ParaMag - N°396 - Mai 2020 - 29

Dans un autre registre, les dirigeants
doivent se préparer à être potentiellement
confrontés au droit de retrait. Effectivement, selon le Code du travail, chaque
employé a le droit de cesser son activité
temporairement, sans retenue de salaire,
si la situation présente un danger grave et
imminent pour sa vie ou sa santé. Nous
pouvons nous préparer à des batailles
juridiques si la structure ne respecte pas
les dispositions nécessaires à la protection de la santé des pratiquants et des
cadres (directeurs techniques, pilotes,
moniteurs, etc.).

RÉFLEXION

Impact économique

À ce stade, nous sommes globalement
proches du néant. Enfin, à la lumière des
collectes récentes du livret A, il y a fort à
parier que la population, déjà angoissée
par tant de confinement et un avenir
incertain, soit contrainte de moins
dépenser dans les loisirs comme le nôtre.
Selon ces hypothèses, avec un pouvoir
d'achat en baisse, la question de la survie
du parachutisme et de tout son édifice
demeure une question brûlante
et préoccupante. Quelles solutions
d'accompagnement peut-on envisager ?
Quelles solutions d'accompagnement
subsidiaires pour les emplois menacés ?
Comment faire face aux réalités de
demain dans le monde de l'après,
c'est-à-dire celui où il faudra bien
supporter les charges lourdes inhérentes
au volume d'activité d'hier ?

Empreinte sur
l'aspect technicosportif

pour notre sport ? En termes de formation
et d'examens, les moniteurs stagiaires
seront certainement face aux épreuves
qui les attendent et le renouvellement des
qualifications des cadres sera difficile.
Quant aux avions qui n'auront pas volé
pendant des mois (voir dans cette édition
l'article «Confinement : les avions aussi !»
de Michel Vidal), il faudra réorganiser la
maintenance avec l'aide des pilotes et des
ateliers ainsi que la gestion des stocks
de kérosène potentiellement impropres à
l'utilisation, car stagnant depuis longtemps.

Quelles pistes
envisageables ?

Tous ces changements incontournables
de mode de fonctionnement doivent être
anticipés. Il en va de l'avenir de nos structures, de nos emplois, de l'engagement
de nos bénévoles, de tout notre collectif
humain et institutionnel. A-t-on réellement la capacité ou la volonté de nous
réinventer ? Est-on capable de mobiliser
de façon pragmatique et moins technocratique toutes les ressources humaines
et financières pour sauver notre sport ?
Car il s'agit bien d'un plan de sauvetage à
mettre en place. Par exemple,
serait-on en mesure d'aider financièrement nos écoles, poumons du parachutisme sportif, à organiser un weekend «à
blanc» afin de tester tous les dispositifs

sanitaires à mettre en place ? D'ailleurs,
au-delà du calibrage de cette épreuve,
cette période servirait à nos cadres
de «mise en jambe» en sécurité avant
d'encadrer de vrais élèves en reprise de
sauts, en PAC ou en tandem. Ce dispositif
serait vertueux et révélateur des failles qui
pourraient subsister et se nicher dans les
détails des mesures prises.
Quant au financement qui sera nécessaire pour amorcer notre envol, ne serait-il
pas judicieux d'exploiter une grande
partie des budgets de 2020 prévus pour
des stages, actions, entraînements,
compétitions, etc. qui ne se réaliseront pas cette année ? Car en situation
d'exception, les mesures doivent elles
aussi être exceptionnelles. En outre, bon
nombre de parachutistes renonceront
à s'inscrire à mi-saison et refuseront de
payer une licence-assurance plein tarif.
Nous sommes pour cette saison sur le
chemin d'une baisse importante d'activité, avec des coûts supplémentaires et
une rentabilité amoindrie, car le rythme
sera modéré. Si actuellement nous survivons sous perfusion, alimentés par moult
dispositifs financiers, du chômage partiel
et des rejets d'échéances, il faudra bien
un jour affronter la réalité et faire face
au remboursement de cette dette.
Douloureux réveil qui s'annonce dans
les temps à venir. Ferons-nous tous
partie du parachutisme de l'avenir ?
On ne peut qu'en douter.

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Mai20:396
paramag.fr

Les compétitions sont d'ores et déjà
déplacées ou annulées. La compétition est un facteur de rayonnement et
d'innovation. Comment sauver le haut
niveau et tout ce qu'il génère de vertueux

«Les effets purement
techniques de cette
crise posent
des questions
de sécurité».

E.F.P. Nancy Lorraine

Comment faire face à la baisse drastique
et durable de l'activité qui se profile à
l'horizon ? Les recettes des sauts étant
un des moteurs de nos ressources, le
défi de sanctuariser un «budget triennal
de sauvetage» sur la période 2020/2022
constitue un axe de réflexion. Et en
premier lieu celui de l'activité tandem qui,
en se tarissant, risque de «faire tomber
en ruine tout l'édifice du parachutisme»
pour citer à nouveau Yves-Marie Guillaud.
Cette source si abondante en 25 ans,
qui a bien profité à tous, pourrait bien
s'amenuiser pour au moins trois raisons.
D'abord parce que la «France déconfinée» aura bien d'autres préoccupations
plus reptiliennes que de s'offrir un saut
à sensations fortes. Ensuite, l'inquiétude
des plus audacieux ou chanceux reposera en grande partie sur l'efficacité des
mesures prises par nos structures.

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