ParaMag - N°392 - Janvier 2020 - 18

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L'AVENIR DU PARACHUTISME

Le 30 novembre dernier, la FFP a organisé une journée de réflexion
sur l'avenir du parachutisme (voir brève «Débats FFP sur l'avenir»
en page 16). Étaient invités les écoles, les comités départementaux et les ligues. Non convié, ParaMag rappelle ici quelques
réflexions sur l'avenir du parachutisme publiées dans ses pages
ces dix dernières années. Il y en a tant que le choix a été cornélien.
Preuve est ainsi apportée que la première force de réflexion et de
proposition pour les pratiquants est, et reste, ParaMag...
Réflexion «esprit de lucre», décembre 2009 : Diriger une école de
parachutisme nécessite de s'interroger sur le sens de cette action.
S'agit-il de gérer un remonte-pente-avion ? Une école est-elle réductible à sa seule activité économique ? S'agit-il de proposer une raison d'être en commun, d'insuffler un esprit de solidarité, de réunir
des hommes et des femmes plutôt que des vecteurs économiques ?
Quels sauts plutôt que combien de sauts ?
La réponse est d'abord de réorienter dans un sens humaniste.
Prendre appui sur les déceptions et les aspirations pour rendre le
goût de la responsabilité et de la solidarité. Il y faut des idées, mais
surtout des esprits capables de donner un sens à ces idées.
Réflexion «petites choses», août 2010 : Le parachutisme peut-il se
payer le luxe de ne pas raisonner collectif ?
Réflexion «chahut», novembre 2010 : Le parachutisme est traversé
de lignes de tension et de lignes de fracture, et pas seulement au sein
de la FFP. Individualisme et fraternité sont les deux facettes entre
lesquelles se trouve le point de rupture potentiel. La gageure imposée
aux dirigeants est de gérer cette dichotomie en parvenant à maintenir
l'unité, dans la dynamique et non dans l'immobilisme.
Le marketing apporte une réponse qui pourrait inspirer la suite de
l'histoire : rassembler les gens, chercher une convergence vers le
point le plus avancé. Qu'ont donc en commun tous les acteurs du parachutisme ? Quelles sont leurs divergences irréductibles ? Comment
les rassembler vers leur point de convergence ?
Réflexion «ce que sera 2011», janvier 2011 : Les couloirs de la FFP
bruissent d'un projet d'une nouvelle implantation des centres d'activité qui viserait à les regrouper au sein d'écoles régionales de grande
taille.
Un tel projet avait déjà existé. Il était exprimé ainsi: «La nouvelle
implantation des centres: celle-ci doit représenter le découpage
d'influence des zones de pratique sportive. Ce découpage doit être
invariable. Il apparaît nécessaire d'en prévoir un nombre restreint.
De par cette décongestion, les centres pourront alors faire de l'école,
du perfectionnement et de l'entraînement dans de bien meilleures
conditions, et cela sous l'autorité de la fédération. Le projet prévoit
10 zones.»

Janvier20:392
paramag.fr

À l'époque, la FFP se nommait encore la FNPF (Fédération Nationale
des Parachutistes Français). Certains croyaient aux lendemains qui
chantent, à la sagesse d'un soviet suprême pour faire le bonheur du
peuple malgré lui, aux bienfaits du collectivisme et aux vertus des
kolkhozes. En 1967...
Réflexion «dénigrement», juillet 2012 : Mais qu'est-ce, l'essentiel,
dans le parachutisme d'aujourd'hui ? Qu'est-ce qui unit les parachutistes ? Doit-on répondre : plus grand-chose ? Les professionnels se
disputent les mannes financières du tandem et celles encore plus

Par
Yves-Marie Guillaud

rentables de la vidéo, mais un peu moins les élèves, car c'est plus
compliqué et beaucoup moins rentable.
D'aucuns disent que les pratiquants de parachutisme ont dorénavant une démarche de consommateur et de zappeur. Pour l'essentiel d'entre eux, les nouveaux pratiquants conservent une approche
émerveillée, ouverte, serviable, quelquefois naïve. Ils n'éprouvent
aucune raison d'entrer en concurrence ou en conflit avec d'autres
parachutistes.
Ce sont les intérêts en jeu qui sont le ferment des conflits sporadiques. Gageons qu'ils iront crescendo, car le problème réside dans
une équation nouvelle : le marché parachutiste est restreint tandis
que les intervenants qui entendent en tirer bénéfice sont de plus en
plus nombreux. La croissance de ce marché est devenue inférieure à
la croissance du nombre des professionnels.
Réflexion «gouvernance», janvier 2013 : Comment espérer attirer
des personnalités ayant un profil de chefs d'entreprise compétents
pour diriger des écoles associatives ? Ce n'est pas un problème de
rémunération pour ceux qui ont déjà une réussite professionnelle.
Le problème est qu'un dirigeant compétent, reconnu dans sa vie
professionnelle, et qui engage sa compétence et sa responsabilité
personnelle, peut être soumis à l'insulte et viré comme un malpropre.
Réflexion «ubérisation», janvier 2016 : Il se pourrait bien que l'on assiste à l'ubérisation du parachutisme. Le phénomène n'est pas nouveau. Des sites commerciaux sans attache géographique proposent
via internet des sauts dans la France entière. Même des sociétés avec
attache géographique recrutent partout en France. Pour le tandem,
la messe est dite : l'ubérisation est une réalité. Pour la FFP, tout dépendra de sa capacité à répondre au défi administratif et financier
qui lui est ainsi posé.
Réflexion «organisation future», juin 2016 : L'organisation du parachutisme en France ne peut rester éternellement figée dans le jacobinisme, philosophiquement apparenté au centralisme de l'URSS,
c'est-à-dire dans un exercice du pouvoir centralisé et bureaucratique
par une élite réduite de techniciens étendant leur imperium à tous les
échelons et à tous les domaines.
Le sport parachutiste fédéral est entièrement organisé autour de
l'école et de son chef à plumes, le directeur technique. Est-ce encore
pertinent à l'heure de l'ubérisation ? Alors que l'offre parachutiste
pour des tandems et de la PAC réalisés par des travailleurs indépendants diplômés par l'État (BEES-BPJEPS, para-pro) explose sur le
net, la FFP n'accorde son agrément école qu'à des structures ayant
une assise territoriale avec terrain, bâtiments, avions, parachutes et
directeur technique.
Imaginons une nouvelle organisation basée sur les compétences
reconnues par l'État aux moniteurs qu'il diplôme. L'agrément FFP
devrait être attribué (ou retiré) sur la base des compétences personnelles des moniteurs et non sur celle d'une organisation matérielle
appréciée uniquement par le label. La prestation pédagogique serait
dissociée de l'environnement matériel.
Concernant la journée fédérale de réflexion sur l'avenir du parachutisme, la conclusion est laissée à Daniel Grand qui a écrit sur le
site Facebook du Groupe des abonnés à ParaMag, dont l'objet est
de donner la parole à ceux qui ne l'ont pas : «L'ensemble du parachutisme sportif n'était pas convié à débattre de son avenir. Un peu
bancal comme approche... Chacun est reparti avec ses problèmes.
Et pour les plus généreux avec ceux des autres». n

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