La revue RH&M - N°82 - Juillet 2021 - 25

tences (télétravail...) et exercé de nouvelles
manières de coopérer. Mais elle
a également fait apparaître des fragilités
ou une sensibilité exacerbée qui
peuvent justifier le maintien de mesures
d'exception dans le domaine RH.
La fatigue et la perte d'engagement
à court terme
À court terme, les collaborateurs et
les managers sont fatigués. Le premier
confinement a été perçu comme
une épreuve à traverser, justifiant une
forte mobilisation et des mesures d'exception.
Nous étions « en guerre » et
les réflexions fusaient sur le monde
d'après... Depuis, de nouveaux confinements
sont arrivés, des tests, des
réunions Teams... Nous nous sommes
tous progressivement installés dans
ce monde là aux contours instables.
Selon une étude de Julhiet Sterwen de
décembre 2020, l'engagement fléchit :
la capacité d'engagement de la Direction
reste ferme, celle des managers paraît
tangent et celle des collaborateurs
considérablement affaiblie . Dans une
autre étude, 55% des répondants estiment
que le travail à distance contribue
à la diminution du sentiment d'appartenance
et 57% des managers pensent
que les collaborateurs se désengagent.
Une sensibilité exacerbée face aux
menaces à moyen et long terme
Dans un tel contexte, les menaces même
lointaines suscitent davantage d'inquiétudes.
Les motifs ne manquent pas. Sur
le plan économique, la crise largement
atténuée et différée par un chômage
partiel très extensif sera certainement
très brutale. Sur le plan sanitaire, il est
établi que le risque de nouvelles pandémies
d'origine animale est accru par
la destruction croissante des habitats
naturels. 75% des nouvelles maladies
infectieuses sont d'origine animale et
30% des maladies infectieuses sont
directement liées à l'exploitation
humaine des sols. Sur plan climatique,
chacun entend que l'année en cours est
toujours « la plus chaude depuis qu'on
mesure le climat » et voit des images
d'inondations en France, d'incendies
À l'issue de la crise sanitaire, pensez-vous qu'il sera plus facile ou plus difficile
d'engager les différents acteurs ?
Julhiet Sterwen, « D'un confinement, l'autre », décembre 2020
Julhiet Sterwen, Digital Workplace, Baromètre 2021
géants en Australie et de froid polaire au
Texas. Cela ne manque pas d'avoir des
impacts sur l'activité des entreprises.
Selon la revue The Lancet la canicule
de l'été 2017 a fait perdre 153 milliards
d'heure de travail à l'échelle mondiale.
Météo France estime que les 30 prochaines
années vont compter 2 fois plus
de canicules que les 30 précédentes...
RÉGULER DANS LE DÉRÈGLEMENT
Dans un tel contexte, le ressort de la
motivation et du sens vont devoir être
réactivés et les DRH tiendront un rôle
essentiel. Elles vont surtout aider à
définir des règles de fonctionnement
permettant d'atténuer les effets des
dérèglements qui s'avancent.
Face à la pérennisation du télétravail,
les DRH vont devoir cadrer ses conditions
d'exercice et clarifier les modalités
managériales. Cela afin d'anticiper
et maîtriser les impacts sur la santé des
collaborateurs, leur engagement et leur
sentiment d'appartenance. Face à un
digital déjà invasif et dont la légitimité
acquise dans l'épreuve a fait accepter
une surveillance encore plus accrue
et un contrôle toujours plus fin des
comportements, les DRH vont devoir
clarifier les règles de vie dans l'entreprise,
consenties en conscience avec la
Direction et sans doute les partenaires
sociaux.
Face aux cygnes noirs du climat, les
DRH vont devoir aider les Directions
Métiers à préparer les collaborateurs
et les managers à faire évoluer l'activité
et les conditions de travail pour en
développer la résilience lors d'épisodes
climatiques ou sanitaires extrêmes.
Sombre aubaine ou opportunité d'augmenter
la résilience des organisations ?
LA REVUE RH&M N°82 | JUILLET 2021 | P.25
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