ParaMag - N°387 - Août 2019 - 54

INCIDENTS

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Gustave a réussi à rejoindre la station de
ski Squaw Mountain et les secouristes.
Il ne sait absolument pas où se trouve
Petite Crevette. Il téléphone au pilote qui
ne se souvient plus du largage, car il avait
réellement besoin d'aller aux toilettes de
façon urgente. Le journaliste qui est à
côté de Gooz, le pilote, a une idée.
Il a photographié les deux atterrissages
et, avec ses photos, ce devrait être plus
simple pour retrouver Petite Crevette.
Ils filent chez Jeff, son copain photographe. Ni une ni deux, ils développent
les photos, Gooz prend les clichés et file
vers l'héliport pour décoller tout de suite
vers Squaw Mountain.
Arrivé sur la base des secouristes, un des
leurs reconnaît l'endroit. Ils attrapent leur
matériel d'escalade et filent vers le bord
du plateau. Et pendant ce temps-là,
Petite Crevette chante.
Au bout de quatre heures, les sauveteurs
descendent en rappel jusqu'à elle. Ils lui
passent un harnais de sécurité et ils la
remontent tout doucement ainsi que le
lourd paquet de tissu vert, blanc et rouge
du parachute.
Gustave est soulagé. Luigi est prévenu
que tout va bien. Après de rapides soins
sur son avant-bras, Petite Crevette redescend en voiture avec Gustave vers sa
pizzeria. Elle a prévenu son compagnon
qu'elle aurait un peu de retard. Gustave
conduit rapidement la voiture et Petite
Crevette peut commencer à enfourner
les pizzas, comme si de rien n'était.
Au bout d'une heure, elle s'évanouit,
trop c'est trop.

Notre analyse

Le saut de démonstration en univers
extrême doit être préparé avec soin,
mais parfois il n'y a pas assez de temps.
L'expérience et la répétition des sauts font
que souvent cela se passe mieux que
dans ce récit ! Pour avoir raté complètement un saut de meeting sur Paris, je
compatis et comprends les vicissitudes
de nos deux compères.
Pour ce genre de saut, il vaut mieux sauter avec son matériel habituel. En plus,
les parachutes hémisphériques, Olympics
et Papillons, ne permettaient pas de
compenser une erreur de largage autant
que les ailes. C'était donc rageant pour
Petite Crevette de ne pas pouvoir utiliser
son aile favorite.

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Il a fallu encore quelques années pour
que les mentalités évoluent chez les
dirigeants parachutistes, et que les
parachutes ailes, dont les performances
évoluaient elles aussi, soient utilisés
systématiquement, même en compétition,
et même en école !

LA GÉNÉRATION 1997

Petite Crevette est une jeune fille aussi
menue que sa maman, qui est parachutiste. Bien sûr, elle a voulu sauter en
parachute, comme sa maman. Pour lier
l'utile à l'agréable, notre Petite Crevette
aux yeux bleus a décidé d'intégrer les
forces militaires de ce pays de la frontière
dont M'Babane est aussi le centre logistique. Devenue caporal, Petite Crevette
doit se former et, pour obtenir son brevet
de parachutiste militaire, elle doit sauter
en parachute rond avec son treillis, son
casque lourd et ses rangers, comme
beaucoup de jeunes gens de cette
génération 1997.
Avant, il n'y avait pas ou très peu de
femmes soldats ; là aussi tout change
et Petite Crevette doit suivre la formation comme les autres, même si elle
a passé toute son enfance à suivre sa
mère, devenue championne de précision
d'atterrissage.
Elle apprend la technique du roulé-boulé.
Certains parachutistes se souviennent forcément du «fesse droite-épaule gauche».
Mais ça, c'était avant.
L'avion affrété pour ces militaires est un
DC3 ou Dakota. Cette après-midi-là,
le saut est prévu à 14 heures.
Les vingt militaires s'équipent tranquillement sous les ordres de leur sergent,
Mike, plus connu par tout le monde sous
le nom de code Mickey.
Comme beaucoup d'anciens très bons
soldats, Mickey ne voit pas l'arrivée des
femmes comme une bonne chose.
Il va inspecter et vérifier sa troupe, et
en particulier Petite Crevette et ses 44
kilos. Cette dernière doit porter le même

Photos ci-dessus et ci-contre
TAP 696-26 F2 : C'est avec un parachute de ce
type que Petite Crevette a dérivé sur environ
60 kilomètres de distance. Le TAP 696 a été mis
en service à partir de 1981 dans les troupes
aéroportées françaises. Son système de traction,
réalisé au moyen de quatre commandes reliées
à quatre fenêtres sur la voilure, permettait d'acquérir
une vitesse propre dans quatre directions.
En fonction du poids équipé du parachutiste,
la vitesse limite de vent au sol pouvait aller jusqu'à
10 m/s. Mais avec seulement 40 kilos de poids
suspendu, comme «Petite Crevette» l'a appris
à ses dépens, le parachute ne se comportait
pas toujours comme prévu.
Photos ETAP

matériel que les hommes, mais il lui
manque au moins une vingtaine de kilos,
voire plus.
Mickey réunit devant lui tout son stick et
lui indique qu'il faudra tractionner vers le
soleil et jamais en direction des montagnes, dont on aperçoit les sommets
vers 2 000 mètres de hauteur, pour se
poser bien face au vent.
Le DC3 fait rugir ses deux moteurs.
Tout le monde pénètre dans l'avion et
c'est Petite Crevette qui sortira dernière
du troisième et dernier passage.
400 mètres. Le premier en position.
Mickey vérifie le largage et s'occupe des
SOA (sangles d'ouverture automatique)
de chacun de ses soldats. Au troisième
passage, il fait même un petit sourire à
Petite Crevette. La voile hémisphérique
couleur kaki se gonfle dès la sortie
d'avion. Tout va bien. Petite Crevette lève
la tête, pas de torsades ou twists ni de
déchirure sur la voile. Elle regarde au sol
pour visualiser la zone d'atterrissage.
Elle voit tous ses copains en train de se
poser, mais elle reste en l'air et à la même
hauteur, voire elle monte tout doucement.
Elle essaye de tractionner sur un seul
élévateur, mais c'est dur et la voile ne
descend pas d'un millimètre. Elle sait
que parfois, il y a des courants ascendants qui existent, mais généralement
ce sont les parapentistes qui les utilisent
avec maestria.
Le terrain s'éloigne, elle est déjà à 10
kilomètres. Elle a vu l'ambulance militaire,
reconnaissable à sa grande croix rouge
sur un carré blanc au milieu d'une belle
peinture kaki.
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