ParaMag - N°389 - Octobre 2019 - 19

MALADIE EN CHUTE LIBRE

OU COMMENT RETROUVER UN SECOND SOUFFLE
Par Christian Castillo

Chacun d'entre nous a déjà croisé la route
du cancer. Parfois une connaissance,
plus souvent un ami ou un membre de sa
famille quand ce n'est pas de plein fouet,
dans sa propre chair.
Dès lors que «le crabe» s'attaque à notre
santé, il ravage également nos projets
et nos espoirs. La peur de perdre ce
qui nous est le plus cher nous oblige au
combat. Pas le choix.
C'est à ce moment précis que l'idée de
Tia Chaumeret relève du génie. Jeune
parachutiste, seulement âgée de 17 ans
lorsqu'elle a décidé de créer, il y a deux
ans, une association qui s'est donné pour
mission de faire sauter en tandem des
personnes atteintes - ou en rémission du cancer.
Le dépassement de soi comme thérapie.
Vaincre sa peur du vide, se découvrir
capable de le faire. Les métaphores ne
manquent pas. Sinon l'émotion, tout
simplement.
«J'ai pu sauter juste après la fin de mes
traitements lourds. Au-delà de l'expérience inouïe de la chute libre et du plaisir
de profiter de l'instant, j'ai vraiment eu
l'impression de sauter dans ma nouvelle
vie, de plonger vers des jours meilleurs.
Une grande sensation de liberté» nous
confie Sophie, la première des 19 combattants ayant sauté grâce à l'association.
Avant de devenir concret, le projet de
«Maladie en chute libre» nécessitait des
fonds. Tia et son armée de bénévoles
ont multiplié les initiatives, en faisant les
choses dans le bon ordre. Ils se sont
d'abord structurés, entourés de professionnels de santé et du parachutisme,
avant de se faire connaître sur les réseaux
sociaux et dans la presse locale. Ensuite,
ils ont vendu tous azimuts des gâteaux
sur la place du marché de Moissac ou
des tee-shirts, imprimé et distribué des
tracts, démarché des sponsors, des
DZ, des moniteurs tandem jusqu'à être
retenus par le comité éthique du lycée
«Le Caousou» à Toulouse et de gagner la
somme de 2300 €.

Tombent également beaucoup d'aprioris,
car après avis médical, et dans la plupart
des cas, le cancer n'exclut pas celui qui
en souffre de pratiquer le parachutisme.
«Quand on subit la maladie, on se sent
diminué. Sauter de 4000 mètres, c'était
comme un challenge. J'ai eu très peur.
J'ai hurlé pendant toute la chute. Il faut
dire que je suis une trouillarde (rires).
On était trois ce jour-là et nous avons
toutes ressenti la même chose : c'était
comme si on allait de l'avant. On se sent
plus fières, plus fortes» affirme une autre
combattante, qui s'appelle également
Sandrine.
Tous ceux qui croisent la route de Tia
applaudissent l'initiative. La rédaction de
ParaMag tenait particulièrement à mettre
en lumière cette association, car au-delà
de son action louable, «Maladie en chute

libre» propose un nouveau regard sur le
parachutisme et casse les idées reçues
sur l'activité. Deux ans après sa création,
l'association prépare activement sa prochaine saison. Un dossier a été déposé
auprès de la FFP afin de solliciter une
aide financière. Beaucoup d'oncologues
et d'hôpitaux du sud de la France disposent dorénavant de dépliants présentant «Maladie en Chute libre». Enfin, pour
donner encore plus de force au projet, les
bénévoles ont mis en ligne une cagnotte
Leetchi, permettant à tout le monde de
participer, et une page Facebook qu'il est
indispensable de liker ! n

Lien Internet

La page Facebook : https://www.facebook.
com/maladieenchutelibre/
La cagnotte : http://www.leetchi.com/c/
des-sauts-pour-nos-malades

Octobre19:389
paramag.fr

Formée à l'école de parachutisme
Midi-Pyrénées (Bouloc), Tia a trouvé en
sa présidente, Isabelle Deschamps, un
soutien capital et un partenaire : «Nous
accompagnons Tia dans son projet
depuis le premier jour. Nous accueillons

Maladie en Chute Libre et mettons à
la disposition de ses bénévoles et des
malades l'ensemble de notre infrastructure». Sur le terrain, Jérôme Hamon, le
directeur technique de Bouloc, organise
les sessions de saut avec ses moniteurs
- tous sensibilisés à la cause. Dans sa
page Facebook «Ma vie 2.0», Sandrine
confie avoir découvert «une communauté
fort sympathique. Je ne me suis jamais
sentie aussi vivante. Mon saut représente
dorénavant un merveilleux souvenir qui
viendra adoucir les mauvais. Je m'étais
promis que 2019 serait l'année où je ferai
tomber une à une mes barrières. En voilà
une qui tombe».

http://www.paramag.fr https://www.facebook.com/maladieenchutelibre/ http://www.leetchi.com/c/des-sauts-pour-nos-malades

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