ParaMag - N°400 - Octobre 2020 - 22

COMPÉTITION

La surprise dans la catégorie N2,
c'est la participation des juniors issus
de l'AK'demie Aerokart et que l'on
retrouve dans l'équipe Monaco
Aerokart Maubeuge ?
Le projet mené par la DTN fédérale était
de concrétiser la transition de l'équipe
entre la soufflerie et le saut d'avion. Il y a
eu un stage à Maubeuge, soutenu par le
pôle d'accession, qui s'est très bien passé. Le plus jeune d'entre eux ne totalise
que 30 sauts !
Lorsqu'ils sont arrivés à la compétition,
ils n'avaient jamais sauté ensemble et
ils n'avaient jamais sauté de Caravan. Ils
ont donc «boîté» sept sorties sur neuf !
Mais derrière, ça défile à un niveau de vol
digne de la N1.
Justement, et pour rappel à nos plus
jeunes lecteurs, il s'agit de l'équipe
de France VR-4 junior en soufflerie.
Champions du monde 2017 et médaillés d'argent à Lille en 2019, les juniors
volent à 28 ou 29 points de moyenne en
soufflerie. Le choix de catégorie entre la
N1 et la N2 a-t-il été difficile ?
Ils sont déjà des compétiteurs aguerris, mais pas encore des parachutistes
expérimentés. Au vu de leur très faible expérience en saut d'avion, nous avons fait
le choix de la N2 et je l'assume. C'est la
première fois que nous sommes confrontés à cette situation de transfert soufflerie
- chute en compétition. Nous savons très
bien que ce n'est pas le même contexte :
la preuve, comme toutes les équipes qui
débutent, ils prennent un 0 vidéo dès le
premier saut ! Leur caméra s'est éteinte
à la mise en place. Cela fait partie de
l'expérience. En tant qu'entraîneur, je n'ai
aucun doute sur leur capacité à faire un
bloc 6, un bloc 14 ou autre.
Mais devenir parachutiste et athlète de
haut niveau, c'est autre chose, il y a
beaucoup de facteurs qui entrent en ligne
de compte : la sortie, la dérive et même
le sous-voile. Ils manquent évidemment
d'expérience dans tout ça et à Saint-Florentin nous avons été confrontés à des
situations particulières.

Octobre20:400
paramag.fr

De quelles situations particulières
s'agit-il ?
La panne vidéo en fait partie, mais il y
a eu également la partie sous voile. À
un moment le vent s'est levé et on s'est
retrouvé avec des jeunes qui totalisent
entre 40 et 50 sauts, sous des voiles de
190 pieds-carrés et qui pèsent 65 kilos,
sur une drop zone qu'ils ne connaissaient
pas bien et c'était donc tendu pour eux
de gérer tout ça en compétition.
Quoi qu'il en soit, ça s'est très bien passé,
tous les voyants sont au vert pour eux, ils
représentent une partie de l'avenir du VR
de haut niveau français et leur parcours
est exemplaire.

Les juniors de l'équipe Monaco Aerokart Maubeuge (équipe de France VR-4 junior
en soufflerie) font leur premier saut ensemble lors de la première manche à 4.
Ils gagnent l'or en catégorie N2. Photo FFP

Assurément, et pour rappel ParaMag
suit ce parcours depuis le début.
Mais il faut tout de même noter que
c'est l'annulation des championnats
de France à Vichy qui leur a permis de
participer cette année ! Ça a été une
chance pour eux, car là-bas, à cause de
la réglementation qui impose d'être au
minimum brevet D (ou dérogation à 250
sauts), ils n'auraient pas pu participer.
C'est tout à fait ça ! Et cela souligne un
point important : c'est que les restrictions
imposées par le contexte sanitaire, c'està-dire un championnat de France sur un
centre de parachutisme, sur deux jours et
demi, et avec des moyens aériens adaptés, ça a ravi certains compétiteurs.
Tu veux dire que la formule des championnats de France multidisciplines telle
que celle qui se fait à Vichy depuis des
années ne répond plus aux souhaits des
compétiteurs VR ?
En quelque sorte, oui, même si le format
a évolué en 2019 avec un séquençage
des disciplines. À Saint-Flo, si toutes les
manches n'ont pas pu être effectuées,
c'est à cause de la météo et seulement
à cause de la météo. Paris Jump a fait
l'effort de louer un avion supplémentaire
spécialement pour la compétition.
Le moindre créneau a été utilisé,
les compétiteurs ne se sont pas retrouvés
à attendre par terre alors que le ciel est
tout bleu, situation vécue à Vichy, par
exemple. Vichy, c'est une grosse organisation, une fois de temps en temps,
pourquoi pas... Mais l'efficacité est
meilleure sur un centre comme SaintFlorentin, même avec une météo compliquée comme celle que nous avons eue.
Je félicite au passage tout le staff de Paris
Jump, avec Polo Grisoni et Manue Nicols
à leur tête, pour l'excellent travail qu'ils
ont réalisé.

VOL RELATIF à 8 :

interview de Manu Sarrazin,
capitaine de l'équipe Mojo Pamiers
ParaMag : Ton équipe Mojo Pamiers
gagne avec 7 points d'avance sur
8 manches et presque 1 point de
moyenne supplémentaire, est-ce une
surprise ?

Manu Sarrazin : C'est une compète
d'avion à 8 ! En soufflerie, les Weembi
Girls à 8, c'est une sacrée équipe, avec
une énorme expérience de vol. C'est du
lourd, elles sont légères, mais c'est du
lourd ! Et c'est certain que sur une compète en soufflerie, on ne fait pas le poids
face à elles. Mais à Saint-Flo, c'était une
compétition en saut d'avion, et on sort
notre épingle du jeu.
Comment avez-vous fait ?
Nous avons sauté un peu plus que les
Weembi Girls, malgré les conditions
compliquées. Nous avons fait 25 sauts
d'entraînement (!), c'est tout de même
deux fois plus qu'elles (!!). Nous avions
prévu une grosse saison cette année, une
centaine de sauts, de mai à octobre, avec
les nationaux US à la clef. Le projet est
décalé d'un an, voire deux... Comme je
l'ai déjà fait dans le passé, mon objectif
en tant que coach est d'amener une
équipe «amateurs» se confronter en
compétition internationale (N.D.L.R. : voir
article «Des Frenchies aux Nationaux US»
dans le ParaMag n°378 de novembre
2018). Et dans ce projet, le championnat
de France était une étape.
Cette année, c'est donc devenu la
finalité ?
Disons que nous sommes venus à SaintFlo pour gagner, oui. Les scores étaient
assez serrés sur les quatre premières
manches et nous sommes à égalité sur
la moitié des manches. C'était une belle
compète car aucune des deux équipes
n'a raté de sortie et ça c'est génial. C'est
intéressant pour la moyenne bien sûr,
mais surtout ça fait que la compétition
se joue vraiment sur le vol. D'où l'importance d'avoir un avion duquel on peut
s'entraîner toute l'année. Pour rappel, le
Casa de l'année dernière, à Vichy, c'était
vraiment pas top, car il y a eu des gros
clash en sortie, avec des blessures, etc.
Et techniquement, arriver au championnat
de France et sauter d'un avion qu'on ne
connaît pas, c'est frustrant. Je pense que
c'est une erreur à ne pas refaire de la part
des organisateurs.
Pour en revenir à ce championnat 2020,
vous gagnez avec 7 points d'avance et
ce sont les 7 points pris aux Weembi
Girls à la manche 5, que s'est-il passé ?

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