La revue RH&M - N°75 - Octobre 2019 - 41

Les plateformes collaboratives
de type réseau social d'entreprise
(RSE) se déploient massivement
afin d'offrir un outil performant
pour la formalisation, la centralisation et la gestion des connaissances
afin de constituer une intelligence
collective pour innover en capitalisant sur les savoirs et pratiques
des collaborateurs. La thèse soutenue par Camille IMHOF (2018) au
CNAM, sous la direction de François SILVA et de Stéphane HABER,
éclaire le rôle central du community
manager, manager / animateur /
gestionnaire de la communauté virtuelle « non seulement dans le lancement, l'alimentation, l'incitation
à la logique collaborative, derrière
l'apparence de spontanéité et de
prise en main par les acteurs, mais
également et de façon plus structurelle, dans l'instrumentalisation
marketing et managériale de la
socialisation ». La recherche éclaire
la collaboration au sein de communautés en ligne, collaboration
spécifique parce qu'il s'agit de « pratiques collaboratives se référant à
un idéal communautaire dans un
contexte organisé, hiérarchisé avec
des règles instituées » d'une part et
d'une collaboration animée d'autre
part. La recherche fait ressortir que
les problématiques d'animation
semblent être prioritaires pour permettre et assurer la collaboration.
La recherche fait ressortir que l'un
des principaux freins au développement du réseau social d'entreprise
est le manque de reconnaissance
institutionnelle et interpersonnelle
de la valeur produite par les contributeurs, des compétences mises en
œuvre et du temps passé.
Les espaces de Coworking
au service de l'intelligence
territoriale
La thèse de Cornelia Elena SANDULACHE (2019) sur les tiers-lieux
collaboratifs permet d'identifier

" Capacité d'une communauté à faire
converger intelligence et connaissances
pour avancer vers un but commun "

les processus de gestion qui favorisent l'innovation collaborative.
Elle étudie 11 espaces de coworking
en France et 6 aux Etats-Unis. Elle
apporte d'intéressants résultats
sur le potentiel du travail collaboratif et l'importance de l'espace et
des trois types de communication
(communication pour coordination,
communication pour information,
communication pour inspiration)
dans la gestion de l'innovation collaborative. La thèse explore le lien
entre le fonctionnement et la dynamique de l'écosystème local et l'étendue de l'innovation collaborative au
service de l'intelligence territoriale.
Le territoire intelligent se caractérise par sa capacité d'adaptation,
de flexibilité et de transformation
à l'intersection entre l'utilisation
horizontale et verticale des données
ouvertes, facilitées par le domaine
du numérique et sa transversalité.
Comment développer
l'intelligence collective
Les 57 experts, enseignants-chercheurs, dirigeants d'entreprise et
DRH interrogés sur les pratiques
pour développer l'intelligence
collective (FRIMOUSSE, 2019)
convergent sur la nécessité, au-delà
du développement nécessaire de
pratiques collaboratives, de s'intéresser à la place de l'individu dans le
collectif pour mettre en œuvre une
véritable coopération fondée sur la
confiance et l'harmonie, sur la cohérence dans les systèmes de management, sur une distribution efficace

des rôles et responsabilités au sein
du groupe et un accompagnement
managérial global et cohérent dans
le développement des pratiques collaboratives et de l'intelligence collective. Ils soulignent la nécessité
d'une démarche méthodologique
rigoureuse pour que l'intelligence
collaborative éclose. 

Références bibliographiques :
* Soufyane FRIMOUSSE et Jean Marie PERETTI
(2019), «Bonnes pratiques et erreurs à éviter
pour développer les pratiques collaboratives et
l'intelligence collective » in « Question(s)
de management », N°25, Septembre 2019.
* Antoine HENRY (2018), « Pratiques et démarches
info-communicationnelles de la prise de décision
dans le domaine de l'intelligence économique»,
Thèse en sciences de l'information et de
la communication soutenue le 26-09-2018
à Aix-Marseille Université.
* Camille IMHOF (2018), « Penser la collaboration
dans les organisations à partir des communautés
virtuelles sur le réseau social d'entreprise :
rapports sociaux et modes de régulation
émergents : continuités, contradictions et/ou
ruptures », Thèse en sciences de l'information et de
la communication soutenue le 16-03-2018
au CNAM, Paris.
* Pierre LÉVY (1994), L'intelligence collective.
Pour une anthropologie du cyberespace,
Éditions La Découverte, 1994
* Cornelia Elena SANDULACHE (2019),
« Comment appréhender les nouvelles formes
d'organisation du travail au service de l'innovation
collaborative dans le cadre des territoires inscrits
dans une démarche de stratégie intelligente ? Cas des tiers - lieux collaboratifs », Thèse en
Sciences de gestion soutenue le 25 février 2019
à l'Université de La Réunion.

LA REVUE RH&M N°75 | OCTOBRE 2019 | P.41
La revue RH&M - N°75 - Octobre 2019

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