ParaMag - N°406 - Juillet/Août 2021 - 55

Photos ci-dessus
Marquages d'un Aviorex fabriqué par E.F.A.
sous licence Aviorex.
Archives Francis Heilmann
Photo ci-dessus
Un des Aviorex présentés au Musée du parachutisme
à Strasbourg : vu de dos, il est difficile de dire
si c'est un modèle E.F.A. ou Aviorex original.
Photo Musée du parachutisme à Strasbourg
années 1970. Elle a ainsi conçu
et fabriqué de nombreux modèles de
parachutes, certes essentiellement
militaires, pour les T.A.P. (Troupes aéroportées),
mais aussi sportifs, car entretemps,
le parachutisme s'était émancipé
dans le domaine civil.
De 1950 à 1977, EFA a obtenu l'homologation
de 98 types d'équipements
parachutistes divers (militaire, sauvetage
et sportif), dont les plus connus en
pratique civile et sportive étaient, par
exemple, le 6520 (voile hémisphérique
mono-fente) et le 656 (voile hémisphérique
bi-fente et bi-porosité).
En 1978, tandis que la société E.F.A.
employait une centaine de personnes
dans son établissement de Clichy, elle
a été finalement rachetée par Aérazur.
Car à cette époque, le matériel était
en pleine mutation (cf. article de Guy
Sauvage «À c't'époque» publié dans le
ParaMag Hors Série 2000 et en bonus
numérique dans notre ParaMag n°404
de mars-avril 2021), et E.F.A. a eu du
mal à suivre les évolutions. Cet état de
fait est bien illustré à travers le dessin
publié page 29 dans l'article «Le virus
du relatif» du ParaMag n° 404 de marsavril
2021. Le jeune Didier, dont il est
question dans cet article, utilisait un
parachute de marque E.F.A., un équipement
devenu énorme en comparaison
du parachute «dernier cri» et tout dans
le dos utilisé par Alain Goubel.
Depuis l'arrivée des ailes de parachutes
sur le marché sportif, dans les années
1970, E.F.A. s'était contentée de
fabriquer sous licence certaines voiles
américaines, et son bureau d'étude a
raté le train des évolutions à venir.
Triste sort pour cette entreprise qui s'est
fondée sur le concept innovant des
parachutes Menget, mais qui est restée
sur le quai des voiles hémisphériques,
ratant le départ du train vers les ailes
modernes.
Après le rachat d'E.F.A. par Aérazur, qui
s'intéressait exclusivement au marché
militaire, l'entreprise est rejointe, en
1983, au sein du groupe Zodiac par
une toute jeune société... : Parachutes
de France. Elle entre sur le marché par
«la petite porte» de la pratique sportive,
qui va se révéler comme étant le talon
d'Achille du géant E.F.A./Aérazur.
Parachutes de France va devenir
rapidement le leader français du
parachute. Deux décennies plus tard,
en 2007, le groupe Zodiac se scinde
et la division parachutes rejoint Zodiac
Aerospace, qui est absorbée en 2018
par le groupe Safran. Groupe qui, de nos
jours, ne s'intéresse guère à l'innovation
technique des équipements parachutistes,
puisque ses produits sont resté
figés à l'ère Parachutes de France.
Il faut dire que la lourdeur du système
français est telle que les deux autres
marques françaises - Parachute Shop
et Basik Air Concept (ex-Parafun) - ont
cessé de fabriquer des parachutes de
certification française. Gérard Trinidad,
expert en la matière, l'écrit dans la
conclusion de son livre «Une vie dans
les airs» (édité en 2020) : «Les difficultés
pour obtenir les certifications auprès de
notre législation actuelle ont provoqué
la disparition des constructeurs français
et le retour en masse des matériels
étrangers sur le marché : on est revenu
40 ans en arrière...»
Photo ci-dessus
L'Aviorex modèle 832 d'après-guerre, avec harnais
cuissardes (les modèles «d'avant-guerre» n'en
avaient pas), mais voilure toujours en soie.
Photo Musée du parachutisme à Strasbourg
Il y a 40 ans, le géant EFA, ancien
fabricant du dinosaure M-30, n'a pas
su s'adapter à l'évolution du marché.
Une évolution qui, en 20 ans, a vu fleurir
deux autres constructeurs français dans
les traces de Parachutes de France.
Un quatrième est même apparu en
2010 : X-Sky SpiritTechnology et son
sac-harnais Touch. Associé à la voilure
de secours Replay, ce parachute de
certification française était présenté
dans les réunions nationales en 2018
et 2019 (congrès technique national de
la FFP, colloque et AG des parachutistes
professionnels).
«En version solo ou en version tandem,
d'une apparente grande qualité,
il réjouissait ceux qui déplorent le désert
français qui laisse place libre aux
matériels étrangers, américains
et néo-zélandais pour l'essentiel»,
commentait Yves-Marie Guillaud dans
son article «Industrie du parachute :
" La France, elle m'a laissé tomber " paru
dans le ParaMag n° 397 de juin 2020,
en plein confinement. «Las : en 2020 il
n'a plus été présenté. Pourquoi ?
Ce projet s'est heurté notamment à la
réglementation française de certification
des matériels, la France ayant sa propre
réglementation autonome de la réglementation
européenne qui régit pourtant
les matériels étrangers vendus en France.
Il s'est heurté à des problèmes similaires
à ceux rencontrés par Parachutes de
France en 1978, provenant du maquis,
de la complexité et de la lourdeur administrative
de la réglementation française.
Après un moment de flottement, il est
actuellement relancé et une issue
est en vue.»
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HISTORIQUE
Juillet21:406
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