ParaMag - N°387 - Août 2019 - 53

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INCIDENTS

du plateau, ce qui ne devrait pas
être particulièrement difficile pour ce
lundi de Pâques. Heure prévue de
largage : midi.
Petite Crevette travaille avec son mari à la
pizzeria de M'Babane qui est située à une
centaine de kilomètres de la station de
ski de Squaw Mountain. Avec ses 45 kilos
toute mouillée, elle va devoir s'équiper
d'un gros dorsal et d'un ventral, alors que
son aile, voile plus compacte contenue
dans un parachute «tout-dans-le-dos»,
est plus confortable et particulièrement
plus performante.
Gustave, lui aussi, abandonne son toutdans-le-dos pour un dorsal-ventral avec
un «Papillon» en voile principale.
Le journaliste rencontre les parachutistes
le matin même du saut. C'est son premier
reportage sportif, et il a emporté son
appareil photo pour illustrer son article
du très connu journal, «Le Petit Montagnard». Le Cessna 182 les attend avec
son pilote Jerry Gooz. Le journaliste prend
plein de notes sur son petit calepin quand
Gooz indique qu'il faut y aller, car le Cessna 182 va mettre un peu de temps pour
monter à 3700 mètres. En 1977, beaucoup de Cessna affectés au parachutisme
ne sont pas équipés de porte. Celui-là ne
déroge pas à la règle.

Top largage. Gustave quitte l'avion
au-dessus du plateau sud du Pic du
Chanoine. Il est suivi cinq secondes plus
tard par notre championne de P.A.
Ils ouvrent tout de suite leur parachute
et...Horreur !
Gustave s'aperçoit tout de suite qu'il a fait
une erreur de largage et que, en plus, le
vent s'est levé. Pendant ce temps-là, le
journaliste du Petit Montagnard fait plein
de photos.
Gustave, moniteur confirmé et ancien
commando de l'Armée de l'Air, essaye
de tractionner sur ses élévateurs avant
pour donner un peu plus de vitesse à son
Papillon. Il va se poser le premier, debout,
car il ne veut pas se faire traîner par le
vent qui s'est renforcé.
Sous sa voile «Papillon» de couleurs vert,
blanc et rouge, Petite Crevette recule,
recule... Au moment du posé, elle rebondit
comme une balle de ping-pong. Elle se
fait traîner par cette voile hémisphérique
vers le bout du plateau qui se termine par
un ravin. Avec son aile, elle n'aurait pas
été déportée aussi loin et surtout elle aurait déjà libéré sa voile grâce à la poignée
de libération rapide.
Mais là, les libérateurs sont en métal, donc
froids, et peu pratiques (pour les connaisseurs, précisons qu'il s'agit de Capewells).

Photo ci-dessus
Bien utilisés et dans de bonnes conditions
aérologiques, les parachutes hémisphériques
permettaient de se poser avec précision.
C'est ainsi que le 6 février 1968, les parachutistes
du CNP de Biscarosse ouvraient les Jeux olympiques
en sautant sur le stade de Grenoble, où avait lieu la
cérémonie inaugurale. L'équipe était constituée de
Cros, Pupin, Lard, Grivet, Faucher et Proly.
Chacun disposait d'un parachute de la couleur
de l'un des anneaux ; les cinq anneaux étaient
matérialisés sur le sol et constituaient la cible.
Des sauts de ce type ont ouvert les compétitions
sur les différents sites. La difficulté majeure était
alors d'atterrir au milieu des câbles des remontées
mécaniques et autres fils électriques.
En 1977, il n'était donc pas si surprenant que
Luigi impose un parachute hémisphérique
à «Petite Crevette».
Source : Mémoire du parachutisme civil
à Biscarosse

Sa manche de combinaison droite est
arrachée par la glace et les petits cailloux
qui affleurent. La peau de son avant-bras
est tout en lambeaux et elle a aux pieds
ses tennis qui glissent sur le sol glacé.
Elle est au bout du plateau et elle
commence sa descente sans frein vers
le ravin. La pente ressemble de plus
en plus à un mur. D'un seul coup,
elle s'arrête. Une suspente s'est accrochée à un rocher. Ouf !
Petite Crevette est à flanc de montagne.
Elle va mettre très longtemps pour se
déséquiper, car elle a peur de continuer
sa descente jusqu'au fond du ravin,
plusieurs centaines de mètres plus bas.
Il y a à peine 50 mètres à remonter pour
rejoindre le plateau, mais ses tennis
glissent et n'arrivent pas à entailler la
glace. Elle doit patienter pour attendre
les secours.

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Août19:387
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Le journaliste s'installe derrière le pilote.
Gustave est à la porte dans le sens
inverse de la marche et Petite Crevette
est face à lui. Gooz annonce au bout de
très-très longues minutes que l'on arrive
sur axe. Gustave penche un peu la tête
pour vérifier et affiner l'axe de largage.

Il a reconnu la station de ski Squaw
Mountain et fait signe au pilote de réduire
les gaz afin que nos deux compères
puissent partir. Gooz fait «oui-oui» de la
tête, et il est pressé de rentrer à
l'aérodrome pour soulager sa vessie.

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