ParaMag - N°407 - Septembre/Octobre 2021 - 57

chaine qui a préservé le lien entre les
bat-wing du passé et les wingsuits
modernes. Après avoir véritablement
mérité son surnom de Birdman,
dans les médias américains,
pour Francis Heilmann, il était bel
et bien devenu l'Aigle du Yosemite :
celui qui vole et qui voit plus loin devant.
Dans le ParaMag n°208 de septembre
2004, Francis Heilmann concluait ainsi
le cinquième et dernier article de sa
série «Les Hommes oiseaux» :
«Les journaux, la télévision ou les
magazines à grand tirage nous présentent
tous les cinq ans «l'Homme-oiseau»
du moment comme un être unique,
intrépide et exceptionnel.
Bien que certains se soient réellement
démarqués du lot, ces louanges excessives
sont d'autant moins justifiées que
pour mettre en valeur un seul, elles en
oublient le grand nombre de ceux qui ont
précédé, disparus souvent ou simplement
discrets. Petits acteurs du ciel,
figurants, novateurs copiés, vedettes,
la pièce est jouée à chaque époque par
une troupe complète d'intermittents du
spectacle.
À chaque cycle de l'Histoire aéronautique,
les Hommes-oiseaux parachutistes
ont développé leur inventivité dans un
climat de concurrence marquée et de
rentabilité économique. Une concurrence
qui les a poussés, pour séduire les
foules et les médias, à toujours plus de
recherche de la performance
et du spectaculaire.
Photo en haut
Mais cette histoire des hommes-oiseaux
parachutistes, à gros titres interchangeables,
est malheureusement écrite sur
le sable. Actuellement, qui sait encore
combien de prototypes de combinaisons
ailées a fait coudre Patrick de Gayardon
avant d'arriver à un résultat qui ne le
satisfaisait toujours pas ?»
Encore ce mois-ci, ParaMag publie en
couverture une belle photo d'un vol de
proximité engagé et réalisé en wingsuit
par un talentueux et célèbre «hommeoiseau»
moderne. De nos jours, ces
images sont courantes et la performance,
l'ultra-compétence des pilotes
en font presque oublier l'instrument :
la wingsuit. Souvenons-nous de ceux
qui, à chaque époque, en leur temps,
ont consacré une partie de leur vie à
mettre au point un ou plusieurs prototype(s)
et à sauter avec.
N'oublions pas des hommes comme
John Carta, à qui il a fallu une bonne
dose d'imagination et d'ingéniosité,
ainsi qu'un grain de folie, pour mettre
au point et construire ses ailes en
plumes de plexiglas. Et comme disait
Francis : «Se jeter d'une falaise avec ça,
il fallait le faire !» n
Départ en saut d'avion pour John Carta et sa combinaison ailée. On distingue bien les ailerons de jambes.
Photo collection privée Vittoria Carta, archives Francis Heilmann
Photo en bas
Les médias américains (ici le New York Post) annoncent le décès accidentel de John Carta,
dans un crash d'avion, tout en rappelant son exploit réussi 9 ans plus tôt, sur le World Trade Center.
Archives Francis Heilmann
Le livre
«Mio Fratello
John Carta»
a été publié en 2015
aux Éditions Del Sole.
La préface est signée
Massimiliano Fois
et il comporte 79 pages.
Auteur : Vittoria Carta
Prix : 12 euros
Le film Jump
En (petit) bonus numérique, la bande-annonce du film
«Jump», sorti en 1987. Des images toutes pixélisées (et une
bande son mode VHS), mais on y voit (et on y entend) John
Carta en action : BASE jump urbain, saut à moto, saut d'avion
en combinaison ailée, etc. Un petit film de tout de même 4
minutes, mais malheureusement il ne comporte pas d'images
sur les sauts du Yosemite.
Bibliographie
n Livre «Mio Fratello John Carta»
de Vittoria Carta.
n Livre «Birdmen, Batmen and
Skyflyers» de Michael Abrams.
n Magazine ParaMag n°162
de novembre 2000 et n°208
de septembre 2004.
n Journaux d'époque : New York
Times, The Observer, Times Daily
et La Repubblica.
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HISTORIQUE
Septembre21:407
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