ParaMag - N°390 - Novembre 2019 - 44

Parmi tous ceux qui se présentent à l'examen d'initiateur, il reste difficile d'évaluer
le nombre de ceux qui le font massivement dans cette perspective économique.
Il n'en reste pas moins qu'elle reste
présente à l'esprit et qu'elle parasite avec
plus ou moins de force la relation entre
l'initiateur et ses élèves.

«Certains
veulent devenir
initiateurs pour
ne plus payer
leurs sauts
et se former
en tant
qu'enseignant,
aux frais de la
communauté.»
Ahmed Sferi

Novembre19:390
paramag.fr

Cette perspective financière se présente
dans les sauts en «one to one», mais
aussi de manière plus insidieuse dans
les sauts d'initiation de groupe. Il est
d'usage que la «place avion» de l'initiateur
soit payée par la DZ à partir d'un certain
nombre de pratiquants dans le saut.
Voilà qui pousse certains élèves à
favoriser les sauts en groupe constitué

Benoît Alziary

L'entrelacement de l'aspect financier et
du caractère pédagogique d'un saut peut
pousser de manière insidieuse certains
parachutistes à devenir initiateurs pour ne
plus avoir à payer leur propre saut. À ce
sujet Ahmed Sferi nous dit: «Il n'est pas
dans notre culture d'investir sur soi-même
(....) tout comme certains sautants qui
n'investissent pas dans leur formation de
para en faisant beaucoup trop de sauts
«fun», certains veulent devenir initiateurs
pour ne plus payer leurs sauts et se
former en tant qu'enseignant aux frais de
la communauté».

Olivier Hénaff

PÉDAGOGIE

D'un point de vue financier, devenir
instructeur, ce n'est donc plus seulement
ne plus payer, mais c'est être rémunéré
pour assouvir sa passion du vol, sous
couvert de transmettre son expérience
et son savoir à ses élèves.

plutôt qu'en «one to one» dont ils auraient
davantage besoin.
C'est là que la question de la rentabilité
du saut entre dangereusement en jeu
dans le cadre de l'apprentissage
et de la sécurité. Pour un jeune initiateur,
les petits groupes sont plus faciles
à gérer sur le plan pédagogique
et sur celui de la sécurité.
Si la responsabilité pédagogique pèse
lourdement sur les épaules de l'initiateur,
la politique financière de la DZ a sa part
de responsabilité. Car plus le nombre de
sautants requis par la DZ (pour prendre
en charge le saut du moniteur) est important, plus les élèves vont vouloir constituer
de grands groupes.
L'initiateur se retrouve à nouveau pris
«entre le marteau et l'enclume».
L'initiateur est coincé entre les enjeux
pédagogiques/sécuritaires et les enjeux
financiers supportés par les élèves :
sa place est inconfortable.

Photos ci-dessus
L'enseignement en méthode PAC est une des
facettes de l'activité d'enseignement très large
pratiquée par Marin Ferré.

Pas facile de sortir un sautant d'un groupe
parce qu'il n'a pas le niveau requis pour
le saut, alors que sa présence permettrait
à l'ensemble des sautants de payer moins
cher le saut de groupe. L'initiateur ne peut
supporter seul cette responsabilité.
Dans le cadre des «grandes formations»,
les load organizers (LO) sont aussi sans
cesse confrontés à la question financière. Bien que les parachutistes qui se
présentent aux sauts de grande formation
soient censés être dotés d'une expérience
déjà solide, il s'agit bien d'une relation
«enseignant/élève» entre LO et sautants.
Dans les sauts de groupe, de records,
les notions de temps et d'argent sont
d'autant plus présentes.

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