de
perdre ce casque et les points qui
allaient avec. Je n'ai jamais osé
l'avouer à l'équipe !

ce pourrait être sympa. J'ai mis ça dans
un coin de ma tête.

INTERVIEW

Et dans ce nouveau règlement, il n'y avait
pas de re-jump prévu en cas de panne
de la vidéo.

n'avais pas racontée à l'époque, et
comme maintenant il y a prescription...
Durant le troisième saut de compétition,
le système de débrayage s'est ouvert
intempestivement dès la sortie d'avion
et j'ai pu le retenir à temps. Mais j'ai
passé tout le saut avec la main gauche
sur le casque, pour ne pas le perdre !

>

Nous devions donc assurer les images,
mais tout ne reposait pas sur nos
épaules. Après une compétition test
réussie lors de la coupe du monde 1992
à Gap, la décision de passer à 100% sur
le jugement vidéo chute est tombée pour
les championnats 1993 à Eloy : c'était
fini les caméras vidéo sol pour
le vol relatif.
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