La revue RH&M - N°77 - Avril 2020 - 9

LE GRAND ENTRETIEN

la fonction de DRH de la gendarmerie,
force armée rattachée à une administration civile.

responsabilités. C'est tout le sens de ce
que fait le DRH, en application de la
stratégie portée par le DGGN.

Christian RODRIGUEZ | On a des
carrières qui alternent temps de commandement et temps en administration centrale. Pendant le passage en
centrale, on observe les gens et on voit
ceux qui s'adaptent, qui sont capables
de s'approprier, de s'enrichir de ce
qu'ils voient, tant dans la maison qu'à
l'extérieur. On construit donc des parcours pour les faire évoluer.

Comment fonctionnez-vous
ensemble ?
Christian RODRIGUEZ | Ma porte est
toujours ouverte. Quand on ne se voit
pas dans la journée, on se téléphone.
On a un contact quotidien, y compris
le week-end ou pendant les vacances.
Le contact est constant, c'est une nécessité.

Sur le choix définitif, vous avez
votre mot à dire ?
Comment cela se passe-t-il ?
Christian RODRIGUEZ | Nous passons
par une commission interministérielle,
présidée par le secrétaire général du
gouvernement, qui auditionne les candidats potentiels. A l'issue, cette commission adresse un avis au ministre de
l'intérieur et à l'employeur, en l'occurrence, le directeur général de la gendarmerie. Nous avons ainsi proposé
Armando De Oliveira au Ministre puis
au Président de la République, s'agissant d'une nomination en Conseil des
ministres.
Pourquoi votre binôme
est-il un facteur essentiel
de performance ?
Armando De OLIVEIRA | Nous avons
l'obligation de nous transformer en
permanence, pour nous adapter aux
évolutions et être les plus performants
et efficients possible. Cette notion de
binôme est une nécessité du fait du
fonctionnement même de la Gendarmerie : la « vraie » Gendarmerie est sur
le terrain, où l'on dispose de près de
4 000 emprises et des personnels, de
tous grades, auxquels la loi confère de
grandes responsabilités. Il faut qu'au
plus bas de notre échelle hiérarchique,
on ait des gens hyper performants,
car le primo-intervenant structure et
conditionne la qualité de la réponse de
l'Etat. Pour cela, il faut bien les recruter, bien les former, bien les sélectionner pour leur conférer davantage de

Quelles sont les valeurs qui
confortent votre relation et qui
font le ciment de performance ?
Christian RODRIGUEZ | Je pense
que c'est la confiance, l'honnêteté, la
transparence. Ce qui est important
dans notre relation, c'est d'être capable
de tout se dire, dans une totale franchise. La loyauté, c'est évident. On se
connaît depuis trente ans, nos parcours
se sont suivis. Par exemple, on a été
deux des trois qui ont porté le transfert de la Gendarmerie du ministère de
la Défense au ministère de l'Intérieur.
En fait, comme on se côtoie depuis très
longtemps, c'est devenu de l'amitié.
Avez-vous le droit à l'erreur
au niveau des RH ?
Christian RODRIGUEZ | C'est indispensable. Sur les sujets stratégiques, il
faut se donner du temps pour en parler.
Sur d'autres sujets, parce qu'il faut aller
vite, on peut assumer une erreur car on
est sous pression constante et on peut
se tromper. La pression, il faut essayer
de la garder au maximum : on doit
être des distributeurs d'énergie et des
amortisseurs de pression. D'ailleurs,
j'ai créé un COMEX, cela n'existait pas
avant. On a une maison qui est quand
même très concentrée et je pense que
la décision doit être partagée.
Comment la stratégie RH se
définit-elle ? Y contribuez-vous ?
Le ministère a-t-il son mot à dire ?
Christian RODRIGUEZ | Le ministre
attend que la Gendarmerie réponde à
ses missions. La gendarmerie est une

force armée et, en ma qualité de chef
de cette force armée, je dispose d'une
vraie plénitude de commandement.
Ainsi, j'ai présenté le 19 décembre
dernier, dans une sorte de discours de
« politique générale », mon ambition
pour la gendarmerie à horizon de 5 ans.
Armando De Oliveira a ensuite décliné
ma vision globale en stratégie RH,
dans toutes ses dimensions, y compris technologiques. En effet, il faut
être capable d'anticiper les évolutions
technologiques pour se les approprier.
Je pense algorithmes, traitement de la
donnée de masse...
Le DRH a-t-il des responsabilités
et des prérogatives
particulières ?
Armando De OLIVEIRA | Je pense
être avant tout un homme d'action qui
réfléchit et agit de façon pragmatique.
On fait un réel travail d'identification et
d'analyse de ce qui évolue ailleurs, des
changements sociétaux, des nouveaux
leviers d'action, etc., mais on incorpore tout cela d'une manière extrêmement pragmatique, au sein d'une force
armée, avec les règles de fonctionnement qui sont les nôtres. Nos vraies
caractéristiques sont peut-être l'anticipation permanente, la réactivité et la
fluidité.
Christian RODRIGUEZ | Moi, je verrai
peut-être une petite différence avec le
privé, car on essaie de faire sortir nos

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