ParaMag - N°378 - Novembre 2018 - 48

CHAMPIONNATS DU MONDE

Photo ci-contre
Effet de surprise réussi pour Loïc Perrouin avec son
casque fantasque et sa tenue Daft Punk.
Photo Pierre Rabuel

puisse le tester au sol et bien sûr en vol.
Il y a eu quelques modifications à faire,
genre un système de libération ou des
réglages pour qu'il soit bien fixé sur ma
tête, mais c'était bon.
C'est une réplique 100% réaliste du
casque Daft Punk. Le casque est même
équipé d'une batterie qui permet d'illuminer chaque côté de la visière par l'intérieur. Il est forcément très large et pas
très aérodynamique, avec une forme très
avancée au niveau du menton. J'ai dû
mettre deux jugulaires pour qu'il reste
bien fixé sur la tête et je peux le libérer
en déverrouillant une des jugulaires,
mais il n'y a aucun risque d'accrochage.
Qu'elles ont été les réactions lorsque tu
as montré ce casque, en Australie ?
Le casque a eu du succès dès le stage
d'entraînement à Ramblers, avant d'aller
sur la Gold Coast pour la compétition.
Tout le monde voulait le voir, il fallait que
je le mette sur la tête pour le montrer,
faire des photos, etc. Le buzz a bien
marché !
Est-ce que tu as sauté avec ce casque
durant toute la compétition ?
C'était le but ! Bon, c'est vrai que si
j'avais eu un concurrent vraiment dangereux, je n'aurais jamais opté pour un
tel artifice. Ça c'était bien passé avec le
casque durant les essais à Pamiers et
puis durant les sauts d'entraînement
à Ramblers, on n'avait eu aucun
problème, et pour le premier saut libre
de la compétition également.
Alors on l'a pris pour le premier saut
d'imposés, à la manche 2. C'était une
option qu'on avait en tête, on s'est
dit qu'on assumerait jusqu'au bout, y
compris pour les imposés. Mais c'était
sans compter avec l'humidité sur la Gold
Coast et ce casque est devenu comme
une balle dans le pied.

Novembre18:378
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Pourquoi ?
Sur l'imposé 2 on s'est fait surprendre et
j'ai vécu une bonne galère... La météo
était mauvaise, c'était une très longue
journée, démarrée tôt le matin et on a
fini par sauter très tard le soir, après le
sunset. Durant le saut, on a traversé
un nuage et à la moitié du saut, ça a
condensé à l'intérieur du casque. Pour
le dernier mouvement, je voyais Pierrot
comme une ombre et là je me suis dit
«ça craint !»
Tu as tout de même continué avec le
casque ?
Après, on a été très méfiants et on observait
bien le ciel avant d'aller sauter. Pour le

libre, ça pose moins de problèmes,
car le saut déroule, il y a toujours un peu
d'air dans le casque, mais s'il y avait eu
encore des nuages sur les sauts
imposés, où le vol est plus statique,
j'aurais repris le G3.
Et puis ça s'est super-bien terminé.
Comme on avait de l'avance, et que la
compète tournait bien, on a même fait
fonctionner les lumières durant les deux
derniers sauts des championnats du
monde. On ne l'avait pas fait avant, car
la batterie prend tout de même un peu
de place dans la combinaison et ça reste
un truc à gérer en plus.
Donc le plan casque a bien fonctionné,
c'est top. En revanche, on voit sur les
photos que Pierre n'avait pas de combinaison : un vidéoman sans combinaison, pourquoi ?
Notre idée de création de personnage
est arrivée tardivement et on s'est mis
en mode rush nous-mêmes et sur toute
la ligne. Le casque Daft Punk n'était
qu'une partie du délire : évidemment,
il y avait les combinaisons sur le même
thème. Comme pour le Phoenix, c'est
Daphnée Saez (Nout) qui nous a réalisé
le design. C'était en pleine saison para
pour elle, et ça a pris du temps, on a
mis aussi la pression à notre fournisseur
de combi sur les délais. En plus de
l'attente pour le casque, il y avait donc
aussi celle des combinaisons : le mois
de septembre a été très tendu. Nous
avons reçu nos combinaisons la veille
du décollage de France pour l'Australie. Arrivés à Ramblers, on s'est rendu
compte que Pierre était plus à l'aise en

taux de chute avec son jean Bonono et
son t-shirt technique. Comme on ne le
voit pas à l'image, ce n'était pas un souci
et nous n'avons pas pris de risque :
il a sauté dans cette tenue.
Revenons-en maintenant à la première
manche, votre premier libre, là aussi ça
a été une mauvaise surprise à cause du
score et des pénalités vidéo ?
Carrément ! Avec Pierre, on n'a pas
suffisamment pris la mesure des nouvelles règles et on a fourni notre vidéo
principale aux juges, alors qu'il y avait
quelques sorties de cadre. Les images
de l'autre caméra, qui filme plus large,
n'étaient pas coupées, mais le sujet était
plus loin, c'était moins joli. On a pris
0.75 point de pénalité pour démarrer.
Que penses-tu de cette nouvelle règle ?
Je trouve que c'est un peu la déception
de ces championnats du monde, il va
falloir faire évoluer cette règle, car le
résultat, c'est qu'on descend en qualité
d'images pour assurer nos notes.
On est obligés d'ouvrir plus, de s'éloigner, et du coup, il y a moins de vitesse
dans les carves, moins de proxy dans
les eagles. Les juges en sont conscients,
mais il fallait bien appliquer la règle
jusqu'au bout.
Pierre était assez dégoûté de devoir
donner les images de sa Sony Action
Cam, alors que celles de son Handicam,
sa caméra principale, étaient bien plus
jolies ; mais il fallait bien s'adapter.
La règle est trop intransigeante et on n'a
pas voulu prendre de risque.

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