La revue RH&M - N°84 - Janvier 2022 - 56

FOCUS
LEADERSHIP ÉTHIQUE
Rémi MALENFANT
Directeur de l'innovation RH
et de l'expérience client chez UKG
COLS GRIS : LES GRANDS OUBLIÉS
DE LA TRANSFORMATION DIGITALE
ET DE L'EXPÉRIENCE COLLABORATEUR ?
M
algré leur haut degré de qualification et leurs
savoir-faire indispensables au bon fonctionnement
du pays, les cols gris passent encore
largement sous les radars lorsqu'il est question
de transformation digitale et d'amélioration de
l'expérience collaborateur. Qui sont les cols gris ? Et comment
répondre à leurs attentes et à leurs besoins à l'heure de la pénurie
des talents ?
Si adresser les cols blancs au sein des entreprises est communément
admis et que les organisations s'attachent de plus en plus
à en faire de même avec les cols bleus, force est de constater
qu'une catégorie de collaborateurs semble toujours invisible :
les cols gris. Ces derniers, à l'intersection de la technologie et
des services, constituent pourtant une part non négligeable
des travailleurs. Et elle ne fait que croître du fait de la nécessité
pour les entreprises de recourir à des professionnels aux compétences
transverses. Ainsi, électromécaniciens, professionnels
de santé, enseignants, officiers de police, pompiers... tous utilisent
des compétences manuelles et techniques au quotidien ;
et figurent parmi les travailleurs dits essentiels, à savoir indispensables
au bon fonctionnement du pays. Répondre à leurs
attentes et leurs besoins, longtemps sous-estimés car souvent
non-mesurés, semble plus que jamais une priorité pour faire
face à la pénurie de talents. Rappelons qu'à la rentrée, 80% des
DRH étaient confrontés à un manque de main d'œuvre (source :
enquête de l'ANDRH). Et que 900 000 emplois étaient à pourvoir
dans l'Hexagone (source : Pôle Emploi), notamment dans
les secteurs de la santé, l'hôtellerie-restauration, le transport
routier et la logistique, le commerce, le bâtiment... Beaucoup de
ces postes vacants sont destinés aux cols gris.
Si le malaise est bel et bien réel, il ne date pas d'aujourd'hui.
Comme bien souvent, la crise n'a pas déclenché le phénomène,
elle l'a accéléré. Par exemple, en 2019, le Syndicat National
des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC avançait déjà que
30% des infirmiers abandonnaient la profession dans les cinq
ans suivant l'obtention de leur diplôme. En Belgique, une étude
nous apprenait en février 2020 qu'un infirmier sur dix souhaitait
quitter la profession. En octobre 2020, au cœur de la crise de
la Covid-19, l'Ordre national des infirmiers annonçait que 43%
des infirmiers ne savaient pas s'ils exerceraient encore dans les
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cinq ans... On voit bien que si les débats autour de la quête de
sens sont essentiels, ils ne suffisent pas pour attirer et retenir
les collaborateurs.
COMMENT Y REMÉDIER ?
Revaloriser les métiers est primordial et cela passe par des
rémunérations plus attractives quand cela est possible. Des négociations
sont en cours. On pense, entre autres, à l'Umhi (Union
des métiers et des industries de l'hôtellerie) qui envisage des
augmentations pouvant aller jusqu'à +9%.
Il faudra assurément s'appuyer également sur des accompagnements
pour la montée en compétences afin de permettre
à chacun de se projeter et d'adhérer au projet de l'entreprise.
Et plus que jamais, les organisations devront proposer aux cols
gris une expérience collaborateur qui leur ressemble. A ce titre,
il convient de les intégrer dès aujourd'hui dans la transformation
digitale des entreprises.
Alors oui, encore plus ces derniers mois, on associe la transformation
digitale des entreprises au télétravail et au modèle
hybride. L'adoption de ce mode d'organisation comme recette
miracle ne fonctionne pas à tous les coups. Notamment parce
que nombre de ces métiers ne peuvent s'exercer à distance. En
revanche, digitaliser la gestion des temps et des absences permet
une meilleure flexibilisation des horaires de travail et donne
la possibilité aux collaborateurs d'optimiser leur emploi du temps
afin de mieux équilibrer leur vie professionnelle et personnelle.
Le blended learning leur offre l'opportunité de se former en
présentiel et en distanciel. La fonction RH peut désormais se
rapprocher des opérationnels en digitalisant ses processus - de
l'onboarding à l'offboarding - afin d'être accessible en tout lieu et
à tout moment pour gérer les demandes simples et complexes.
Il est plus que temps de repenser son offre de services RH, et ce
afin d'adresser (enfin) tous les collaborateurs.
Rubrique dirigée par Aurélya Bilard,
Lead Content Marketing Program Manager chez UKG
www.ukg.fr
http://www.ukg.fr
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