La revue RH&M - N°86 - Juillet 2022 - 15

ANALYSES
exemple de gratifier le collaborateur en
lui remettant les différents produits de la
marque ?
Enfin, un troisième sujet, qui est celui
du droit à l'image, puisqu'on va utiliser
le son, la vidéo, l'image du collaborateur
pour promouvoir une marque. C'est un
mode de communication un peu différent,
parce que, par le passé, on faisait
appel à des spécialistes, des agences de
communication, des mannequins. Là, on
utilise l'image des collaborateurs et cette
image a une valeur pécuniaire. Donc,
pour se prémunir de cette difficulté, il faudra,
dans un avenant au contrat de travail,
envisager la cession de ce droit à l'image.
Delphine LANCEL
Merci Nicolas. Alors, Florence, en tant
que DRH de VIDELIO, dans la vie de l'entreprise,
comment se passent les choses ?
Qu'est-ce qu'un programme ambassadeur
réussi finalement ?
Florence NONY
Je pourrais citer des programmes d'ambassadeurs
« sauvages », c'est-à-dire qui
ne sont pas annoncés comme tels, mais
qui sont plutôt implicites. Par exemple,
il est très courant que le DRH poste des
communications sur LinkedIn, en mettant
en avant des faits marquants pour
promouvoir la réussite des collaborateurs,
la réussite sur un projet et également des
recrutements importants, donc fasse la
promotion à la fois de ses collaborateurs
qui réussissent dans l'entreprise et des
recrutements importants à pourvoir.
J'aurais tendance à dire que le DRH est de
plus en plus, par nature, l'ambassadeur de
l'entreprise. Je ne sais pas s'il est nécessaire
de prévoir un avenant à son contrat
de travail pour ce faire. Ensuite, le directeur
de la communication ou le directeur
de la stratégie ou le directeur marketing
également endosse de manière très implicite,
ce rôle d'ambassadeur, sans que ce
soit particulièrement évoqué. J'aurais tendance
à dire que, de par leurs fonctions
et leur rôle de promoteurs de la marque
employeur, ils le font très naturellement.
La question se pose plus naturellement
vis-à-vis des collaborateurs. Il y a plusieurs
situations. Par exemple, chez Videlio, nous
avons des collaborateurs qui, très spontanément,
mettent en avant les projets
sur lesquels ils travaillent. Ils le font par
fierté, parce qu'ils s'identifient au projet
qu'ils portent. Et ils font cela à la fois pour
promouvoir l'entreprise, mais également
pour eux-mêmes, pour promouvoir leurs
propres compétences, puisque le principe
notamment de LinkedIn, c'est de créer un
réseau professionnel.
Il peut y avoir un effet pervers à faire sa
propre promotion, notamment lorsqu'on
a quitté l'entreprise et qu'on continue à
dire qu'on appartient à l'entreprise que
l'on a quittée. Cela peut créer aussi une
situation difficile et c'est très difficile
d'agir, parce qu'on a très peu d'outils ou,
en tout cas, je ne les ai pas encore en tête.
Delphine LANCEL
Pour aller encore plus loin, Delphine, tu
es actuellement en charge de diversité et
développement des talents chez Orange
Business Services mais tu occupais encore
très récemment le poste de directrice
nationale des ventes. Programme Ambassadeur
rime également avec client...
Comment on s'approprie, par analogie,
les compétences marketing classiques en
RH à travers ce sujet-là et peut-être plus
largement ?
Delphine ANTOSZKIEWICZ
Ce que je retiens du démarrage de nos
échanges, c'est vraiment qu'il y a un
décloisonnement entre la partie professionnelle
et la partie personnelle, entre
la marque employeur et la marque commerciale.
D'ailleurs, ce qui est important,
c'est que le tout se retrouve autour même
de la raison d'être de l'entreprise. Dans
quel cadre on peut agir ? D'un point de
vue commercial et pour les clients, le rôle
d'ambassadeur est très encadré. Souvent,
ça part d'actions, d'initiatives de salariés
qui ont envie de promouvoir leur entreprise,
les offres, les produits, de s'inscrire
dans la raison d'être. Ces initiatives sont
basées sur le volontariat. Ce que l'on
recherche au sein d'une entreprise, c'est
de dire que les salariés soient promoteurs
à la fois à des solutions d'entreprise,
mais aussi de leur expérience de salariés.
Et c'est ce que Glassdoor, par exemple,
montre très bien.
Puis, on peut aller un cran plus loin, c'està-dire
dans la fonction que l'on occupe,
avoir une action, une initiative, être dans
un engagement qui va un peu au-delà et
dans un rôle qui dépasse la simple fonction
que l'on a. Donc, moi, en tout cas,
qui ai fait le saut vers les RH en venant un
peu du business, je retrouve des parallèles
quasiment en permanence sur le sujet.
Delphine LANCEL
Merci Delphine. Florence, à ce stade, si tu
devais faire deux ou trois recommandations
auprès de nos auditeurs, qu'est-ce
qui te viendrait ?
Florence NONY
La première des remarques, c'est de dire
que c'est très bien, le volontariat. Je suis
persuadée qu'il faut qu'il y ait un vrai
équilibre entre le plaisir de promouvoir
son entreprise et le plaisir de se mettre
en avant en le faisant. Ce qui reste une
difficulté, c'est le contenu. Il m'arrive de
jouer un rôle de régulateur en demandant
à une personne de modifier sa publication.
Je vais vous donner un exemple
récent de maladresse : « C'était génial,
nous avons travaillé jour et nuit. ». Cela
pose un problème légalement... Comme
les démarches sont très spontanées, elles
peuvent se faire à n'importe quel moment
du jour et de la nuit. Je ne suis jamais à
l'abri de laisser passer un certain nombre
de choses qui pourraient nous échapper.
Pour l'instant, c'est vrai que ce n'est pas
suffisamment organisé, mais c'est un
exercice délicat. Ma première réaction,
c'est d'observer, repérer quels sont les
salariés qui se sont positionnés comme
promoteurs très spontanément. Ensuite,
proposer une certaine pédagogie ou un
partage de bonnes pratiques. Je pense
que c'est une très bonne idée de pouvoir
inviter tous ceux qui sont heureux de
communiquer sur les réseaux, à faire un
petit workshop pour pouvoir se mettre
d'accord sur ce qui est à risque et ce qui
ne l'est pas. Pourquoi pas mettre en place
un référent sur le sujet. Je suis donc plutôt
pour la grande liberté, mais avec quelques
limites.
LA REVUE RH&M N°86 | JUILLET 2022 | P.15
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