La revue RH&M - N°75 - Octobre 2019 - 30

Management / Étude

Entre burn-out et accomplissement,
l'expérience manager est plurielle
Chaque jour apporte son
lot de chiffres alarmants
sur le niveau de stress des
managers, voire leur épuisement au travail. Les livres
et articles sur le malaise des
managers en France se multiplient. Sur-sollicités, soumis à
l'injonction de faire toujours
plus, toujours plus vite, avec
moins de moyens, ces derniers seraient particulièrement exposés à la souffrance
au travail. L'étude "Best-inClass Experience"* du studio
en innovation RH Augmented
Talent vient nuancer ce point
de vue et dresse un portrait
nettement moins sombre de
l'expérience manager.

Jean-Baptiste ALOY
Managing partner
AUGMENTED TALENT

En effet, les managers témoignant
d'un vécu négatif et contraint de
leur fonction sur la plupart des
plans, qui regrettent d'être devenus managers lorsqu'on leur pose
la question de façon anonyme,
ne représentent "que" 21% des
encadrants en France ; s'ils sont
présents dans l'ensemble des
secteurs d'activité, des tranches
d'âge, d'ancienneté, de tailles
d'entreprises, chez les hommes
et les femmes, ils restent minoritaires.
Les encadrants n'appartenant pas
à cette catégorie de « managers
par erreur » représentent ainsi
une très large majorité des managers français. Près de 80% des
managers (79%) ont accédé sans
accroc à la fonction et s'épanouissent dans leur rôle au quotidien.
Parmi eux, les « managers par
raison » constituent le profil le
plus répandu, à hauteur de 42%;
s'ils déplorent les exigences de
reporting chronophages et les
injonctions parfois contradictoires de la part de leur direction,
ils témoignent d'une qualité satisfaisante de leur vécu professionnel; en effet, à peine plus d'un sur
quatre (28%) déclarent faire face
à des irritants plusieurs fois par
semaine (là où ils sont 44% parmi
les « managers par erreur ») et
60% attribuent une note de 8 à
10 à leur niveau de motivation (la
proportion tombe à 38% parmi
les « managers par erreur »).
Le troisième et dernier profil
est celui des « managers dans

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l'âme », qui représentent 37%
de la population des managers
en France et à qui le contenu de
la fonction de manager convient
parfaitement ; ils affichent une
motivation très élevée au travail
(66% de notes de 8 à 10). Ils sont
deux fois et demie moins exposés
que les « managers par erreur »
au risque de surmenage : ils se
sentent soutenus dans leur travail
(par leur hiérarchie et leurs collègues notamment), leur feuille
de route est claire et le quotidien
n'est pas vécu de façon « subie »
(contrairement aux « managers
par erreur »). Ils souhaiteraient
avant tout disposer de plus de
temps pour animer leur équipe.
Que retenir de cette
typologie ?
Avant tout que les encadrants
français sont loin d'être tous
concernés par un mal-être professionnel et que l'expérience
d'être manager aujourd'hui n'est
ni un supplice, ni une félicitée de
façon systématique. Elle est plurielle et c'est précisément l'apport de cette typologie. Ne mettre
en avant qu'une seule catégorie
de managers, homogène et en
souffrance, paraît trop restrictif
et passe sous silence des aspects
nettement plus positifs de l'expérience manager.
Ensuite qu'il est fondamental
pour les employeurs :
* de comprendre comment leurs
managers vivent leur fonction,
dans ses dimensions positives et
négatives : en termes d'accès et de
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