La revue RH&M - N°79 - Octobre 2020 - 11

fierté qu'il n'y avait plus, alors que tout
le monde pensait qu'un Français ne pouvait pas le faire en Italie.
Donc vous l'avez choisi ?
Ou est-ce que c'est lui qui vous
a choisie ?
Quand il a dirigé l'Italie, nous avons
travaillé ensemble en tant que collègues
puis il est devenu le PDG de Generali,
et il m'a non seulement choisie mais il a
reconnu l'importance de la fonction RH
en me nommant au Comex groupe.
Cela fait combien de temps
que cela dure ?
Philippe Donnet a été nommé PDG de
Generali en mars 2016.
Est-ce que Philippe Donnet
intervient dans l'élaboration de la
stratégie RH de l'Entreprise ?
Tous les éléments de la stratégie RH sont
développés avec lui, le comex groupe et le
HR council . Philippe Donnet s'implique
vraiment.
Est-ce qu'il est déjà arrivé que vous
ne soyez pas d'accord, et que vous
ayez le dernier mot ?
Oui, parce qu'avec Philippe Donnet nous
discutons beaucoup et il fait confiance.
Je reviens sur ce que vous disiez
tout à l'heure, vous « imposez »
une culture commune à tous les
pays. Généralement on laisse
chaque pays développer sa propre
culture...
C'est un point très important, parce qu'il
faut trouver un juste équilibre. Il faut
avoir un côté global et aussi avoir une
entreprise qui a une culture locale.
Donc cela s'appuie surtout
sur des valeurs globales ?
Ce sont des valeurs simples et partagées.
Nous voulons avoir des entités locales
qui valorisent les gens, les clients, mais
la façon de faire est laissée à la culture
locale. Chaque compagnie interprète les
valeurs, à travers la culture locale.
Pour en revenir aux binômes,
pouvez évoquer un projet ou une
action que vous êtes fière d'avoir
réalisé avec lui ?

L'actionnariat pour tous les employés.
C'était un projet très difficile. La priorité
c'était que la stratégie du business, pour
réussir, nous avions besoin de l'engagement des 70 000 employés. Avec Philippe Donnet, nous avons mis beaucoup
d'énergie et de conviction pour obtenir
l'aval du board après quatre meetings.
Souvent, les salariés actionnaires
ont déchanté...
Le système proposé est sécurisé puisque
les salariés qui investissent récupèrent
au moins ce qu'ils ont mis.
Il faut qu'ils y croient les salariés,
sinon ce n'est pas motivant.
Je pense que c'est la raison pour laquelle
35% des employés ont décidé de mettre
leur argent. C'est un succès et un véritable levier d'engagement.
Où en êtes-vous en matière
de digitalisation ?
La transformation digitale et l'innovation technique sont des éléments essentiels de notre stratégie. La crise sanitaire
du Covid nous conforte dans cette
approche renouvelée de l'expérience
client et employé. Au-delà du digital
nous avons également besoin de garder une présence physique quand cela
est nécessaire. Si le client veut parler à
une personne, il peut, et s'il ne veut pas,
il peut choisir le digital. Le plus important, c'est de garder la dimension émotionnelle et la touche humaine dans la
relation. C'est ce que nous qualifions de
parcours « phygital » et les synergies RH
et Marketing sont fortes en la matière.
Quant à notre population interne, nous
menons un chantier sur les nouveaux
modes de travail hybrides (« new ways of
working ») avec cette même philosophie.
Et la machine...
La machine peut aider à la décision. Mais
nous sommes convaincus que dans la
relation client, jamais une machine ne
pourra se substituer à un humain dans
un moment difficile de leur vie ou face
à une complexification des risques. A
fortiori dans nos métiers où le devoir de
conseil et nos expertises sont au cœur
de la relation client. Avoir un contact
humain est alors la chose la plus importante.

Avez-vous travaillé sur votre
raison d'être ? Si oui, quelle
est-elle ?
On a beaucoup travaillé sur ce sujet. Pour
Generali, c'est de protéger l'intégrité
des personnes et de leur famille, en les
accompagnant dans leurs projets de vie
et leurs rêves. Nous souhaitons être les
partenaires de nos clients tout au long
de leur vie.
Et, en parallèle, nous n'oublions pas
les plus vulnérables des communautés
qui nous entourent : c'est la raison pour
laquelle nous avons créé notre fondation The Human Safety Net qui incarne
la raison d'être de Generali au-delà de
nos clients.
Qu'en est-il du dialogue social ?
Est-ce que cela se passe à
l'italienne ?
Je suis dans le comité d'entreprises
européen. J'ai connaissance de tous les
droits du travail des pays européens de
Generali. Au niveau européen, tout est
différent, mais le dialogue social est
solide basé sur l'échange et la confiance.
Nous avons de bonnes relations, malgré
des droits du travail complexes comme
pour les Français, les Italiens ou les Allemands.
Vous avez le sentiment que vous
êtes une DRH heureuse ?
J'ai trouvé ma voie, un métier dans lequel
je peux faire de grandes choses pour les
gens. Je suis RH parce que j'aime les
personnes. J'ai une passion pour les RH,
mais aussi pour le business. Je contribue à la transformation de Generali en
construisant un cadre solide et pour nos
collaborateurs.
La finalité de l'entreprise doit être
créée sur deux piliers, le business
et le bien commun. Est-ce que
cela a du sens pour vous ? Et pour
Generali ?
Je pense que la raison d'être en est le
cœur. Pour Generali, il s'agit d'aider, de
protéger les personnes, mais pas seulement du point de vue financier mais
aussi en prenant soin de leurs rêves et de
leurs familles. Nous devons être attentifs
à leur futur dans notre monde, et donc
protéger leur futur.

LA REVUE RH&M N°79 | OCTOBRE 2020 | P.11

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