La revue RH&M - N°86 - Juillet 2022 - 45

quarante ans, notamment dans le
cadre de l'IAS (Institut International
de l'Audit Social) ont contribué à la
construction d'une métrique d'impact
social (Frimousse et Peretti,
2020). Les recherches ont été stimulées
avec l'obligation de publier une
DPEF (Déclaration de performance
extra financière) comportant des
indicateurs de performance (KPI)
sociale, sociétale et environnementale
intégrés au modèle d'affaires
(Terramorsi, 2019). La richesse des
informations publiées constitue
une base de la métrique de l'impact
social (Peretti, 2022).
Pour créer des métriques, l'auditeur
identifie les besoins personnalisés
de mesure sur chaque segment de
la responsabilité sociale, sociétale
ou environnementale, détermine
les indicateurs valides, fidèles et
stables, organise la collecte de données
pertinentes, définit les modalités
de traitement et le transfert des
résultats vers un tableau de bord
facilitant le pilotage des métriques
et la prise de décision. Le choix des
données est orienté par les engagements
de l'entreprise. Les matrices
de risques extra-financiers et de
matérialité des enjeux en fonction
des attentes des parties prenantes
et du niveau d'importance pour
l'entreprise permettent d'identifier
les besoins spécifiques de métrique
RH et RSE de l'entreprise.
Vers une métrique
synthétique d'impact
Le foisonnement d'indicateurs présente
un intérêt pour améliorer les
impacts positifs des politiques RSE
mais ne répond pas que au souhait
d'avoir une vision globale avec un
indice synthétique d'impact.
Les chercheurs se sont mobilisés
pour construire des indices synthétiques
d'impact. Par exemple, l'indice
de positivité des entreprises,
créé en 2015, est une note fondée
sur 35 indicateurs répartis dans 5
dimensions :
* Entretien de conditions de travail
positives ;
* Promotion d'un partage positif de
la valeur produite par l'entreprise ;
* Réduction de l'impact direct et
indirect des activités, pour une
empreinte environnementale positive
sur la santé et le bien-être des
générations futures ;
* Développement des connaissances,
des compétences individuelles et
collectives ;
* Définition et partage d'une vision
stratégique positive impliquant
l'ensemble des parties prenantes.
Le score de positivité tient compte
des progrès accomplis et de la capacité
à se projeter dans l'avenir avec
des objectifs concrets. L'outil est
universel, n'intégrant pas de critères
spécifiques, et permet des études
comparatives.
L'institut publie un baromètre de
la positivité des entreprises du
CAC40. Pour sa cinquième édition
(décembre 2021), la moyenne de
l'indice de positivité des entreprises
du CAC40, calculée sur la base des
données de 2020, correspond à un
niveau C+, stable par rapport à 2019.
La moyenne des scores est faible sur
la dimension relative à la Formation
et la Recherche. A l'inverse, leurs
performances sont satisfaisantes sur
les thématiques liées aux conditions
de travail et à l'empreinte environnementale.
Des chercheurs étudient
le lien entre l'indice ainsi calculé et
la création de valeur mesurée par les
indicateurs classiques.
Communiquer sur les mesures
L'évaluation de l'impact social global
par le score de positivité ou en
s'appuyant sur les DJSI créés en
1999 qui comprennent des critères
de durabilité généraux ainsi que
spécifiques à chaque secteur pour
chacune des 60 industries définies
selon l'Industry Classification
Benchmark (ICB) est de plus en plus
fréquemment mise en avant dans la
communication de l'entreprise.
La formule « Prove and Improve »
résume les deux principaux enjeux
à l'origine de l'évaluation de l'impact
social de l'entreprise. Il s'agit de
convaincre les parties intéressées de
l'intérêt de leur action afin qu'elles
les soutiennent, et en interne d'accompagner
l'amélioration des pratiques
afin de maximiser l'impact.
La clarification préalable des objectifs
poursuivis par une évaluation
de l'impact social est une étape
essentielle. « L'évaluation de l'impact
social peut servir des objectifs
très distincts, souvent confondus
par les acteurs. Elle peut ainsi être
mobilisée pour rendre compte à des
parties prenantes, piloter des activités
internes ou démontrer la valeur
sociale créée » (Stievenart et Pache,
2014).
Références :
* FRIMOUSSE S. et PERETTI, J.-M. (2020).
« Impact social positif et création de valeur ».
Question(s) de management, 27, 91-130.
* Institut de l'économie positive (2021), 5ème
baromètre de la positivité des entreprises
du CAC40, décembre 2021.
* PERETTI J.M. (2022), « Audit social :
méthodologie de construction d'une métrique
d'impact social », in Actes de la 23ème
de printemps de l'audit social, ICD Toulouse,
24-25 mai 2022, pages
* SOROKIN P. (1959), Tendances et déboires
de la sociologie américaine, Aubier, Éditions
Montaigne.
* STIEVENART, E. et PACHE, A.C. (2014).
« Évaluer l'impact social d'une entreprise sociale :
Points de repères. », Revue Internationale de
l'Economie Sociale - RECMA, 331(1), pp. 76-92.
* TERRAMORSI, P. (2019), « De quoi les rapports
intégrés sont-ils le nom ? », in Question(s)
de Management, N°26, pp 109-120.
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