La revue RH&M - N°79 - Octobre 2020 - 13

est vraiment importante. Dans notre
nouveau siège, il n'y a plus de bureaux
fermés. C'est vrai pour moi aussi au
demeurant !
Qu'en est-il de la révolution digitale
de Saint-Gobain ?
Quelles sont les avancées en
matière d'Intelligence Artificielle
et en quoi cela contribue à la
performance de l'Entreprise ?
Le digital, c'est la transformation de nos
usines, l'évolution de la relation client et
la manière de travailler entre nous. On
travaille sur ces trois chantiers. Concernant l'Intelligence Artificielle, notre R&D
est très mobilisée. Elle peut nous faire
faire d'immenses progrès dans le traitement et l'analyse des données industrielles et commerciales qu'aujourd'hui
on ne sait pas traiter.
Et l'actionnariat salarié ?
Les salariés sont le premier actionnaire
de Saint-Gobain avec 8 % du capital. Je
crois beaucoup à l'actionnariat salarié. Il
permet un équilibre entre la vision plutôt anglo-saxonne d'un « pure player » et
une vision familiale, de type patrimonial.
Vous êtes aussi très engagé sur
l'environnement et le climat depuis
longtemps. En 2015 vous avez reçu
un prix, à Stockholm.
Oui et cela correspond a un engagement fort. Il se trouve qu'entre 2012 et
2015, j'étais président du think tank des
grandes entreprises sur les enjeux de

développement durable : « Entreprises
pour l'environnement » (Epe). En amont
de la COP 21, à Paris, nous avons mobilisé
les entreprises et organisé le le premier
« business climate summit ». Je pense
que la COP21 a été un tournant dans la
perception du rôle de l'entreprise dans
la lutte contre le changement climatique.
Les gouvernements ont commencé à parler différemment des entreprises. Avant,
elles étaient perçues comme le problème,
car polluantes. Maintenant elles sont
considérées comme faisant aussi partie
de la solution.
Prenez Saint-Gobain. On est un gros
émetteur de CO2, mais je ne connais pas
beaucoup d'entreprises dans le monde,
qui contribuent autant à la réduction des
émissions, à travers ses produits.
Par exemple, un double vitrage
consomme de l'énergie pour sa fabrication mais en trois mois il réduit d'autant
la consommation d'énergie. Cela veut
dire que sur sa durée de vie, il permet
d'économiser 100 à 150 fois l'énergie
pour le produire.
À la fois parce que j'avais organisé la partie entreprise de la COP21 et par conviction personnelle, j'ai écrit un livre sur le
sujet à l'été 2015 : « Notre combat pour le
climat ». L'impact le plus important a été
en interne. Je me suis rendu compte que
ce combat pour le climat était un facteur
de fierté très important pour beaucoup de
nos salariés. C'est à ce moment-là, que j'ai
pris des engagements pour Saint-Gobain

avec un objectif de réduction de 20% de
nos émissions de CO2 à l'horizon 2025.
Un objectif que j'ai souhaité renforcer en
annonçant , lors du Sommet Climat des
Nations Unies organisé à New York en
septembre 2019, un objectif de neutralité
carbone pour le Groupe en 2050. C'est
un objectif ambitieux, et nous travaillons
actuellement au plan d'actions pour que
cette volonté du Groupe devienne réalité
Où en êtes-vous en matière
de raison d'être ?
Notre raison d'être était pour moi évidente, mais elle n'était pas clairement
formulée. J'ai souhaité qu'on y remédie,
d'autant que l'attente des cadres enla
matière était très forte, aussi bien en
France qu'à l'international. Nous avons
donc lancé un exercice très participatif,
associant l'ensemble des collaborateurs,
pour travailler sur cette formulation. Ce
travail, très apprécié, est encore en cours
à l'heure où je vous parle.
D'après vous, est-ce que le fait
de l'inscrire dans les statuts est
une finalité ?
Je pense que le caractère législatif ou
réglementaire n'est pas forcément un
plus. Le Conseil d'Administration va valider la raison d'être, mais ce n'est pas au
Conseil d'administration de l'établir. On
a décidé de faire un exercice participatif,
après il faudra en faire une synthèse inspirante pour tous. Pour Saint Gobain, la
raison d'être est un élément majeur d'attractivité et c'est très positif vis-à-vis de
nos clients.

LA REVUE RH&M N°79 | OCTOBRE 2020 | P.13

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