ParaMag - N°393 - Février 2020 - 14

ÉQUIPE

LES
AMBASSADEURS
DE L'ARMÉE DE L'AIR
Interview du lieutenant-colonel Romarie François,
directeur de l'EPPCAA

Emblématique, la Patrouille de France est considérée
comme la Grande Dame, celle dont la représentation est
la plus connue, la plus attendue lors des meetings aériens
et des démonstrations publiques. Elle n'est pas la seule
à mettre en scène, dans le ciel et sur terre, des ambassadeurs de l'Armée de l'air. Tout comme l'équipe de voltige,
le Rafale Solo Display et l'Alpha Jet Solo Display,
l'EPPCAA, l'équipe parachutiste de présentation
et de compétition, tient une place de choix parmi les
ambassadeurs. Nous l'avons rencontrée sur l'aérodrome
de Lens-Bénifontaine, le 8 septembre 2019, lors du grand
meeting aérien Lens-Airshow, qui attire régulièrement
plus de 70.000 spectateurs.

ParaMag : Il semble qu'il y a du nouveau
dans les démonstrations parachutistes
de l'Armée de l'air, avec ces formations
en voile contact ?
Lcl Romarie : En effet, une nouvelle
équipe a été créée en 2016. Grâce à un
entraînement spécifique, cette équipe
possède maintenant un niveau technique
qui lui permet d'enchaîner des figures de
voile contact de 4 à 9 parachutistes, en
fonction du type d'avion mis en place lors
de la manifestation.
Nous avons axé notre programme sur le
vol en formation et peut-être qu'un jour
nous tenterons de présenter des formations à 16.
Au niveau mondial, nous observons
qu'il n'y a presque plus d'équipes qui
présentent ce genre de figures. Les
démonstrations se font plus généralement
par groupes de 3 ou 4 qui pratiquent
la voltige ou de formations qui réalisent
des vols de proximité avec fumigène
(par exemple les Falcons de la Royal Air
Force). Intouchable, l'équipe du Qatar
présente les plus grosses formations,
à 9 ou 16 parachutistes.

Février20:393
paramag.fr

Comment est venue l'idée de présenter à nouveau des formations de voile
contact en démonstration ?
Il y a six ans, suite à la dissolution du
centre de formation et d'entraînement au
parachutisme de haut niveau (CFEPHN)
basé à Gap Tallard, il a fallu reconstruire
l'équipe. Mon prédécesseur a alors initié
ce grand changement, afin que chaque
composante de l'équipe (vol relatif, PA/
voltige, voile contact) s'oriente essentiellement vers la discipline du voile contact.

La compétition a été mise de côté afin de
privilégier les démonstrations, qui permettent de toucher un large public et qui
augmentent ainsi la visibilité pour l'Armée
de l'air. Traditionnellement, l'Armée de l'air
a toujours été très attachée à la discipline
du voile contact, qu'elle est d'ailleurs la
seule à pratiquer, au sein des armées
françaises.
Cela fait maintenant deux ans que nous
bénéficions de l'apport de Patrick Castella*
en tant que coach. Il a permis une
progression technique remarquable des
membres de l'équipe et nous a permis de
passer un cap dans nos démonstrations.
Pour les pratiquants parachutistes, ces
dernières années, les équipes Armée
de l'air étaient surtout connues dans la
pratique de la compétition, il s'agissait
de reconstruire ces équipes-là ?
Oui, c'est cela, jusqu'en 2014, l'EPPCAA
était stationnée à Gap et l'équipe était
principalement orientée vers la compétition et répartie en trois groupes correspondant aux trois disciplines : vol relatif,
voltige/précision d'atterrissage et voile
contact. Les équipes ont été dissoutes
et l'EPPCAA a été reformée sous la responsabilité du Centre air de sauts en vol,
basé à Orléans.
C'est ce qui correspond au changement
d'orientation dans la pratique ?
L'orientation a été portée sur les meetings
et les manifestations aériennes, car il y
a indéniablement plus de public, ce qui
est plus efficace pour le rayonnement
de l'Armée de l'air. Dans le monde de la
compétition, nous avons à faire à un public d'initiés, peu nombreux, et donc une

Photo ci-dessus
Le Wedge, autre formation emblématique
de l'EPPCAA, nécessite, de par sa forme
symétrique, d'être construite obligatoirement
par neuf parachutistes.
Photo BA701

faible audience et peu de visibilité.
Nous nous sommes orientés vers le voile
contact, discipline bien visible pour le
public, et nous avons totalement délaissé
le vol relatif et la voltige. La précision d'atterrissage est encore un peu présente.
Nous avons quatre spécialistes au sein de
l'équipe. Ils assurent ponctuellement des
démonstrations spécifiques : par exemple
un saut de précision sur une barge, à
Sainte-Maxime.
En meeting, notre objectif principal reste
le voile contact, avec parfois des PAtistes
qui portent des drapeaux. Mais 100% de
l'équipe, même les PAtistes, pratique le
voile contact. Stéphane Mener, Gabriel
Castanier, Fréderic Chappuy, Alexandre
Malassenet, qui sont des compétiteurs
de PA/voltige aguerris, s'y sont mis
également.
Ainsi l'équipe a franchi un cap,
ce qui nous permet de présenter
des figures de voile contact plus importantes. Nous devons encore développer
la disponibilité des pilotes de formation.
Pour pouvoir piloter une formation à partir
de 6, puis 9, il faut avoir une certaine
expérience que tout le monde n'a pas
* N.D.L.R. : Patrick Castella est un ancien membre
de l'équipe de France de voile contact, il a été 11
fois champion du monde dans cette discipline.

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