La revue RH&M - N°78 - Juillet 2020 - 49

CHRONIQUE du futur

X.0 - COVID-19 : un accélérateur
de changement ?
La pandémie du COVID-19 n'a
pas été la première que nous
traversons. Cependant l'aspiration
au changement se manifeste partout
dans le monde. Est-ce seulement du
déclaratif ? Ou le levier espéré ?

c'est l'espoir en un monde meilleur
qui motive, la conviction que tout
cela - ces morts, ce confinement,
cet effondrement économique
pour certains - n'aura pas été vain
et qu'il en sortira quelque chose de
positif.

L'expression "post-COVID" au sens
de "post-monde actuel" a envahi les
médias : "Économie post COVID :
comment changer les règles du
jeu  ?", "Le monde du travail
post-COVID", "L'ère post-COVID
devra intégrer l'urgence climatique"... jusqu'à affirmer  : "Le
monde tel qu'on le connaissait
avant le Covid-19 a disparu"1. A
quoi cette vague correspond-elle ?

Les enseignements
de l'Histoire
Cependant, si l'on regarde les dernières grandes pandémies, que
nous apprennent-elles ? La grippe
asiatique (1957-58) a fait plus d'un
million de morts dans le monde ;
la grippe de Hong-Kong (1968-70)
un autre million. Qui s'en souvient
aujourd'hui  ? Ont-elles changé
quelque chose ? En France, cela ne
semble pas avoir été le cas. Peutêtre parce que l'une se déroulait
dans un contexte géopolitique
conflictuel (guerre du Vietnam,
guerre d'Algérie) et l'autre dans
un contexte social préoccupant
(1968)... Plus près de nous, le HIV
a fait 32 millions de morts dans le
monde depuis 1981 (770 000 en
2018) et, bien qu'il soit en diminution en France, il a contaminé
encore 6200 personnes en 2018.
Cependant, il a changé nombre de
pratiques sexuelles et son dépistage
s'est généralisé, ce qui a contribué

Un jeu de l'esprit
mobilisateur ?
Durant une guerre, l'espoir réside
dans la fin de celle-ci, actée par un
traité de paix. Durant une épidémie, il n'y pas d'espoir similaire : le
virus sera toujours là, tapi quelque
part, saisonnier comme celui de la
grippe ou permanent comme celui
de la rougeole. Il est donc normal de
se fabriquer une source d'élan, une
motivation pour tenir bon : c'est
un jeu de l'esprit naturel, presque
inconscient. Dans le cas présent,

FABIENNE GOUX BAUDIMENT
Docteur en sciences sociales, prospectiviste ;
Président de proGective SA, Paris ; associé de Yonders, Genève ;
Intervenant à Polytech Angers.

à son ralentissement. Ces conséquences, circonscrites, sont en
relation directe avec la transmission. Dans le cas de la "maladie
de la vache folle" - bien que d'une
moindre ampleur en termes de
mortalité (224 morts dans le
monde entre 1996-2002) - les
conséquences ont en revanche été
plus structurelles, systématiques
et durables, impulsant la traçabilité des produits alimentaires, une
alimentation animale de meilleure
qualité et l'élan végétarien.
De la pandémie à un monde
meilleur ?
Que faut-il en déduire ? Que la résilience - c'est-à-dire la capacité
de retour à la normale - est extrêmement forte. Ainsi l'on pourrait
s'attendre à ce que l'ère post-COVID connaisse un rapide "business
as usual" sous l'effet du retour au
quotidien. Certains peut-être garderont une nostalgie de ce temps
où le télétravail permettait de profiter de sa famille, où les échanges
virtuels étaient plus conviviaux et
où, pour la première fois sans doute
depuis longtemps, ils s'étaient pris
au jeu de repenser le monde. Des
gouvernements avisés renouvelleront leurs politiques (sanitaires,
du travail, éducatives...). Et
pour d'autres, qu'il faut espérer
nombreux, cette crise leur aura
confirmé ce qu'ils intuitaient déjà :
il est vraiment temps de changer !
Suite au prochain numéro... 

Contact : https://www.linkedin.com/in/fabienne-goux-baudiment
www.progective.com - www.yonders.world
1. Politico, édition du 30 avril 2020.

LA REVUE RH&M N°78 | JUILLET 2020 | P.49
https://www.linkedin.com/in/fabienne-goux-baudiment http://www.progective.com http://www.yonders.world
La revue RH&M - N°78 - Juillet 2020

Table des matières de la publication La revue RH&M - N°78 - Juillet 2020
