ParaMag - N°378 - Novembre 2018 - 45

Peux-tu nous expliquer cette nouvelle
règle de «déduction caméra»,
et comment est-elle apparue pour la
première fois cette année en
championnat du monde ?
C'est à la demande des compétiteurs
que cette nouvelle règle a été mise en
place. Cette demande avait été exprimée
à l'issue du Mondial 2016 à Chicago,
lors de la réunion post-compétition entre
les juges et les compétiteurs. Certaines
équipes avaient émis le souhait de voir
apparaître un critère de jugement sur
le cadrage, estimant qu'il n'était pas
normal que certains passages des vidéos
soient hors cadre, même parmi les
équipes de tête.
Un nouveau barème de déduction de
points a donc été mis en place (NDLR :
voir encart «Les nouvelles déductions
caméra»), et ces déductions sont applicables à la note de présentation. Le nouveau barème tient compte des images
coupées, du cadrage et aussi de la distance de prises de vues : si les images
sont filmées de trop loin, le système de
déduction est appliqué également.
Le but est d'augmenter la qualité des
prises de vue vidéo.

Les juges français

En Australie, certaines ont même choisi
de présenter les images de leur deuxième caméra, parfois moins qualitatives
que celles de leur caméra principale,
mais avec un cadrage plus large. C'était
donc au détriment de la qualité, ce qui
va à l'inverse du but recherché.
Est-ce qu'il y avait aussi des nouveautés dans le règlement du programme
imposé ?
Oui, il existe maintenant plusieurs
versions des imposés qui permettent
de s'adapter au niveau des équipes.
Prenons l'exemple d'un mouvement
qui peut se réaliser assis ou debout.
Pour être noté sur 10, il faut le réaliser
debout. Il est possible de le réaliser
assis, mais le jugement se fera alors sur
5 points, par exemple.
C'est, en quelque sorte, un jugement
«à géométrie variable». Est-ce qu'il a
bien fonctionné ?
Là aussi, ces changements ont été
décidés à l'issue du mondial de Chicago,
suite à un bon travail, très collégial,
par atelier, avec les compétiteurs et
les juges. Ils ont été testés l'an dernier
durant la coupe du monde. Et ça fonctionne bien. Durant ces championnats
du monde en Australie, nous n'avons eu
aucune réclamation.
À la manche 4, l'équipe France 2
prend 1.3 de pénalité en «déduction
caméra» et elle n'obtient que 8.6 sur

Photo ci-dessus
La nouvelle règle des pénalités de déduction caméra
a causé du souci aux videomen.
Photo FFP

son saut libre. Peut-on dire qu'elle
perd le championnat du monde
sur ce saut ?
Deux juges sont préposés aux déductions caméra, ils regardent en priorité si
quelque chose sort de l'écran et c'est
la moyenne de leur(s) déduction(s) qui
est prise en compte. Il y a un barème à
suivre, le constat c'est que les déductions des deux juges sont sur des valeurs
proches, c'est donc fiable.
Ces pénalités de déduction vidéo sont
plus flagrantes en freefly, typiquement, si
les deux performeurs sortent de l'écran,
la déduction peut aller jusqu'à deux
points ! Sur cette manche 4, l'équipe
France 2 sort sept fois de l'écran... 1.3
point de déduction caméra, ça donne
0.65 de déduction sur la note finale.
C'est ce qui rend cette nouvelle règle
(qui je le rappelle a été mise en place à
la demande des compétiteurs) intéressante : les renversements de situation
sont possibles. Ce que l'on reprochait
aux disciplines artistiques, c'était que
«les jeux étaient faits» au bout de deux
ou trois manches, que cela manquait de
suspense.
Maintenant il y a ce nouveau point qui
fait que la note peut sérieusement changer d'une manche à une autre. C'est
très important, ça renforce le rôle du
vidéoman, son stress aussi, et oui, cela
peut faire perdre ou gagner.
Quel regard porter sur le niveau
international en freefly ?
Les Norvégiens ont un bon potentiel. Au
départ, lorsque nous avons regardé les
vidéos de pré-compétition, nous avons
eu le sentiment que les trois équipes de
tête avaient le niveau pour gagner. Mais
les Norvégiens ont subi eux aussi les
déductions vidéo et malheureusement ils
n'ont pas réussi à reprendre du terrain
sur les imposés, alors que leur niveau
technique aurait pu leur permettre de le
faire. Avec un total de plus de 60 points,
les Norvégiens se détachent largement
des suivants, les Australiens à 56,7
points et les Américains à 56,2.

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Parmi l'ensemble des juges
internationaux en place en Australie,
la représentation française est
importante : Thierry Courtin en vol
relatif, Bernard Nicolas en speedskydiving, Gillian Rayner en voile
contact, Thi Bich Van Ha et Bernard
Garsault en disciplines artistiques.

Est-ce que cette nouvelle règle de
«déduction caméra» a bien fonctionné
pour cette première fois en championnat du monde ?
D'un point de vue notation et jugement,
je pense que cela a bien fonctionné. La
plupart des juges avaient déjà appliqué
le système durant leurs championnats
nationaux. Par exemple, ce système était
appliqué cette année lors des coupes de
France et des championnats de France
à Vichy. Nous avons tout de même
constaté un effet pervers : pour éviter
la sanction des déductions caméra, les
équipes prennent un peu plus de marge
en distance.

AUSTRALIE

De notre côté, nous observons que les
équipes doivent trouver l'équilibre entre
la difficulté de leur programme et les
compétences qu'elles ont à le réaliser.
Choisir un programme trop ambitieux
peut être risqué, car si les mouvements
ne sont pas exécutés ou filmés correctement, nous ne pouvons pas les valoriser
par le jugement. C'est aussi prendre le
risque de mettre en difficulté le vidéoman, et donc de tomber sous le coup du
nouveau barème de déduction caméra,
qui est une autre partie du nouveau
règlement.

Les équipes peuvent toujours expliquer
les détails de leur programme libre avant
l'attribution de la note de difficulté, au
moment où elles présentent leur vidéo
de précompétition. Il est donc très
important pour elles d'identifier correctement auprès des juges les plans serrés
intentionnels. Par exemple, c'est le cas
de Loïc Perrouin qui, à la fin de son programme, termine par un cadrage serré
sur son pied. Là c'est l'évidence, mais
pour les sorties d'avion, c'est plus délicat
de déterminer si le cadrage serré est
vraiment intentionnel. Le cas échéant,
c'est donc aux équipes de bien l'expliquer avant de démarrer la compétition.

France 1 Airwax : 9.1, France 2 Good
Vibes : 9.2 et Norvège : 9.1
Comme c'est souvent le cas en disciplines artistiques, c'est surtout dans
l'attribution de cette note que des
désaccords sont apparus. Par comparaison entre les programmes de certaines
équipes, l'écart est parfois jugé insuffisant ou au contraire trop important.

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