ParaMag - N°391 - Décembre 2019 - 52

PROLOGUE

HOMMAGE

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JMS : «DT DE TOUS LES DT»

Avant d'être nommé directeur technique
national (DTN) à la FFP, avant même de
pratiquer la compétition à haut niveau,
Jean-Marc Seurin a fait ses débuts en
tant que DT (directeur technique) en
1979, à l'époque on disait «chef de
centre», au CERPN (centre école régional
de parachutisme de Normandie).
Après avoir débuté le parachutisme à
Reims, il est donc revenu en Normandie
et c'est ainsi qu'il a d'abord été un jeune
DT, avant de devenir, en 1990, le plus
jeune des DTN de France, lorsque le
Ministère lui confia ce poste à la FFP.
Jeune et expérimenté, que ce soit en
compétition comme en enseignement,
ses pairs disaient de «JMS» (pour reprendre ses initiales) qu'il était «le DT de
tous les DT».
Une ascension éclair pour une durée
exceptionnelle, comme l'a expliqué précédemment Jean-François Prunier. Mais
lorsque l'on atteint un sommet très tôt, on
n'est pas forcément préparé à le quitter
de sitôt.
Flash-back : en 2009, soit, tout de
même, 18 ans et 10 mois après sa
nomination en tant que de DTN à la FFP,
Jean-Marc Seurin doit quitter ce poste.
Le choix vient clairement des élus fédéraux.

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paramag.fr

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Yves-Marie Guillaud, dans son article
«Réflexion de l'Iconoclaste sur le DTN
(cf. ParaMag n°266 de juillet 2009) y
voit la fin d'un cycle : «Tout le monde
s'accorde sur la nécessité d'une réforme
en profondeur de la FFP, de ses objectifs
et de son fonctionnement. .../... Manifestement le DTN et les nouveaux dirigeants
de la FFP n'ont pu se mettre d'accord sur
la nature et les modalités de la réforme
de la DTN. La fin de l'opulence financière,
conséquence de la baisse conjuguée des
licences et des subventions, ne permet
pas de faire l'impasse sur une réforme en
profondeur que tout le monde réclame et
dont les deux listes candidates aux élections de la FFP se sont faites les hérauts.
La fin d'un cycle, disions-nous.»
Jean-Marc doit alors faire preuve d'adaptation, car le Ministère des Sports lui
confie une toute autre mission : celle de
DTN de la fédération française de baseball & softball. Il y restera durant trois ans
et demi avant de retrouver un domaine

Par Bruno Passe

plus aérien, en janvier 2014, date à laquelle le Ministère lui attribue un poste de
CTN à la FFPLUM (la fédération française
d'ULM). Durant cinq ans, il travaillera aux
côtés du DTN de cette fédération, avant
de prendre sa retraite professionnelle du
ministère en 2018.
Bien qu'ayant changé de secteur d'activité
dans sa vie professionnelle, Jean-Marc
n'a jamais cessé de pratiquer et d'enseigner le parachutisme. Alors qu'il avait
bourlingué un peu partout en France et
dans le monde entier, il choisit de se baser sur un des centres avec lequel il était
déjà familier : le CERP de Lens, dans le
Pas-de-Calais. Il y pratique régulièrement
le tandem et la PAC, tout en s'impliquant
progressivement dans la vie associative.
En fin 2016, lorsque le jeune moniteur
pressenti pour prendre la direction technique du CERPL ne peut pas le faire suite
à la mise en place d'une nouvelle réglementation ministérielle, le centre est dans
l'impasse. Difficulté supplémentaire :
son Pilatus est bloqué sur le tarmac de
l'aérodrome de Gap-Tallard, l'atelier qui
s'en était vu confier l'entretien ayant
aiguillonné les dirigeants lensois dans une
procédure judicaire complexe.
Le CERP de Lens se trouve donc dans
une situation extrêmement difficile
lorsque Jean-Marc en reprend la direction
technique, en 2017, aux côtés d'une nouvelle équipe avec qui il relève le défi.
Défi pour le centre de Lens, comment
fait-on du parachutisme lorsqu'on
n'a plus d'avion ? Fort d'un carnet de
contacts bien garni et de son pouvoir
de persuasion, Jean-Marc saura trouver
des solutions et des avions de location.
Il contribuera largement à sauver une
saison qui était plus que compromise, et
à persévérer en 2018 puisque la situation
du Pilatus du centre est enlisée dans une
interminable procédure judicaire.
Défi personnel pour lui aussi, peut-être ?
Redevenir DT d'un modeste centre école,
lorsque l'on a été DTN, le «DT de tous les
DT», ce n'est pas si évident ! Pour lui ça
l'est : un peu comme lorsqu'il remettait
en jeu, avec l'équipe de France, son titre
de champion du monde. Sur les sept
mois d'ouverture en 2018, il lui aura fallu
gérer la mise en place de onze avions différents, ce qui est sans doute un record

En assemblée générale du CERP de Lens, en 2018 :
le Pilatus est toujours bloqué sur l'aérodrome de
Gap-Tallard, il n'y a donc pas d'avion pour démarrer
la saison, mais Jean-Marc garde le sourire,
et surtout : il a des solutions !
Photo Bruno Passe

sur une même plateforme ! Et ces onze
avions étaient de cinq types différents,
voici le topo : C207 Soloy, Pilatus PC6
B2H2, Pilatus PC6 B2H4, C208 Caravan
et Short Skyvan, qui dit mieux ?
En septembre 2019, après trois saisons
menées de main de maître, le Pilatus
étant revenu sur sa base lensoise sous
les couleurs de l'atelier Blue Aero (basé à
Grenoble), Jean-Marc dirigea en beauté
le dernier gros rendez-vous du CERP
Lens, son événement phare : le Fly fort
David. Cette édition 2019, la quatrième,
fut mémorable : organisée pour la deuxième fois autour d'un Skyvan et avec un
staff d'organisateurs de niveau international, il y eu 1060 sauts en trois jours, dans
la bonne humeur et la chaleur du Nord,
que Jean-Marc avait fait sienne.
Le 29 octobre dernier à Arras, lors de la
cérémonie d'hommage religieux, les mots
du président du centre voisin de Frétoyle-Château sont lus publiquement :
«Le centre école de Lens perd un
grand Monsieur. Jean-Marc Seurin était
apprécié de tous. Son charisme de grand
parachutiste, d'excellent pédagogue, son
immense gentillesse et humanité resteront à jamais dans nos mémoires».
Pour les plus anciens pratiquants lensois,
ceux qui connaissaient déjà Jean-Marc,
ces qualités étaient une évidence. Et on
ne prête pas trop attention aux évidences.
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