ParaMag - N°371 - Avril 2018 - 30

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Photo ci-dessus
Scanner montrant la fixation des cinq vertèbres
entre elles, arthrodèse de T11 à L3, pour protéger
les deux vertèbres les plus durement touchées (T12
et L2). L'apophyse épineuse de deux vertèbres a été
supprimée pour décomprimer la moelle et faire de la
place au matériel d'ostéosynthèse.

J'apprends que j'ai plusieurs vertèbres
fracturées ainsi que le sacrum.
Avant de partir de la drop zone, l'équipe
était allée chercher mes affaires, mes
papiers, ma carte vitale, mon ordi. Je me
rappelle d'entendre quelqu'un compter
les nombreuses clés USB dans ma pochette. Il se demandait pourquoi j'avais
autant de clés USB. Ça me fait sourire
en l'entendant compter. Je lui expliquerais après que c'était pour remettre les
images des sauts aux clients.
L'inventaire de mes affaires est pour moi
la dernière occasion d'être en contact
direct avec le parachutisme, avant un
bon bout de temps.
Je n'avais plus vraiment de notion de
temps. Au bout d'un moment, on m'informa que ma femme venait d'arriver, la
porte s'ouvrit et ma femme et ma sœur
entrèrent dans la salle. Je fondis en
larmes. J'étais tellement content de les
voir, de sentir leur présence à mes côtés.
Je m'en voulais d'être là où j'étais et de
leur faire vivre ça par ma faute.

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Puis c'est le chirurgien qui me rendit
visite pour faire le point sur la situation,
m'expliquer ce qu'il allait faire et les
risques encourus. Il m'expliqua très
clairement les choses, à savoir que l'opération n'était pas anodine et que tant
qu'elle n'était pas réalisée, on ne saurait
pas si j'allais marcher ou pas. Il y avait
une compression médullaire, en d'autres
termes, la moelle épinière était compri-

Photo ci-dessus
Dans le centre de rééducation, moment de détente pour ceux qui sont devenus des amis :
Romain, Philou et Patrick (à droite).

mée, il fallait ouvrir pour décomprimer
et stabiliser les fractures. J'avais beau
être positif et croire en ma bonne étoile,
une part de moi était quand même très
inquiète.
Je finis par descendre au bloc vers 22h
et je me suis réveillé vers 3h30 du matin.
Le chirurgien m'expliqua que tout s'était
bien passé et surtout, que je pourrais
remarcher. Je me rappelle encore de la
joie ressentie, j'étais tiré d'affaire. Je lui
dis que je lui offrirais un saut quand ça
serait possible, ça le fit sourire.
J'étais fou de joie, je savais que les
semaines, les mois qui allaient suivre
n'allaient pas être de tout repos, mais
maintenant que le chirurgien avait pu
stabiliser la situation, la balle était dans
mon camp. J'allais devoir mener un beau
et long combat pour revenir plus fort. Je
n'étais pas le seul qui allait devoir mener
un combat, ma femme allait devoir gérer
les bébés et la maison sans moi.
On me ramena en chambre vers 4-5h
du matin. Impossible de dormir. Je
gambergeais tellement sur tout ce qui
s'était passé dans les dernières 24h. Et
puis je n'étais pas du tout familier du
milieu médical et encore moins du milieu
hospitalier.
J'allais passer neuf jours allongé dans un
lit, et ce n'est que très progressivement
que je reviendrais vers une vie normale.
J'allais découvrir la dépendance, les déplacements dans l'hôpital en regardant

défiler tous ses plafonds, en pensant à
ma situation, à ma femme, mes enfants,
à la vie.
Rapidement, grâce au corset, j'allais
pouvoir commencer à me relever de 30
degrés dans mon lit. Du côté de mes
jambes, je m'étais fracturé les deux
malléoles externes, les deux processus
postérieurs du talus et le calcanéum à
droite. J'étais bon pour 6 semaines de
plâtres.
J'avais la chance d'avoir la visite régulière
de ma famille, ma femme, ma sœur, ma
mère, ma belle-mère, mon beau-frère,
mon beau-père. Par contre je ne pouvais
pas voir mes enfants comme leur visite
était interdite à l'hôpital. C'était le plus
dur. Être coupé de ses enfants du jour
au lendemain, ça faisait mal, très mal.
Heureusement que je pouvais les voir
tous les jours en Facetime
(vive la technologie !).
J'avais des visites régulières de mon
chirurgien. Il m'avait expliqué le déroulé
de l'opération, qu'il avait fixé cinq vertèbres entre elles, arthrodèse de T11 à
L3, pour protéger les deux vertèbres les
plus durement touchées (T12 et L2).
Il avait dû supprimer l'apophyse
épineuse (os que l'on sent en touchant
le dos le long de la colonne vertébrale)
de deux vertèbres pour décomprimer
la moelle et faire de la place pour passer
le matériel d'ostéosynthèse.
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