ParaMag - N°397 - Juin 2020 - 45

Dans un contexte normal, il n'est pas
rare de voir certaines personnes contrôler
seulement l'aiguille de fermeture du
conteneur principal entre deux sauts,
pensant que le contrôle complet du matin
en début de séance est suffisant.
Le plus souvent, c'est le cas, mais on
constate parfois que certains incidents
peuvent être évités si la vérification est
complète avant chaque saut.
Le parachutiste n'a pas l'œil constamment rivé sur son matériel, et un certain
nombre de choses peuvent se passer
durant le laps de temps qui s'écoule entre
deux sauts. Par exemple, le parachute
a pu être bougé ou déplacé, ou le plieur
l'a déposé avec d'autres parachutes
qui seront extirpés du tas sans trop de
précautions, ou on a pu faire une erreur
soi-même en le pliant.
Vérifier son matos entièrement le matin
seulement ou 20 minutes avant le saut
n'est pas la meilleure formule pour un
maximum de sécurité. L'idéal est une
vérification complète à chaque fois, avant
chaque saut et juste avant de partir à
l'embarquement, car au final c'est cette
fois-là qui compte vraiment.

Scan visuel

Il existe une astuce pour contrôler son
parachute complètement, rapidement,
avant chaque saut et en étant sûr que
tout est en ordre. Qui n'a jamais eu
besoin de se déséquiper en partie,

Cette astuce est surtout une habitude
adoptée par un certain nombre de sautants dont des professionnels ou compétiteurs, par exemple, qui sautent beaucoup
dans une même journée et qui ne veulent
rien laisser au hasard pour leur sécurité.
On pourrait nommer cette habitude le
«scan visuel». Il devient un réflexe, voir
un «rituel», réalisé toujours au même
moment (juste avant d'endosser son
parachute) et de la même façon. Ce sont
les vérif' faites dans un moment et un
ordre aléatoire qui engendrent le doute
et qui, à l'embarquement ou dans l'avion,
amènent des interrogations du genre :
«Est-ce que j'ai mis mon déclencheur automatique en marche ? Mince, je ne suis
pas sûr d'avoir rétracté mon extracteur...»
Le neurobiologiste Gerhard Roth,
professeur de biologie du comportement,
stipule : «La routine aide le cerveau à
économiser de l'énergie et à minimiser
les risques. D'un point de vue neurobiologique, cette mesure est non seulement
utile, mais nécessaire à la survie.»
Lorsque nous réalisons un geste ou une
action intentionnée pour la première fois,
les informations sont transmises au cortex
cérébral. Après quelques répétitions, le
comportement en question devient un
automatisme. Les informations correspondantes sont enregistrées dans le cerveau
comme des procédures fixes qui ne
peuvent plus être supprimées. Pour cette
raison, lorsque la vérif' avant le saut devient un automatisme (toujours au même
moment, toujours de la même façon),
le parachutiste est libéré des éventuels
doutes qui pourraient venir plus tard.
Il suffit donc de quelques fois, de
quelques vérif' faites intentionnellement
au même moment et de la même façon,

pour que le cerveau s'en imprègne
totalement et qu'il crée ainsi une bonne
habitude.
L'apprentissage cérébral idéal serait le
suivant. Le parachutiste consacre une
quarantaine de secondes à cette vérif'
sans aucune distraction, en y apportant
toute son attention et juste avant
d'endosser son parachute. Il effectue
chaque étape de la vérification toujours
dans le même ordre, et dans un ordre
qui lui semble le plus logique.

SÉCURITÉ

Quand la vigilance
s'estompe

à l'embarquement ou même dans l'avion,
afin de se rassurer sur un éventuel oubli ?
Cela est déjà arrivé à quasiment tous les
parachutistes.

l'endosser. Les gestes barrières antiCovid peuvent maintenant s'ajouter à
cette liste. Le moment consacré au
contrôle du parachute devrait être cloisonné, sans distraction, afin qu'aucune
étape de cette vérif' n'échappe à notre
attention. Covid ou pas, il devrait toujours
en être ainsi, et cela avant chaque saut.

Cet article illustre en 2 schémas l'exemple
d'un «scan visuel» que l'on peut programmer dans le cerveau (en zigzag, de haut
en bas) afin qu'il devienne une habitude
sans ne plus jamais oublier une étape de
ce dernier contrôle avant d'aller sauter.

Conclusion

Le «scan visuel» est une habitude bien
plus intéressante et plus sûre que le
contrôle aléatoire de son parachute.
«Implanté» dans le cerveau comme un
«rituel», il permet de partir à l'embarquement sans jamais se poser de question.
Le «scan visuel» est fait juste avant
d'endosser son parachute et en respectant toujours le même ordre dans la
vérification de chacun de ses éléments.
Le cerveau aime les habitudes qui
représentent pour lui un gain d'énergie
au profit d'une plus grande efficacité.
En cette période compliquée, les gestes
barrières pourront ainsi être appliqués
sans venir envahir la case «vérification
du parachute».
Et pour finir, un dernier conseil pratique :
anticipez l'appel à l'embarquement afin
que cette petite minute de vérif' ne soit
pas faite dans la précipitation.
Il est certain que ce temps consacré
permet parfois d'éviter des situations
délicates. n

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