ParaMag - N°404 - Mars/Avril 2021 - 42

INTERVIEW

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A

vec Vince, nous avions des
projets sur deux ans, des projets
de voyage, de tournage un
peu partout dans le monde.
Nous avions toujours plein d'idées.
Il n'est plus là, mais je me suis mis
en tête de ne rien laisser tomber,
de réaliser ce à quoi nous avions pensé.
Nous avions déjà consacré pas mal de
temps dans nos recherches, beaucoup
d'énergie dans nos entraînements
en vue de réaliser ces projets.
Je veux ne rien laisser tomber,
tout réaliser, d'abord pour lui rendre
hommage, et ensuite parce que j'en ai
envie. La vie continue, et le parachutisme c'est la mienne. Il nous est arrivé
parfois, quand nous étions blessés,
que l'un fasse les choses pour l'autre.
Maintenant je suis seul, mais ce
sentiment de solidarité demeure,
et donc persiste aussi l'envie de
continuer pour lui en réalisant ce que
nous nous étions promis.
Et puis je souhaite continuer pour nos
partenaires, nos sponsors. Quand nous
étions engagés avec eux, nous allions
jusqu'au bout de nos idées, nous réalisions tout ce que nous avions proposé.
Je veux respecter ça.
Aujourd'hui, il y a encore des promesses
à tenir, des choses à concrétiser.
C'est un peu comme si j'avais la
responsabilité de le faire alors que Vince
n'est plus là. Pour lui d'abord, et pour
toutes les personnes qui furent toujours
impliquées dans nos projets.
Ça représente du monde autour des Soul
Flyers. Je ne veux pas lâcher qui que
ce soit. Ça ne sera plus jamais comme
avant, mais j'ai toujours la motivation.
J'avais pris l'habitude de vivre dans
l'énergie qui rayonnait de Vince,
aujourd'hui je la sens encore en moi
et cela me donne toujours l'envie de
continuer. Tous ces projets que nous
avions prévus nous faisaient triper.
J'ai envie de les réaliser pour tout un tas
de raisons, mais la principale c'est de
le faire pour lui. Un certain nombre de
personnes m'ont demandé aussi quels
sont mes projets avec Jetman. Pour le
moment tout est stand-by. (Au moment
où nous éditons ce numéro de ParaMag,
Fred est retourné à Dubaï pour y faire
quelques sauts, retrouver l'équipe Jetman
et discuter du futur. À suivre.)

Mars21:404
paramag.fr

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La face
de Bellevarde

Avec Vince, nous avions un engagement avec la station de Val-D'Isère que
nous devions tenir pour janvier dernier.
Pour un film promotionnel de la station,
nous devions faire des vols au-dessus
de la face de Bellevarde, une fameuse
piste noire de ski alpin voulue pour les

grandes compétitions par le triple champion olympique français Jean-Claude
Killy. Ce fut le premier tournage que j'ai
fait sans Vince. Je me devais de tenir cet
engagement que nous avions au nom
des Soul Flyers. Notre pote Dino Raffault
fut en charge de la réalisation. Dino
a quasiment toujours travaillé sur les
tournages Soul Flyers, et c'est important
qu'il continue.
Pour les sauts, j'ai demandé à Vincent
Cotte de venir voler avec moi.
Il y a aussi un point important en ce
qui me concerne : je n'aime pas faire
les choses tout seul, je ne suis pas un
solitaire, et je ne me voyais pas faire
ce tournage à Val-D'Isère en solo.
J'aurais pu, vis-à-vis de la station,
mais je n'en avais pas envie.
Moi, j'aime partager des trucs avec des
potes. J'ai donc proposé ce tournage à
Vincent Cotte, un expert en BASE et en
wingsuit. Il fait partie de ceux avec qui
on a pas mal volé ces dernières années.
C'est un bon pote, il est venu avec
moi pour ces sauts à Val d'Isère,
et c'était cool ! Nous avons fait neuf
sauts au-dessus de la station, c'était
super joli, et on a bien kiffé. Il y a plein
de projets que je ne peux pas révéler
maintenant. C'est comme avant, dévoiler
nos projets trop tôt, on ne l'a jamais fait.

Des projets,
une équipe

En revanche, il y a quelques idées à
court terme dont je peux ici parler.
Par exemple, nous avons fait un repérage
sur place avec Dino pour un tournage
qui est prévu au Liban début mai, si la
situation Covid le permet. Selon l'équipe
Red Bull Liban, avec qui nous sommes
en contact, aucun saut de parachutisme
sportif n'a jamais été réalisé dans le
pays. Ce sera une première. Cela était
aussi un projet prévu avec Vince depuis
deux ans. L'idée est de faire des vols en
wingsuit au-dessus d'une vallée sacrée
afin de mettre en valeur les paysages,
la région, le pays.
Besoin de reconstruire une équipe ?
... pas vraiment. C'est sûr, toutes nos

Photo ci-dessus
Fred et Vince, Soul Flyers for ever !
Photo Predrag Vuckovic

aventures tournaient autour de notre
binôme fusionnel que Vince et moi
formions. Mais en marge de cela, nous
faisions régulièrement des sauts, du vol,
des BASE avec une bande de potes qui
faisait partie de notre vie, et qui continuera à être présente dans la mienne.
Vince et moi n'avons jamais été seuls.
Pour ce qui est des tournages, nous
avons toujours été très entourés, par
exemple par une équipe de production
dont Dino est à la tête, ou toute l'équipe
Jetman. Nous avons très souvent eu
d'excellents flyers avec nous pour les
prises de vues extérieures tels que Max
Haim, Jean-Philippe Teffaud, Noah
Bahnson. Après son accident, je ne me
suis pas retrouvé tout seul. Toutes ces
personnes sont encore là. Les gens de
chez Red Bull aussi avec qui Vince et
moi avons travaillé depuis 10 ans.
Pour ce qui est de filmer et «performer»,
j'ai demandé à Aurélien Chatard et
Vincent Cotte de se joindre à moi pour
ce projet au Liban. Ce sont des potes
très proches de Vince et moi. Ensemble,
on s'entendait très bien, et ma relation
avec eux n'a bien sûr pas changé. Vince
et moi avions même déjà des plans cette
année dans lesquels nous les avions
impliqués. C'est donc naturellement que
je leur ai demandé de se joindre à moi
pour ce tournage au Liban, ainsi que
pour certaines manips à venir, selon les
disponibilités de chacun et les projets à
réaliser. Pour l'instant, j'en suis là. Ce
sont des projets à court et moyen terme.
Quant à la reconstruction d'un team Soul
Flyers qui s'approcherait de celui que
Vince et moi formions, j'ai besoin d'y
apporter beaucoup de réflexion,
prendre du recul, y aller progressivement.
Certains projets sont très difficiles à
envisager sans Vince. Pour le moment,
ce qui est prévu pour mai-juin et jusqu'à
l'hiver prochain n'engendre pas des
situations engagées. Cela me donne
ainsi le temps de réfléchir.
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