TREMPLIN - #02- LE MAGAZINE DE L’INGÉNIEUR SUPMÉCA - 15

hypothèse forte, qui peut porter à débat. Mais ainsi, clairement
transparent sur ce choix, le rapport donne une base claire et compréhensible
sur laquelle s'appuyer.
Scénarios et résultats
Deux scénarios de décarbonation du secteur aérien par la technologie
ont été proposé dans le rapport, nommés ''Maverick'' et ''Iceman''
(petit clin d'œil à un film connu !)
Le premier, prend des hypothèses très optimistes sur le potentiel de
décarbonation par la technologie. Un tel scénario suppose des investissements
importants et immédiats, et présente un haut niveau
d'incertitude sur une mise en œuvre dans un délai court, vu les ruptures
technologiques considérées. Le second prend des hypothèses
raisonnablement optimistes sur le potentiel de décarbonation par la
technologie, considérant un déploiement plus étalé dans le temps.
Le rapport arrive aux conclusions suivantes :
''Si les deux scénarios « MAVERICK » et « ICEMAN » permettent d'infléchir
significativement la courbe des émissions, aucun des deux n'est
compatible avec le budget carbone dans cette hypothèse d'une croissance
de trafic de 4% par an. Au-delà des incertitudes qui pèsent sur
la réalisation des objectifs technologiques du secteur, la vitesse de
diffusion des innovations dans la flotte est trop faible au regard de
l'urgence climatique. En résumé, nos travaux montrent qu'aucune trajectoire
réaliste ne peut conduire à l'objectif sans réduire la croissance
du trafic.''
Dans le détail, le scénario ''Maverick'' est compatible avec le budget
proposé au niveau mondial si le taux de croissance est abaissé à
+2,5%, tandis que le scénario ''Iceman'' nécessite de considérer un
taux de croissance de -0,8%. Ceci en considérant que ces niveaux de
modération sont effectifs en 2025. Dans le cas où une modération
Les hypothèses considérées sont détaillées dans le tableau ci-contre,
les deux scénarios considérant un gain en efficacité énergétique de
l'ordre de 2%, soit l'hypothèse la plus optimiste avancée à ce jour
par le secteur. À noter que cette valeur ne sort pas de nulle part : il
s'agit du rythme moyen de réduction de la consommation des avions
depuis 10 ans. Il faut souligner la réduction de la consommation
de carburant des appareils, au crédit de l'industrie aéronautique, le
secteur veillant depuis des décennies à cela, principalement pour
des raisons économiques. L'hypothèse est toutefois optimiste, une
tendance passée ne pouvant être extrapolée au futur, en particulier,
alors que certaines technologies arrivent à leurs limites.
Enfin, hypothèse est faite que le trafic retrouve son niveau de 2019
en 2024, et qu'il croit ensuite de 4% par jusqu'en 2050 (projection
2019-2039, IATA).
En soumettant ces scénarios à l'épreuve du budget carbone établi
précédemment, quels sont donc les résultats ?
arrive plus tard, après un retour de croissance à +4%, les efforts
seront d'autant plus importants à fournir. Logique : le budget ayant
été consommé plus rapidement, il en reste moins à disposition...
Reste donc 3 options :
- Parier sur une amélioration technique et une diffusion plus rapide
des technologies. Ceci étant, le scénario Maverick, déjà largement
optimiste illustre le risque de cette considération.
- Rehausser le budget carbone du secteur aérien. Cela soulève la
question d'un arbitrage entre les différents secteurs de l'économie
(agriculture, logement, etc.).
- Revoir l'hypothèse de trafic à la baisse.
Les deux scénarios illustrent bien la sensibilité du budget carbone
aux technologies mises en place : un simple décalage de 5 ans dans
l'arrivée des technologies a un impact conséquent sur le budget restant
à consommer. Dans le cas du premier scénario, une croissance
du trafic est possible, mais ce n'est pas le cas dans le second.
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Sommaire
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