ParaMag - N°408 - Novembre/Décembre 2021 - 31

L'Homme de Rio
Photo ci-contre
Pour la deuxième partie du tournage de «L'Homme
de Rio», dans le Var, c'est Jacques Dubourg qui
filme Gil Delamare, doublure exclusive de Jean-Paul
Belmondo. Le cascadeur emporte un parachute de
secours ventral blanc, pour qu'il se confonde avec le
smoking. Son dorsal est un parachute de sauvetage
(recouvert par la veste blanche) et il tient en main le
parachute décor, avec lequel il va s'équiper...,
pour ensuite le perdre en chute.
Archives Jacques Dubourg
Photo du bas
Jacques Dubourg et Gil Delamare posent pour la
photo juste avant l'embarquement dans le Cessna
d'Air-Esterel. Le cascadeur est équipé d'un
parachute siège en secours.
Archives Jacques Dubourg
Flammarion en 1967). Les techniques
parachutistes sont encore rudimentaires
et Gil Delamare, qui ne peut pas être à
la fois devant et derrière la caméra, est
le seul capable de réaliser les prises de
vues parachutistes.
Il doit donc faire appel à des parachutistes
brésiliens pour doubler Jean-Paul
Belmondo. Et il confie, à leur sujet :
«C'est avec surprise que j'ai vu le
meilleur d'entre eux, un sergent mi-civil,
mi-militaire, sortir de sa poche, chaque
fois que nous décidons de l'altitude d'un
saut, un petit papier où sont inscrits les
temps de chute correspondants !»
Pas d'altimètre sonore à l'époque,
et certains sauts se font carrément sans
altimètre, pour doubler Jean-Paul
Belmondo en chute libre,
car le personnage s'est équipé à la
va-vite, dans l'avion, et pour un saut
improvisé.
Difficulté supplémentaire : le personnage
est habillé d'un smoking blanc,
ce qui ne permet pas toujours, durant le
tournage, d'emmener un parachute de
secours, ventral à l'époque. Gil Delamare
contourne le problème en utilisant à
certains moments un parachute siège à
la place du ventral. De nos jours,
en visionnant le film sur les plateformes
de cinéma, on peut distinguer furtivement
le parachute ventral alternant
avec le parachute siège, en détaillant la
séquence de chute libre au ralenti ou
à plusieurs reprises. Mais à l'époque,
sur grand écran et en une seule vision
au cinéma, les spectateurs n'y voyaient
«que du feu».
La séquence aérienne est déjà longue,
et pourtant Gil Delamare a imaginé une
action encore plus corsée sur la partie
en chute libre. Le personnage, au lieu de
tirer la poignée d'ouverture du parachute,
dégrafe son harnais, perd son
parachute, puis le rattrape d'une main,
et l'ouvre comme il peut, se retrouvant
tête en bas avec les pieds dans les
suspentes. À l'époque, c'est délirant
et ça nécessite une deuxième partie
de tournage qui se déroule en France,
dans le massif de l'Esterel (Var).
Gil Delamare n'ayant pas trouvé de
partenaire à la hauteur au Brésil, c'est
le fameux parachutiste et caméraman
Jacques Dubourg qui se voit confier les
prises de vues, tandis que Gil Delamare
sera la doublure exclusive de Belmondo
pour cette action complexe.
Le tournage français commence par une
quinzaine de sauts de préparation, à
4000 mètres. Les techniques de vol
relatif, à l'époque on parle de travail
relatif, sont encore balbutiantes.
Les deux parachutistes doivent d'abord
apprendre à se caler entre eux pour
compenser leurs différences de taux
de chute, l'un chutant dans toutes les
positions et à toute vitesse, tandis que
l'autre doit le cadrer dans son viseur,
en chute statique.
Lorsqu'ils se sentent prêts, Gil Delamare
et Jacques Dubourg passent aux choses
sérieuses. Sous son smoking, le cascadeur
cache un parachute de sauvetage
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CINÉMA
Novembre21:408
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