TREMPLIN - #01- LE MAGAZINE DE L’INGÉNIEUR SUPMÉCA - 26
IV- LA MAINTENANCE
La maintenance, mot qui nous vient de nos
amis anglophones, a progressivement recouvert le mot entretien. Ce changement de vocabulaire a introduit une variation de sens,
le concept de maintenance étant ressenti
comme plus étendu que le concept d'entretien, dont les deux mamelles étaient le
chiffon et la burette (en pastichant Sully).
Signalons l'existence de « l'Europeen Federation of National Maintenance Societies »
(EFNMS) [Efn 18].
Nous allons aborder la thématique « maintenance » en développant trois aspects :
définitions et objectifs de la maintenance,
maintenance et conception, et mise en
œuvre de la maintenance.
IV-1 Définitions et objectifs
Il existe une définition officielle de la maintenance qui se résume à maintenir un matériel donné dans un état donné. En pratique,
la maintenance va lutter contre les mécanismes de dégradation : sur le plan technique elle doit détecter les multiples causes
de dégradation et sur le plan organisationnel elle va se regrouper en familles...
- dégradations liées au temps (fonctionnement ou non fonctionnement réunis),
comme la corrosion, le vieillissement des
matériaux, etc.
- dégradations liées au fonctionnement,
comme l'usure, le fluage, la dégradation
des fluides avec comme cas particulier les
phénomènes de dégradation en fatigue qui
sont une dégradation non visible. Si elles
sont maîtrisées, on aura des pièces «à potentiel» qui devront être remplacées avant
l'épuisement de ce même, et, dans le cas
contraire, il s'agit de dégradation fortuite
présentée ci-dessous.
- dégradation fortuite, comme le dépassement des limites du matériel (faute de
conduite, phénomène naturel, usures non
surveillées dépassant la limite...) ; c'est le
cas de certaines pannes électroniques qui
sont aléatoires, c'est aussi le cas de la rupture en fatigue alors que la fatigue n'est
pas attendue.
Mais la question annexe est : Qu'est-ce qu'un
état donné ? Quelle référence prend-t-on et
la référence est-elle bien définie et est-elle
stable ?
Intuitivement, la première référence est le
matériel neuf, ses performances, ses spéci26
fications, avec une tolérance élargie au-delà de laquelle il sera nécessaire de faire
quelque chose.
La deuxième référence est plus intuitive,
c'est l'état dans lequel on peut se servir du
matériel sans danger.
Selon la définition de l'AFNOR, la maintenance vise à maintenir ou à rétablir un bien
dans un état spécifié afin que celui-ci soit en
mesure d'assurer un service déterminé [Mai
18].
Le problème est que les environnements
techniques et réglementaires évoluent, par
la présence de nouveaux matériels plus performants, par la mise en œuvre de nouvelles
exigences réglementaires, très souvent liées
à la sécurité, et là, il faut adapter le matériel
ou l'arrêter. Nous avons tous vécu ces évolutions sur les ascenseurs, les climatiseurs, les
normes d'accessibilité handicapé... et en aéronautique ceci s'appelle «service bulletin».
Dans ce domaine nous sommes à l'heure actuelle en train d'évoluer vers la « rupture
technologique » qui consiste à passer du
démonstrateur technologique, nécessaire à
la validation du concept, à la réalité. Si l'aéronautique la pratique depuis fort longtemps
pour le pilotage automatique, depuis moins
longtemps pour l'atterrissage automatique,
l'automobile la pratique encore timidement
avec le véhicule autonome. Ces développements participent à l'amélioration de la sécurité (en 2017 on peut noter l'absence de tué
dans un accident de transport aérien au sens
compagnie aérienne de passager et avions
de ligne). Pour l'automobile l'environnement
est plus complexe, moins protégés, les obstacles sont plus proches, les acteurs moins
bien formés, mais on peut s'attendre à ce
que la voiture autonome amène une rupture
dans la sécurité routière. Si le mécanisme de
cette rupture technologique paraît clair, son
échéancier l'est beaucoup moins.
Ces adaptations ne sont pas stricto sensu de
la maintenance, mais vont se retrouver dans
le champ d'action de la maintenance et de
ses interventions.
Les objectifs de la maintenance sont triples :
* Le tout premier est d'éviter les accidents
corporels quel que soit l'état du bien (en
exploitation ou à l'arrêt dans le cadre
d'une opération de maintenance).
* Le second est d'assurer la continuité de
service et d'éviter une désorganisation
due à un arrêt fortuit, ou d'en limiter les
impacts ; idéalement, les arrêts sont tous
programmés et organisés.
* Le troisième est la maîtrise des coûts de
maintenance, au sens du coût des opérations de maintenance, du coût d'indisponibilité pendant les opérations de maintenance et du maintien des performances
en service et des coûts associés (nous
touchons ici à l'optimisation financière).
Un des concepts utilisés entre autres en
maintenance est le «Life Cycle Cost» en
anglais ou «Coût Global de Possession» en
français, souvent simplifié en «coût global». Ceci précisé, le concept est assez
simple et constitue à cumuler les coûts :
- d'acquisition
- d'installation
- des consommations de matière première,
d'énergie...
- de maintenance
- de retrait du service (qui peuvent être
négatifs si le matériel est revendu).
La liste est non limitative et une fois que le
total est fait on divise par la durée de possession, par le nombre d'unités produites ou
par tout autre indicateur pertinent éclairant
le choix de remise en état, de remplacement
ou de modernisation du matériel.
IV-2 Relation entre maintenance et
conception
Un schéma simple et clair, il y a plusieurs
décennies, résumait le besoin de maintenance en deux questions :
* Le matériel que l'on vient de concevoir a-til une fiabilité suffisante ?
* si la réponse est NON, refaire la conception
* La fiabilité dépend-elle du temps ?
* si la réponse est OUI : prévoir une maintenance
En pratique et sur le terrain, même sous
son appellation entretien, la maintenance
repose sur une certaine technicité et une
longue expérience.
Elle s'est organisée «bottom up» (de bas en
haut) à partir des difficultés vécues sur le
terrain, qu'elle a transformées en organisation efficace quoiqu'assez largement empirique. On distingue généralement 3 niveaux
principaux d'organisation
$ Niveau 0 :
- On remplace ce qui ne fait plus le service
par un matériel neuf (maintenance correc-
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