ParaMag - N°377 - Octobre 2018 - 50

INTERVIEW

>

Photo ci-contre en haut
Moments de décontraction avec les coachs,
Jacques Baal (photo du haut) et Julien Olek.
Sur une idée de Léocadie, les Ang'elles s'élancent
dans leur fameux «air jump» pour des photos en
trompe-l'œil. Photo Loïs Baal

Je me suis préparé pour ça et Ayité
Mensah est pour beaucoup dans ma
réussite, ça, c'est sûr.
Ayité est un compétiteur en P.A., actif
sur le circuit national depuis des années.
J'ai commencé à travailler avec lui en
2008, quand il passait sa qualification de
coach en préparation mentale et d'hypno
thérapeute. Il avait besoin de «cobayes»
et j'ai accepté. Ayant apprécié son travail,
j'ai continué et ça fait maintenant 10 ans
qu'il contribue à ma réussite.

Je voudrais aussi parler de la fatigue
physique, car cette année a été difficile
sur le plan médical. Entre la Hongrie et
la Bulgarie, ça a été un peu l'hécatombe
médicale : gastro, sinusite, complication
ORL et j'en passe... En compétition civile,
nous avons la chance d'avoir le médecin
fédéral à nos côtés, chance que l'on n'a
pas en compétition militaire, ce qui est
une lacune à mes yeux.
Quelles étaient tes principales
concurrentes cette année ?
Que ce soit en compétition militaire ou
civil, on retrouve souvent les mêmes :
Russes, Chinoises et Biélorusses. Il y a un
gros réservoir de compétiteurs en Chine,
et on ne voit pas toujours les mêmes.
On savait les Chinoises fortes en P.A.
- peut-être qu'un jour nous saurons
comment elles font (rires...) - cette
année elles ont surpris en voltige : cinq
Chinoises de l'équipe sont en finale,
c'en est presque intrigant ! Nous avons
compris qu'elles sont parvenues à mettre
au point une technique d'entraînement
en soufﬂerie, reste à savoir laquelle ! Cela
reste à prouver et, ce qui est certain, c'est
qu'elles ont bien progressé en voltige et
du coup, ça paye au combiné.
Octobre18:377
paramag.fr

50

Les Biélorusses sont nos concurrentes
directes, c'est-à-dire que nous sommes à
peu près au même niveau. Cette année
nous les battons en civil et en militaire.
En individuel, je citerai la Slovène Maja
Sajovic, qui m'avait battu en 2014,

Loïs Baal

Cela ne se superpose-t-il pas avec le rôle
des coachs paras ?
Non, c'est à chacun son truc : le coach
para s'occupe de la technique, comment
tu as piloté ta voile, par exemple, et aussi
de l'équipe dans son ensemble. Le préparateur mental s'occupe principalement
de la tête, et de ce qui se passe dedans
(rires...). C'est un service qui se paye,
pour ma part c'est une initiative personnelle que je ne regrette évidemment pas.

et Olga Mastafanova, la Russe qui est
forte en P.A. et aussi en voltige.
Parlons un peu équipe... Certaines de
tes coéquipières militaires le sont aussi
dans l'équipe de France civile. Qu'est-ce
que cela implique ?
Les images filmées sur la cible au moment de ma victoire en Bulgarie sont très
parlantes. Nous avons partagé de grands
moments au sein de l'équipe féminine, et
celui-là restera gravé dans ma mémoire.
C'est le résultat d'une bonne émulation
d'équipe et d'une bonne entente.
Il y de cela quelques années, ça s'endormait un peu, il n'y avait plus de réservoir
en catégorie féminine civile. C'est en
2011 qu'on a remonté cette équipe, grâce
notamment à Jean-Noël Hardouin, qui
s'est battu pour obtenir de nouveau une
équipe de France féminine. Petit à petit,
le niveau de l'équipe a progressé jusqu'à
cette année où on a enfin réussi un podium international : ce n'était plus arrivé
depuis 2000, durant les championnats
du monde au Japon.
Est-ce que ce bon travail en équipe t'a
aidé dans ta victoire individuelle ?
En P.A. d'équipe, nous pouvons être
jusqu'à cinq coéquipières et nous avons

droit à un joker, c'est-à-dire que le plus
mauvais résultat de chaque manche
n'est pas repris dans le total de l'équipe.
Et comme ce sont les mêmes performances qui comptent pour les deux
classements, individuel et équipe, ça
permet de jouer sur les deux tableaux.
Et c'est pour cela que l'on dit parfois de
la P.A. que c'est «une discipline individuelle d'équipe». C'est-à-dire que tu peux
être en dehors du classement de tête en
individuel et toujours dans la course en
équipe ou inversement.
Ça peut être ingrat au sein de l'équipe
lorsqu'une équipière se plante, mais si
l'entente est bonne, ça se gère très bien
et c'est ce qui s'est passé pour nous cette
année. C'est ça aussi qui fait que la P.A.
reste une discipline très riche, sur le plan
humain.
Nous avons vécu et partagé des moments très forts cette année avec
notre équipe, et au final nous montons
ensemble sur les podiums pour deux
médailles de bronze : P.A. et combiné.
Ce résultat d'équipe, je le connaissais
lorsque je suis montée pour ma finale
en individuel, en Bulgarie. Alors forcément, oui, c'était un plus pour moi !
http://www.paramag.fr
ParaMag - N°377 - Octobre 2018

Table des matières de la publication ParaMag - N°377 - Octobre 2018
