ParaMag - N°391 - Décembre 2019 - 51

Jean-Marc étant un enseignant à la base,
il trouvait que cette méthode était en
contradiction avec les théories de l'apprentissage, de la pédagogie. À ses yeux,
l'AFF était archaïque. Il s'en est rapidement rendu compte, j'étais en charge de
la PAC à ce moment-là et il a demandé
à Frédéric Rami, enseignant lui aussi, de
m'épauler. Et nous avons développé une
méthode plus pédagogique.

Cela ne s'est pas totalement fait sans mal,
mais il faut reconnaître que Jean-Marc a
appuyé pour que cela se mette en place
malgré tout. Et la FFP était reconnue au
niveau mondial comme un organisme
qui s'occupait particulièrement bien des
matériels.

Nous nous sommes appuyés sur l'expérience de trois des premiers moniteurs
PAC français qui étaient Alain Morin,
Hubert Zamora et Bernard Hally. Ils
avaient déjà fait évoluer la méthode en y
introduisant une plus grande part d'adaptation individualisée des exercices aux
capacités de progression de l'élève.

Tu gardes donc un bon souvenir des
débuts de Jean-Marc en tant que DTN ?
Tout à fait, et pas que des débuts ! Il a
été dans la continuité : lorsque tu lui soumettais une idée, très rapidement il voyait
loin, il savait déterminer si elle pouvait être
efficace ou pas, et ensuite il savait laisser
la bride sur le cou à ses cadres.

Jean-Marc est parti directement dans
cette direction, et si la méthode PAC est
telle qu'elle est enseignée actuellement,
c'est essentiellement grâce à son soutien.
Il y a eu aussi quelques loupés comme
la Trad PAC, la Tandem PAC, qui ont été
dévoyées sur le terrain, et Jean-Marc a dû
et su dire «stop».

Si quelque chose de nouveau était mis en
place, il s'engageait, il signait et ensuite il
soutenait ses cadres impliqués. Ça a été
très plaisant de travailler avec lui.

Beaucoup de pays fonctionnent encore
sous le régime de l'AFF américaine ou
sous des méthodes qui s'en rapprochent.
Certains ont évolué en mélangeant la méthode US et la méthode PAC française.

Tout n'était pas rose bien sûr, il faisait
confiance, mais lorsque ça n'allait pas,
ça ronflait ! Ce qui est logique.

Cette méthode a un gros avantage pour
les moniteurs américains : avec le système de décharge de responsabilité, ils
suivent le programme à la lettre et ils ne
sont jamais embêtés sur la question d'un
choix pédagogique.

C'est-à-dire ?
Le DTN est placé auprès du président,
mais il demeure un agent de l'État. Sa
mission est d'appliquer la politique fédérale et cette politique est négociée entre
l'État et la fédération.

Durant l'AG de la FFP en 1999, Jean-Marc Seurin
siège en DTN à la tribune. Cette année-là,
la fédération fêtait ses 50 ans.
Photo Bruno Passe - Archives ParaMag

Des réunions de préparation établissent
la politique de la fédération, entre les
volontés de l'État et celles des élus
fédéraux. Ces volontés s'expriment à
travers de grands axes, par exemple
«les féminines», «le handicap»,
«le sport dans la ville», etc. Le DTN garde
son statut de fonctionnaire, et donc sa
sécurité d'emploi, mais sa position reste
délicate, car son «patron» est le directeur
des Sports, tandis qu'il doit travailler avec
le président de la fédération auprès de
laquelle il est placé.
Durant sa carrière à la FFP, Jean-Marc
a donc travaillé avec six président(e)s
différents : Bernard Colas, Hugues
Boisot, Jacques Lafitte, Jean-François
Angles, François Bouteloup, et Marie-Claude Feydeau. Mais il serait trop
long de développer ici tous les détails de
ce fonctionnement, et ce qui y a mis fin.
Peut-être dans une autre interview ?
Oui, pourquoi pas !
Pour conclure sur le chemin que tu as
parcouru avec Jean-Marc Seurin ?
Je dirais qu'à cette époque, ça a été facile
de travailler avec lui, parfois ça coinçait,
mais il faisait le job, il allait au charbon.
Je garde un excellent souvenir de cette
période tout simplement parce qu'il faisait
confiance à son équipe. On prenait une
bonne avoinée en cas d'erreur, tout le
monde en fait à un moment ou à un
autre, on s'en mettait parfois des bonnes
en réunion, mais quand on sortait de
la salle, c'était réglé, ça repartait, et ça
continuait d'avancer, il n'y avait plus rien
qui traînait dans les placards.
Jusqu'à son départ, il a été un des
acteurs majeurs de l'augmentation du
niveau de sécurité de la pratique du
parachutisme sportif et du matériel utilisé
pour son enseignement. n

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Décembre19:391
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Peux-tu nous dire aussi quelques mots
sur l'évolution de la PAC en France,
à cette époque ?
La formation venait des États-Unis, l'AFF
est une méthode très codifiée, «step by
step». Les trois premiers sauts se passent
avec deux moniteurs et chaque exercice
doit être impérativement réussi pour
passer au niveau suivant, quitte à refaire
plusieurs fois le même exercice et donc
les mêmes sauts.

En quoi la durée de la mission de JeanMarc en tant que DTN à la FFP a-t-elle
été exceptionnellement longue ?
Tout d'abord, parce que son travail convenait aux présidents qu'il côtoyait et qu'il
était soutenu par ses cadres. Quelques
années avant la fin de sa mission auprès
de la FFP, un des secrétaires d'État de la
Jeunesse et des Sports de l'époque, Bernard Laporte, avait décidé de limiter cette
durée pour les DTN à deux olympiades,
au maximum. Il estimait que, passé ce
délai, les DTN devaient changer de poste,
la durée d'une olympiade étant de quatre
ans. Entre 2007 et 2008, Jean-Marc
aurait donc dû partir, mais l'ensemble de
la direction technique, de son équipe, a
fait bloc et s'est manifesté auprès du ministère pour qu'il reste. Et ça a marché !
Il semble que le parachutisme soit le seul
sport dans lequel un tel phénomène s'est
produit. Ensuite, parce le poste de DTN
est un poste clef, un poste charnière.

Il savait souder l'équipe de la DTN tout
en lui laissant une grande marge de
manœuvre. Et même si certains le lui ont
reproché, ça a été efficace et l'époque
avait besoin de cela. La preuve : il y a eu
des percées dans divers domaines : dans
le haut niveau, dans le matériel, dans le
tandem, dans la PAC...

HOMMAGE

Ce domaine des parachutes de secours
n'est-il pas du ressort de l'aviation
civile ?
Aussi, car le constructeur détient le
certificat de parachute et à ce titre,
il peut former des plieurs-réparateurs.
Comme pour le tandem, il y a eu une
impulsion de Jean-Marc pour que soit
mise en place une seule formation, pour
que dans ce domaine également tout le
monde passe par le même filtre, avec le
même niveau d'exigence.

La position du moniteur est simple : il fait
faire les exercices, si ça ne marche pas
l'élève recommence, et cela autant de fois
que nécessaire. Et si l'élève abandonne,
ce n'est pas grave, il a payé !

milieu qui perdait des prérogatives.
Mais devant le bénéfice de diminution
du risque pour le public, Jean-Marc a
tenu bon pour que cela aboutisse.

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