ParaMag - N°378 - Novembre 2018 - 51

Cela a toujours été un frein pour l'évolution et la réalisation de notre libre et
de nos imposés. Nous avons dû insister
davantage sur l'entraînement en soufflerie, pour apprendre à gérer cet écart de
poids sans que cela nous ralentisse trop
dans nos enchaînements. La soufflerie
iFly Lyon nous a vraiment beaucoup
aidés dans ce sens cette année.
Vous avez réussi à créer la surprise
avec votre équipement au thème
aborigène. Comment avez-vous fait ?
Karine : Ça fait longtemps que je voulais
intégrer une thématique à nos sauts,
le freefly est une discipline artistique
et jusque-là cet aspect a été trop peu
exploité.

du monde, on se doit de revenir dans
l'arène pour faire plus que la première
fois. Comme pour nous Chicago restera
une médaille d'argent volée,
nous visions l'OR !

Quel est votre mot de la fin ?
Après la médaille de bronze à Chicago,
qui était pour nous une défaite, nous
avons compris que la technique et la
précision ne suffisent plus pour gagner
un championnat du monde. Et c'est
l'équipe russe, vainqueur, avec laquelle
nous avons échangé pendant deux ans,
qui nous l'a expliqué. Nous ne pouvons
pas tout expliquer, mais clairement, c'est
l'effet «waouh» qu'il faut viser en sortie
d'avion : il faut provoquer de l'enthousiasme chez les spectateurs, du début
jusqu'à la fin du saut. Et pour cela, il
faut travailler aussi l'aspect créatif et la
communication.

Il a fallu donc trouver toutes les solutions
pour gagner et ce n'est pas seulement
s'entraîner et parler technique de haut
niveau. Et il faut être au sommet de tout
ce que tu peux faire, et à tout point de
vue, même l'équipement. C'est pour
cela, par exemple, que nous avons des
manchons de couleur sur nos sangles
de poitrine, pour préserver l'harmonie
avec les combinaisons. Ça peut sembler
être juste un détail, mais le moindre
détail compte à ce niveau de compétition.

Le vol synchro et les passages dynamiques ne suffisent plus, il faut être
créatif et il faut réussir à l'exprimer
visuellement. En ne montrant pas nos
équipements au thème aborigène avant
l'Australie, nous avons aussi joué sur
l'effet de surprise.
Lorsqu'on a la chance de participer
pour la deuxième fois à un championnat

L'année dernière, en discutant avec
Gigi (Patrice Girardin) à la coupe du
monde, il m'a fait la réflexion que le logo
Turbolenza lui faisait penser à un motif
aborigène.

AUSTRALIE

Mais nous avons heureusement
l'habitude des surprises et dans notre
équipe, il y a un écart de poids important à gérer entre les deux performeurs
(Greg et Karine). À nos débuts, c'était un
écart de presque 20 kilos, nous l'avons
réduit à 10 kilos en 10 ans (non... ce
n'est pas Karine qui a pris 10 kilos).

Au moment de la cérémonie d'ouverture
des championnats du monde, sur la
plage, un Aborigène est venu présenter
officiellement un rituel de protection, on
s'est dit qu'on avait visé juste !

>

saient leur saut, ils prendraient
forcément l'avantage.

Depuis janvier 2018, notre stratégie a
été de tout faire, absolument tout, pour
gagner toutes les compétitions. Même la
création de nos deux équipes de D2W et
notre participation aux trois compétitions
de soufflerie 2018 en faisaient partie.
Notre année se termine avec quatre médailles d'or et un titre de champion du
monde : c'est une énorme satisfaction
pour nous, on a réussi !
Nous remercions chaleureusement
toutes ces personnes qui nous ont croisés
et soutenus pendant ces dix ans. n

Je me suis inspirée de leurs peintures
corporelles pour créer un motif sur nos
combinaisons et comme notre figure
de sortie présente le sommet de ma
tête avec des bras et des jambes, je me
suis dit qu'un masque sur nos casques
complèterait le costume. Ces masques
apparaissent en créant un effet de
surprise.
À la base, les casques ont un fond
blanc, que nous avons peint en rouge
par-dessus un pochoir. Nous les avons
ensuite fait recouvrir d'un vernis.

Photo Alexandre Combemorel

Boom, ça tombait sous le sens ! Depuis
que je suis petite, les tribus du monde
entier me fascinent. J'ai commencé à
regarder des documentaires sur les
Aborigènes et leur histoire sur le
continent australien.

Les 20 champions du monde de freefly

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Novembre18:378
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10 championnats du monde et 20 champions du monde de freefly :
17 hommes et 3 femmes. 5 fois la France, 3 fois les États-Unis
et 2 fois la Russie.
2001 : Etats-Unis, Free Fly Circus - Rook Nelson, Mike Swanson, Olav Zipser
2003 : Etats-Unis, Alchemy - Rook Nelson, Mike Swanson, John Devore
2004 : France, Babylon - Fred Fugen, Vince Reffet, Stéphane Fardel
2006 : France, Babylon - Fred Fugen, Vince Reffet, Stephane Fardel
2008 : France, Babylon - Fred Fugen, Vince Reffet, Cathy Bouette
2010 : Etats-Unis, Socal Converge - Andy Malchiodi, Travis Feinhage, Matthew Lewis
2012 : France, Krystal - Nicolas Goutin, Domitile Kiger, Matthew Hill
2014 : Russie, Tunnel Rats - Mikhail Razomazov, Aleksander Ragulin, Valery Konnov
2016 : Russie, Tunnel Rats - Mikhail Razomazov, Aleksander Ragulin, Valery Konnov
2018 : France, AirWax - Gregory Crozier, Karine Joly, Baptiste Welsch
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