ParaMag - N°396 - Mai 2020 - 28

RÉFLEXION

TOUT NE TOMBE PAS DU CIEL !
FACE AU COVID-19 : QUELLES SOLUTIONS
POUR LE PARACHUTISME ?
Par Olivier Métrot

Le ralentissement de l'épidémie semble bien amorcé. Mais l'immunité collective, qui ferait disparaître
tout risque de propagation, n'est pas acquise. En outre, les tests actuels ne semblent pas donner
toutes les réponses et certains résultats sont incomplets ou éphémères.
Il est probable que nous nous orientons vers une longue cohabitation avec le virus.

Il est donc utopique de croire que dans
quelques mois, nous allons reprendre
notre vie d'avant. Le travail, les voyages,
les déplacements, les pratiques sportives
comme le parachutisme, ne devraient
pas voir un retour à la normale avant
longtemps. Un changement de société
se profile. Dans cette période inédite et
difficile pour tous, il y a lieu de mobiliser
toutes les forces vives du parachutisme
afin de mesurer les impacts sociaux,
sécuritaires, économiques, etc., de cette
crise dévastatrice. C'est pourquoi nous
devons préparer demain dès aujourd'hui,
sans attendre, et réfléchir collectivement
aux écueils que nous allons tous rencontrer.
Il faut donc mettre en œuvre des mesures
concrètes et efficaces indispensables au
sauvetage de notre sport et les consigner
dans une charte précise qui traiterait de
tous les sujets inhérents à la pratique
du parachutisme stipulant les points de
vigilance et des préconisations.

Agir vite, bien
et collectivement !

Mai20:396
paramag.fr

Notre spécificité fera que notre pratique
de demain ne sera pas tout à fait comme
celle d'hier. Et celle d'hier, comme le soulignait Yves-Marie Guillaud (édition d'avril
2020), est structurée sur un nombre
constant de pratiquants et un nombre
croissant de tandems (mise de côté la
crise économique et financière de 2008).
Imaginons que, par rapport à une année
normale, l'activité globale soit de l'ordre
de 30% en 2020, 50% en 2021 et peutêtre proche des 80% en 2022 : cela veut
dire que tous les échelons seront touchés
(FFP, écoles, cadres techniques, pilotes,
athlètes, etc.). Combien de structures et
d'acteurs du parachutisme resteront au
bord de la route ? Il est donc indispensable d'affronter cette crise, se mettre
sur le pied de guerre dès maintenant
pour préparer demain et sauver tout ce
qui pourra l'être. Même si le cadre global
émanera de nos décideurs institutionnels,
les solutions ne tomberont pas du ciel,
mais proviendront du terrain sur le principe si vertueux du «bottom up».

Bien évidemment la FFP a un rôle majeur
à jouer. Toutes les forces vives du parachutisme seront confrontées au pragmatisme des mesures à mettre en place
afin de redémarrer une activité dans ce
contexte en prenant en compte tous
les risques.
Ce n'est pas une circulaire gouvernementale qui détaillera l'ensemble des mesures
à prendre au sol et en l'air pour garantir notre activité. Et le diable se niche
souvent dans les détails. Le règlement
historique de cavalerie est d'actualité :
«Seule l'inaction est infamante».
Pour toutes ces raisons, les acteurs du
parachutisme doivent se concerter, ne
pas avancer seuls, mais émettre pour
la collectivité des propositions qui ne
doivent pas seulement être entendues,
mais surtout écoutées. La concertation
est le meilleur moyen d'aboutir à un
travail collaboratif couvrant tout le spectre
des risques et des conséquences de
cette crise.

Quels conséquences
et risques sur
le parachutisme ?

Le sport, les loisirs et le monde associatif ou professionnel sont en phase de
sidération. L'État, les collectivités et nous,
citoyens, devrons faire des choix drastiques, nous concentrer sur des reprises
difficiles, renflouer les pertes et préserver
notre santé. Les enjeux sont de taille, car
au-delà du fait de préserver notre santé,
il nous faudra faire face à des défis
sanitaires, sociaux, économiques
et technico-sportifs.

Le risque pour
la santé

Les acteurs du parachutisme (pratiquants, techniciens, pilotes, secrétaires,
plieurs, etc.) adopteront des systèmes
de protection et leur comportement en
respectant au mieux les gestes barrières.

Mais la promiscuité dans les avions sera
moins bien acceptée, sauf à déterminer des règles protectrices efficaces et
tolérables. Si l'anxiété est humaine, ces
règles protectrices permettront de ne pas
sombrer dans la psychose de la contagion. Le stress du sautant sera d'autant
amplifié que l'efficacité d'ajout de protections n'aura pas été démontrée.
Et celles-ci, notamment pendant la phase
de chute libre, peuvent obérer les bonnes
sensations ou le champ visuel et ainsi
créer un risque supplémentaire pour la
sécurité.
À cela s'additionnent d'autres phénomènes. Après plusieurs semaines de
confinement, connaît-on vraiment
l'impact psychologique sur la santé
mentale de notre population ?
La réponse semble négative à la lumière
des spécialistes. Le psychiatre Christophe
Debien, responsable de pôle au Centre
National de Ressources et de Résilience
déclare : «On ne le connaît pas au sens
scientifique, car la situation est inédite
et, par conséquent, son impact
le sera aussi».
Les effets purement techniques de cette
crise posent des questions de sécurité.
Il s'agit de contenir l'accidentologie alors
que les pratiquants, les moniteurs et les
pilotes n'auront pas pratiqué depuis très
(trop) longtemps. Même si la compétence
et la résilience de nos techniciens génèreront des processus de défense où les ressources de chacun seront exploitées, il en
va de l'intégrité physique des sujets dont
nous sommes pleinement responsables.

Le danger
du lien social

Par ailleurs, une série de facteurs de
stress viendront s'ajouter à la peur d'être
contaminé, comme la perte de revenu,
la frustration et l'ennui. La colère, l'angoisse, l'irritabilité et les troubles de la
concentration seront également à
prendre en compte pour notre activité
à environnement spécifique.

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