La revue RH&M - N°77 - Avril 2020 - 44

RECHERCHES ACADÉMIQUES

ÉTAT DE LA RECHERCHE
SUR L'ENTREPRISE À IMPACT POSITIF

L

'impact de l'entreprise
est devenu une préoccupation essentielle de tous
les acteurs concernés.
Apporter la preuve d'un
impact social positif est
ainsi une condition pour
être agréée « entreprise
à mission » dans le cadre de la
loi PACTE. Les recherches sur la
mesure et l'évaluation de l'impact de l'entreprise sur la société
ont été stimulées par l'obligation
de publier, dans les entreprises
de 500 salariés et plus, une DPEF
(Déclaration de performance
extra financière) comportant des
indicateurs de performance (KPI)
sociale, sociétale et environnementale intégrés au modèle
d'affaire.
Identifier en quoi l'activité de l'entreprise a un impact sur la société et
mesurer les effets, positifs comme
négatifs, devient nécessaire pour
plusieurs raisons : répondre à des
contraintes règlementaires, rendre
compte de l'impact auprès des parte-

naires et des parties prenantes, communiquer et valoriser les politiques
mises en œuvre et, plus fondamentalement, pour pérenniser durablement
l'activité. Être reconnue "entreprise
à impact positif" nécessite de disposer d'outils de mesure valides et de
pouvoir fournir des données fiables.
Renforcer le pilotage de la performance globale nécessite des indicateurs de performance (KPI) intégrés
au modèle d'affaire.
D'un reporting RSE
au reporting intégré
Les rapports sur la RSE ont fait progresser la production d'informations
depuis 20 ans mais, volumineux et
rétrospectifs, ils ne permettaient pas
d'apprécier la stratégie de l'organisation. Le besoin d'une communication
concise sur la manière dont la stratégie, la performance, l'orientation
d'une organisation intègre l'environnement et parvient à créer de la
valeur à court, moyen et long terme
a suscité l'obligation de publier la
DPEF. Dès 2010, l'IIRC (International Integrated Reporting Council),

JEAN-MARIE PERETTI,
Professeur à l'ESSEC Business School
et Titulaire de la Chaire ESSEC du changement

P.44 | AVRIL 2020 | N°77 LA REVUE RH&M

structure qui réunit des représentants d'entreprises multinationales,
de gestionnaires d'actifs, des principaux cabinets d'audit et de conseil,
des régulateurs et des opérateurs
boursiers, des professionnels de la
comptabilité et de la société civile a
été l'acteur principal de la formalisation et de la promotion des rapports
intégrés. La thèse de K. M. C. Zinsou
(2019) consacrée au développement
en France du reporting intégré (RI)
sur la base d'une analyse de contenu
de 279 documents de référence sur la
période 2006-2014 montre la complexité et la faible compatibilité du
cadre du reporting intégré avec les
pratiques actuelles des entreprises,
source d'incertitude pour les entreprises. L'analyse des rapports intégrés
des entreprises françaises réalisée par
Patrice Terramorsi (2019) permet de
mieux comprendre comment les discours, les instruments d'analyse et de
décision, les informations délivrées et
les modalités de contrôle contenues
dans les rapports intégrés, participent
à une dynamique de transformation
de l'information sociale en données
extra-financières.
L'impact boursier de
l'information extra-financière
Les études menées en Afrique du
Sud, où la production de rapports
intégrés est obligatoire depuis plusieurs années pour les entreprises
cotées, établissent une relation statistique positive entre la production
de rapports répondant aux principes
de l'IIRC et la valeur boursière. Ceci
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